La députée de Sfax Sud, Fatma Mseddi, a annoncé vendredi 25 juillet 2025 qu'elle présenterait, au début de la prochaine session parlementaire, de nouvelles révélations concernant le dossier des migrants en situation irrégulière. Selon elle, « certains responsables et certaines personnes sont impliqués dans un processus d'implantation clandestine ». Elle affirme que « parmi ces personnes figurent un député, voire plusieurs », précisant qu'elle reviendra sur ces accusations une fois son rapport achevé.
Connue pour ses prises de position virulentes sur la question migratoire, Fatma Mseddi alimente depuis plusieurs mois un discours alarmiste sur la présence des migrants subsahariens en Tunisie. Dans une précédente interview accordée à The Independent Arabia, elle avait qualifié d'« inquiétante » la hausse des naissances au sein de cette population, évoquant même un « risque démographique ». « Il n'est pas exclu qu'un jour un élu tunisien d'origine subsaharienne siège au Parlement », avait-elle averti, estimant que ce scénario pourrait se produire d'ici une vingtaine d'années. Elle avait alors suggéré la mise en place de mesures de contrôle des naissances chez les migrants subsahariens, une proposition qui a suscité de vives critiques au sein de la société civile.
Parallèlement, la députée s'en est également prise à la scolarisation des enfants de migrants, y voyant une menace pour la souveraineté tunisienne. Dans une publication Facebook datée du 10 juin 2025, elle a évoqué « un projet soutenu par Ennahdha et l'ancien président Moncef Marzouki », qu'elle a qualifié de « plan de colonisation de la Tunisie ». Elle a aussi dénoncé un système d'enregistrement civil qu'elle juge trop laxiste. « L'inscription ne se fait plus en fonction d'une pièce d'identité des parents… Il s'agit d'un simple formulaire, sans preuve réelle de l'identité de la mère », a-t-elle affirmé, estimant que cela pourrait ouvrir la voie à des fraudes massives. Selon Fatma Mseddi, l'inscription de ces enfants dans les écoles tunisiennes marquerait « la fin de l'Etat tunisien », dénonçant un « complot » ourdi contre la nation.
Les déclarations de Fatma Mseddi s'inscrivent dans la continuité d'un discours xénophobe et raciste qu'elle tient depuis plusieurs années en toute impunité, et ce malgré l'adoption par la Tunisie, en 2018, d'une loi criminalisant la discrimination raciale. Jamais inquiétée par la justice, la députée multiplie les propos stigmatisants à l'encontre des migrants subsahariens, contribuant à ancrer dans l'opinion un narratif alarmiste et conspirationniste. Celui-ci présente l'afflux de migrants comme une stratégie organisée de « grand remplacement », théorie reprise désormais à des niveaux officiels, au mépris des droits humains.