L'économiste Aram Belhadj, docteur en sciences économiques et enseignant-chercheur à l'Université de Carthage, a réagi tard dans la soirée du mardi 23 septembre 2025 à l'annonce de la Banque centrale de Tunisie (BCT) concernant la mise en circulation d'un nouveau billet de banque tunisien de cinquante dinars (type 2022). Dans un post publié sur sa page Facebook, M. Belhadj a livré une lecture critique de l'opération. Selon lui, « lorsque des billets de haute valeur faciale sont émis sans retrait des anciens billets, sans hausse significative du volume des transactions économiques et sans effort de communication de la part de l'autorité émettrice, l'explication la plus logique est l'accompagnement du rythme de la hausse des prix ». Pour l'universitaire, cette démarche constitue un signal préoccupant : « un indice implicite supplémentaire de l'importance de l'inflation dans le pays », écrit-il, mettant ainsi en garde contre les dérives inflationnistes qui grèvent déjà le pouvoir d'achat des ménages et fragilisent la stabilité économique.
La BCT a précisé, dans sa note aux banques et à l'Office national des postes n°2025-142, émise le mardi 23 septembre 2025, que ce nouveau billet de cinquante dinars portait les mêmes motifs, caractéristiques et éléments de sécurité que le billet déjà en circulation, à l'exception de la date d'émission — désormais fixée au 25 juillet 2025 — et des signatures du gouverneur Fethi Zouhaier Nouri et du vice-gouverneur Mourad Abdessalem. L'autorité monétaire a également indiqué que ce billet circulera concurremment avec les autres billets de même type actuellement en circulation, une précision qui, aux yeux de M. Belhadj, renforce l'interprétation d'une adaptation de la masse monétaire aux tensions inflationnistes. Depuis plusieurs mois, l'inflation suit toutefois une tendance baissière, après avoir atteint un record à deux chiffres en février 2023, lorsque le taux avait grimpé à 10,4%. Selon les chiffres publiés par l'Institut national de la statistique (INS) le 5 septembre 2025, l'indice des prix à la consommation (IPC) s'est établi à 5,2% en août, contre 5,3% en juillet et 5,4% en juin. Rappelons que le premier rôle d'une banque centrale est d'assurer la stabilité des prix, c'est-à-dire de maîtriser l'inflation, ainsi que la stabilité financière du pays. Dans ce contexte, toute opération monétaire est scrutée par les économistes et les acteurs du marché.