C'est une université privée tunisienne vers qui une jeune candidate à l'embauche s'est dirigée pour déposer une demande d'embauche en qualité d'enseignante. La formation et les diplômes de la candidate lui permettant de postuler dans cette université au vu des matières enseignées. Elle se présente en personne (préférant cette démarche à l'envoi de courrier postal, de fax ou de mail) avec sa demande et son CV. Un CV assez costaud au vu du parcours universitaire et de l'expérience professionnelle déjà acquise. Si la majorité des universités où elle est allée l'ont bien reçue, il n'en demeure pas moins que quelques unes d'entre elles ont refusé de recevoir sa demande au motif qu'elle n'était pas accompagnée d'une copie des diplômes ! L'Université agit exactement de la même manière que certaines administrations ou entreprises habituées à une gestion du siècle dernier. L'exemple de cette institution étatique en est un. Pour la seule participation à un concours, elle a exigé des candidats une tonne de paperasse (ayant coûté dix dinars entre certifications, timbres, enveloppes) justifiant l'ensemble du parcours universitaire et scolaire du postulant. Alors que la logique exige que l'on vous considère comme crédible et honnête sauf preuve du contraire, chez nous on agit à l'inverse : vous devez à toute étape de votre parcours prouver par tous les moyens qui existent que ce que vous dites est vrai. Que vous êtes un honnête citoyen, comme l'écrasante majorité des citoyens ! Un candidat à l'embauche est (rappelons-le) est un chômeur. Sans emploi. Sans ressources. Lui demander une masse de photocopies, lui demander de légaliser ces photocopies, lui demander un tas d'énergie pour l'unique dépôt d'une demande est tout simplement à notre sens aberrant ! Dix dinars, cela peut sembler une somme minime, mais pour un chômeur ou pour un père de famille, la somme est loin d'être négligeable surtout qu'il ne s'agit que d'une seule et unique demande. Il aurait été plus simple d'accepter la demande, d'étudier le contenu et le CV et demander plus tard, au cas où ce candidat est présélectionné, les copies de ses diplômes. Que ces universités ou ces entreprises disent que certains trichent sur leur CV n'est pas étonnant. Mais combien sont-ils ces tricheurs diplômés ? Ne sont-ils pas une minorité ? Pourquoi faut-il que la majorité honnête dépense de son temps, de son argent et de son énergie pour cette minorité de tricheurs rapidement repérables d'ailleurs ? Et à propos d'énergie, on aimerait bien savoir si ces différents responsables ont entendu parler de la campagne d'économie d'énergie et de la nécessité absolue (question vitale pour le pays) de réduire au maximum les dépenses liées à la consommation de carburant, d'électricité, etc. Rendre difficiles les procédures de recrutement avec des motifs d'un autre âge n'est profitable pour personne. Pour le candidat à l'emploi d'abord, mais aussi pour cette entreprise qui risque de passer à côté de certaines compétences pour des raisons stupides. Car comme l'entreprise juge le candidat à l'emploi, ce dernier juge également l'entreprise dans laquelle il postule et peut refuser d'y travailler car elle a fait preuve de manque de sérieux dès le premier contact. Cela s'est vu et se voit encore, mais la prétention de certains managers et leurs croyances qu'ils sont plus forts en raison du taux de chômage dans le pays leur donne une position confortable qui ne leur est pas du tout profitable à moyen et long terme. On se demande même si elle est profitable à court terme. On oublie qu'avec de tels agissements, on ne fait que démotiver nos compétences, nos jeunes, nos candidats à l'emploi, nos diplômés de l'enseignement supérieur. C'est avec ces agissements que l'on pousse ceux là même qu'on a formés pour des centaines de milliers de dinars, vers l'étranger, vers les pays occidentaux pour leur faire profiter de nos investissements et de nos matières grises. Sur un autre plan, et toujours à propos des universités, il est bon de faire remarquer que les dépliants, sites Internet et placards publicitaires de certaines d'entre-elles sont truffées d'erreurs de langue, de typographie, etc. Prétendre donner des cours universitaires aux gens alors que l'on en a besoin soi-même est à notre sens ridicule. Heureusement que ces remarques ne sont pas valables pour tout le monde, mais beaucoup se reconnaîtront dans ce qu'on a dit. R.B.H.