L'Assemblée générale des Nations unies a adopté, vendredi 12 septembre 2025, la Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux Etats. Le texte a recueilli une large majorité : 142 voix pour, dix contre et douze abstentions. La Tunisie, pourtant connue pour son soutien constant à la cause palestinienne, n'a pas pris part au vote. Nabil Ammar, représentant permanent de la Tunisie auprès de l'ONU et ancien ministre des Affaires étrangères nommé en mars 2025, ne s'est pas présenté lors du scrutin. Cette non-participation traduit un choix politique clair : Tunis refuse de s'aligner sur une déclaration qui consacre la solution dite « à deux Etats » et implique donc une reconnaissance explicite d'Israël. La résolution appelle à la coexistence pacifique entre deux Etats, Israël et la Palestine, « vivant côte à côte dans des frontières sûres et reconnues ». Elle encourage la reprise des négociations, la fin des violences et l'appui international à une paix durable. Mais pour le pouvoir tunisien, cette approche demeure inacceptable. Le président Kaïs Saïed n'a cessé de rappeler que la véritable solution réside dans l'établissement d'un Etat palestinien indépendant et souverain sur l'ensemble du territoire de la Palestine, avec Al-Qods comme capitale, et non dans un partage du territoire ni dans un retour aux seules frontières de 1967.
Aux côtés de la Tunisie, d'autres pays ont également refusé de s'aligner sur ce texte, parmi lesquels l'Iran, l'Irak et la Syrie. Tous rejettent une formulation jugée biaisée qui, selon eux, légitime l'existence d'Israël sans répondre aux droits historiques du peuple palestinien. En revanche, les pays occidentaux et plusieurs Etats arabes, dont l'Algérie, ont voté pour la déclaration. Les Etats-Unis et Israël ont figuré parmi les dix voix contre. Depuis son arrivée au pouvoir, Kaïs Saïed a durci le discours officiel sur la Palestine, excluant toute forme de normalisation avec Israël et réitérant que la question palestinienne est « une cause centrale ». En refusant de cautionner un texte qui institutionnalise la solution à deux Etats, Tunis envoie un message politique clair. Ainsi, la Tunisie rejette toute initiative qui, même sous couvert de paix, implique une reconnaissance de l'Etat d'Israël.
Pour rappel, la conférence de l'ONU (28-30 juillet 2025), coprésidée par la France et l'Arabie saoudite avec la participation de nombreux Etats et organisations, avait acté un plan visant à mettre fin à la guerre à Gaza et à concrétiser la solution à deux Etats. Les participants y avaient condamné toutes les attaques contre des civils (celles du Hamas le 7 octobre et la riposte israélienne à Gaza) ainsi que les violations du droit international. D'ailleurs, la Déclaration réclame clairement que le mouvement palestinien rende les armes. Ils avaient exigé un cessez-le-feu immédiat, la libération de tous les otages, l'acheminement sans entrave de l'aide, le retrait total des forces israéliennes de Gaza et rejeté tout déplacement forcé. Gaza devait être réunifiée à la Cisjordanie et administrée par l'Autorité palestinienne (AP), soutenue par un processus DDR (désarmement, démobilisation, réintégration) et par une mission internationale temporaire de stabilisation mandatée par l'ONU. La déclaration soutient un accord de paix global fondé sur les résolutions de l'ONU, les lignes de 1967 et l'Initiative arabe de paix. Elle prévoit la reconstruction (avec une conférence au Caire et un rôle central de l'UNRWA), des réformes de l'AP, la tenue d'élections générales sous un an, ainsi qu'un soutien économique (levée des restrictions, restitution des recettes fiscales, révision du Protocole de Paris). Elle demande à Israël un engagement public en faveur de la solution à deux Etats, la fin immédiate de la colonisation et la lutte contre la violence des colons ; et aux deux parties, l'adhésion à la non-violence. Un mécanisme international de suivi est chargé de piloter la mise en œuvre, avec la perspective d'une intégration régionale et d'un futur « Peace Day » offrant garanties de sécurité et bénéfices économiques à l'ensemble de la région.