La pénurie de main-d'uvre spécialisée au Québec a récemment poussé la compagnie québécoise DMR, intégrateur-conseil en affaires, à tenter une mission à Tunis afin de dénicher des travailleurs qualifiés. La mission aura été un franc succès, selon les propos de responsables de la société, rapportés par le journal Média Matin Québec. Le journaliste Taïeb Moalla (Tunisien d'origine et de cur) rapporte que la délégation n'a même pas eu à publier des offres d'emploi. Il lui a suffi d'envoyer un mail à des contacts locaux et « le téléphone arabe a fonctionné ». Ils ont ainsi reçu plus de 300 CV de candidats désireux de rejoindre la compagnie et de s'installer au Québec. «C'est un franc succès, s'enthousiasme Caroline Porlier, responsable du recrutement. L'idée de départ était de revenir avec des gens, pas juste avec des CV. À cinq embauches, je jugeais que notre voyage était rentable. Imaginez-vous à 11! En plus, nous continuons à recevoir des CV.», écrit notre confrère. Les compétences débauchées sont des programmeurs, des analystes, des spécialistes d'architectures des systèmes et des conseillers en gestion. Il ne manque pas d'attirer l'attention sur l'épineux point de vider le pays de ses compétences. Il s'interroge (à raison) s'il n'y a pas un problème éthique à vider ainsi un pays en voie de développement de ses éléments les plus brillants? Faut-il rappeler que le contribuable a payé des centaines de milliers de dinars pour la formation de ces ingénieurs tout au long du cursus ? Faut-il rappeler que les entreprises ayant embauché ces compétences les ont aussi formées et a parié sur eux ? A cette question, on lui répond que « les autorités tunisiennes auraient donné l'impression qu'elles sont contentes que les gens partent. Elles espèrent juste leur retour à un moment donné.» Réponse manquant fortement de précision d'autant plus que ce ne sont pas les autorités qu'il fallait interroger, mais les entreprises qui se plaignent justement du manque de compétences, notamment dans les domaines pointus. Le taux de chômage, justifie M. Moalla, atteint des sommets, et le départ de travailleurs à l'étranger permet vraisemblablement de faire baisser la forte pression sur le marché de l'emploi. Est-ce vrai dans toutes les branches ? On doute fort ! La délégation semble en tout cas avoir réussi sa mission et a entamé les procédures et la question des papiers sera réglée en un mois, prévoit-on. Elle aurait même reçu l'assurance de l'ambassade du Canada en Tunisie pour accélérer le processus. « Après ça, les candidats sélectionnés devront donner des préavis à leurs employeurs actuels pour leur faire savoir qu'ils quittent leur emploi. » Côté salaires, le sujet a été évoqué, mais il semble que nos candidats (manquant drastiquement d'expérience à ce sujet) n'auraient pas négocié fermement leur rémunération ! Probable qu'ils soient fortement persuadés qu'ils vont rejoindre un eldorado pavé d'or !