Dans un texte publié lundi 15 septembre 2025 sur les réseaux sociaux, Ramla Dahmani a livré un témoignage bouleversant sur sa sœur, l'avocate Sonia Dahmani, actuellement incarcérée. Elle a écrit : « Je savais que Sonia allait se réjouir de la victoire de Boubaker Bethabet à la tête de l'Ordre des avocats. Mais je ne m'imaginais pas que sa joie serait d'une telle intensité. La nouvelle du bonheur de Sonia m'a fait pleurer. Presque un an et demi que ma sœur n'avait rien eu qui la fasse sourire. Merci au barreau libre ». Ces mots traduisent l'ampleur de l'impact qu'a eu l'élection de Boubaker Bethabet, survenue samedi 13 septembre 2025, à la tête de l'Ordre des avocats. Une victoire nette dès le premier tour, avec 57% des suffrages, soit 2.193 voix sur plus de 4.000 votants. Il succède à Hatem Mziou, sévèrement critiqué durant son mandat.
L'annonce de cette élection a déclenché une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux, plusieurs avocats et personnalités du monde juridique et politique saluant un choix perçu comme une étape majeure pour la profession. Proche du regretté bâtonnier panarabiste Béchir Essid, Boubaker Bethabet s'est fait remarquer par son engagement constant dans les procès à caractère politique, notamment lors de l'arrestation de Sonia Dahmani et de Mehdi Zagrouba. Ancien secrétaire général de l'Ordre (2013-2016) sous la présidence de Mohamed Fadhel Mahfoudh, il avait activement contribué aux travaux du Quartet du dialogue national, couronné par le prix Nobel de la paix. Inscrit au barreau depuis 1994, Boubaker Bethabet a occupé plusieurs fonctions au sein de l'Ordre, siégeant aussi bien au conseil régional de Tunis en 2007 qu'au conseil national entre 2010 et 2013. Il avait également été membre de l'Instance supérieure indépendante pour les élections en 2011. En 2022, il avait manqué de peu le poste de bâtonnier face à Hatem Mziou, affichant alors une opposition marquée à certaines décisions du président Kaïs Saïed, notamment la révocation par décret de 57 magistrats.
L'écho particulier qu'a eu cette victoire auprès de Sonia Dahmani, détenue depuis le 11 mai 2024 et poursuivie dans cinq affaires judiciaires liées à ses prises de parole médiatiques, confère à cette élection une portée symbolique. Sa défense dénonce de graves violations de procédure. Deux affaires ont déjà abouti à des condamnations définitives en appel, totalisant deux ans et deux mois de prison ferme. Une troisième, assortie d'une peine de deux ans en première instance, est actuellement en appel.