La tension est montée d'un cran entre les élus de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) après la publication, vendredi 10 octobre 2025, d'un post particulièrement choquant du député Ahmed Saïdani, visant sa collègue Fatma Mseddi. Dans un message public diffusé sur Facebook, l'élu s'est livré à des attaques personnelles et à des insinuations d'une violence inédite, suscitant stupeur et indignation. Réagissant au communiqué de Fatma Mseddi, dans lequel la députée affirmait craindre pour sa sécurité physique à la suite de ses révélations sur des dossiers sensibles touchant à la souveraineté nationale, Ahmed Saïdani a écrit : « Il n'y a aucun danger pour la vie de Fatma (actuellement). Jusqu'à présent, l'Etat ne permet pas aux membres de l'Assemblée des représentants du peuple de posséder des armes individuelles — sans quoi, sa chère vie, si précieuse à mon cœur, serait réellement en danger ». Une phrase qui, sous couvert d'ironie, sous-entend que la vie de Fatma Mseddi serait menacée si les députés disposaient d'armes à feu. Un propos inacceptable, venant d'un élu de la République, et qui relève d'une violence symbolique et politique d'une rare intensité. Evoquer la possibilité d'un danger physique pour une collègue parlementaire — même sur un ton sarcastique — revient à banaliser la violence politique et à franchir une ligne rouge dans le débat public.
Quelques heures plus tôt, Fatma Mseddi publiait un long message dénonçant des menaces liées à ses prises de position sur des dossiers qu'elle juge sensibles pour la souveraineté de l'Etat. Elle affirmait avoir, dès le 2 mai 2023, déposé une demande officielle d'accès à l'information auprès de la ministre de la Justice sur : • les députés faisant l'objet de jugements ou de procédures judiciaires en cours, • les fonctionnaires du Parlement impliqués dans le dossier dit de la séance virtuelle (affaire de complot contre la sûreté de l'Etat), • et les investigations autour du dossier qu'elle appelle le royaume New Atlantis, qu'elle estime attentatoire à la souveraineté nationale. La députée a également affirmé avoir découvert un document du bureau de l'ARP, dans lequel certains élus proposaient au gouvernement de favoriser « l'implantation de migrants irréguliers en Tunisie sous couvert de l'emploi », une mesure qu'elle juge « dangereuse pour la souveraineté nationale et le tissu social ». Après avoir rendu public ce document, Fatma Mseddi dit avoir subi une campagne de dénigrement et de harcèlement, citant notamment la députée Syrine Mrabet parmi ses détracteurs.
C'est dans ce climat explosif que le message d'Ahmed Saïdani a été publié. L'élu ne s'est pas contenté de rejeter les craintes de sa collègue : il a ridiculisé son discours, l'a tournée en dérision et a insinué que sa vie ne serait en danger que si les députés étaient armés. En évoquant publiquement un scénario où la possession d'armes par des députés ferait courir un risque mortel à une collègue, Ahmed Saïdani a franchi une barrière morale. Ces propos dénotent un déchaînement verbal incompatible avec la fonction parlementaire.