La polémique qui oppose le Gouvernement actuel, dont Ennahdha est la principale composante, au Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, qui a été nommé par l'ancien Président de la République Foued Mbazaa au lendemain de la Révolution du 14 janvier 2011 dans des conditions économiques difficiles, connaît un nouveau rebondissement. En effet, le Président de la République actuel est entré dans l'arène et a tenu des propos repris dans les médias tunisiens, critiquant Mustapha Kamel Nabli, pour son refus d'accepter sans protester les choix économiques discutables du Gouvernement Ennahdha qui menacent d'augmenter la dette de la Tunisie dans des proportions considérables et de déclencher une spirale inflationniste qui se traduirait par une diminution catastrophique du pouvoir d'achat des citoyens tunisiens. Rappelons de façon succincte le rôle et les prérogatives de la BCT, pour mieux comprendre les enjeux de cette polémique : Conformément à l'article 33 nouveau de la loi n°2006-26 du 15 mai 2006 modifiant la loi n°58-90 du 19 septembre 1958 portant création et organisation de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), la mission principale de la politique monétaire consiste en la préservation de la stabilité des prix. En effet, une bonne maîtrise de l'inflation, telle que reflétée par l'évolution de l'Indice des prix à la consommation permet d'assurer une croissance non inflationniste contribuant à la création d'emplois et à la préservation du pouvoir d'achat. La BCT est chargée de veiller sur la politique monétaire, de contrôler la circulation monétaire et de veiller au bon fonctionnement des systèmes de paiement, de superviser les établissements de crédit et de préserver la stabilité et la sécurité du système financier. D'autre part, la BCT exerce, pour le compte de l'Etat, le privilège exclusif d'émettre, sur le territoire de la République tunisienne, des billets de banque et des pièces de monnaie métalliques qui, seuls, ont cours légal et pouvoir libératoire dans le pays. Enfin la BCT est l'agent financier de l'Etat pour toutes ses opérations de caisse et de banque, elle mobilise, pour le compte de l'Etat, des ressources en devises, elle assure la tenue du compte courant du Trésor et exécute toutes les opérations au débit ou au crédit de ce compte. Le principe de l'indépendance de la Banque centrale défendue par des nombreux économistes n'est pas un vœu pieux mais une nécessité pour ne pas laisser des hommes politiques ignorant les subtilités et la complexité de l'économie prendre des décisions lourdes de conséquences (souvent négatives) pour les citoyens. La compétence et l'intégrité de Mustapha Kamel Nabli, actuel Gouverneur de la BCT sont reconnues non seulement à l'échelle nationale, mais aussi à l'échelle internationale, puisqu'il a été un haut responsable de la Banque mondiale et qu'il a reçu récemment un prix international pour récompenser son action depuis sa prise de fonction.