Dans une lettre adressée à tous les membres du Conseil national de la Fédération tunisienne de l'Hôtellerie, M. Jalel Bouricha, président de la Fédération régionale de l'hôtellerie du Sud-Est les appelle à agir en faveur de l'application stricte des clauses des statuts de la FTH et l'interdiction de tout dépassement de prérogatives. Il refuse dans la foulée le gel des fonds de sa fédération détenus par la FTH. Il est vrai que celle-ci a reçu ces fonds de la part des hôteliers de la région et que M. Bouricha fait face (pour la première fois de son histoire) à un important déficit au moment même où il n'a toujours pas reçu les 107.000 dinars que la fédération nationale devait payer depuis un bon bout de temps. Décidément, le torchon brûle entre le bureau exécutif de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH) et la Fédération Régionale de l'Hôtellerie (FRH) pour le Sud-Est. En effet, il semble que la communication soit carrément rompue et que la situation soit dans une impasse. Dans une lettre adressée à tous les membres du Conseil National de la FTH, la FRH Djerba-Zarzis regrette de les informer de la situation difficile qui caractérise actuellement la relation du bureau exécutif de la FTH et la fédération régionale. Il s'avère, selon ce document, que la trésorerie de la FRH enregistre, pour la première fois, un déficit important. Conséquences : impossible de régler les dépenses urgentes. Ce déficit est dû une suspension des versements de la part de la FTH sans justification, d'après cette lettre. Cet arrêt de versements concerne le complément de 50% des cotisations des hôtels de la région perçues par la FTH au titre des années 2005 et 2006 tel que stipulé par les statuts de la fédération ; 50% des quotes-parts des cotisations des hôtels de la région perçues par la FTH au titre de l'année 2007, selon les statuts de la fédération ; le reliquat du budget de promotion de l'année 2004 et les budgets des années 2005, 2006 et 2007. En tout, on totalise un montant de 107 500 dinars. Mais le problème ne touche pas seulement ces versements. Car la FRH Djerba-Zarzis a aujourd'hui une autre difficulté d'ordre purement administratif. En effet, la lettre en question souligne que le président de la FTH a adressé à la fédération du Sud-Est, deux correspondances signées par le trésorier général dans lesquelles il demande à la FRH toute justification comptable de certaines recettes et dépenses imputées sur le mandat du Conseil Régional précédent et approuvées par l'AGO élective en novembre 2006. A cette demande, la FRH, précise qu'il s'agit d'une gestion d'un Conseil sortant dont les comptes étaient approuvés par l'AGO ; laquelle assemblée demeure la seule instance statuaire compétente habilitée à acquérir ou demander des comptes à un Conseil élu. Aussi, la FRH Djerba-Zarzis, se retrouve-t-elle aujourd'hui privée de sa structure administrative et ce en raison de la réduction de la période de détachement du directeur administratif actuel à une année au lieu de trois années renouvelables. Or, depuis longtemps, cette fonction a été assurée pour la période de trois ans renouvelables. Le nouveau bureau exécutif qui a pris la relève sur Feu Kamel Boujebel a revu cette période à la baisse, en demandant justement à l'ONTT, de compter une seule année de détachement pour le responsable administratif. « Cette situation tendue caractérisée par une rupture de communication entrave le fonctionnement normal de notre FRH et ne sert guère l'intérêt de la corporation qui défend les principes de la solidarité et de l'unité dans le respect mutuel des uns et des autres », souligne M. Jalel Bouricha aux membres du Conseil National. Par ailleurs, le Bureau Exécutif n'a pas hésité non plus à afficher ses objectifs pour ce mandat. En effet, les principaux axes sur lesquels s'articulera le travail seront sans doute la restructuration de la fédération, l'endettement du secteur hôtelier et la crédibilité et la représentativité de l'organisation. Certes, il s'agit là de défis de taille et de dossiers épineux qui risquent de poser des difficultés, mais il est à préciser que le Conseil National, étant la haute instance de la FTH, ne s'est réunie qu'en juillet 2007 et avril 2008 depuis la succession de Feu Boujebel. Pourtant, il s'agit de la seule instance détenant le pouvoir de décision par excellence, contrairement au Bureau Exécutif qui ne jouit pas de cette prérogative, selon les statuts. A cet effet, la lettre de la FRH adressée aux membres du Conseil National de la FTH, conclut « le conseil régional de la FRH Djerba Zarzis, réuni le samedi 16 février 2008 exprime à l'unanimité son étonnement quant à ces agissements non fondées et appelle vivement tous les membres du Conseil National à agir en faveur de l'application stricte des clauses des statuts de la FTH et l'interdiction de tout dépassement de prérogatives d'aucun responsable dans l'exercice de ses fonctions et refuse toute action visant le gel des fonds de la FRH Djerba-Zarzis détenus par la FTH. » Nous avons contacté à ce sujet M. Jalel Bouricha, président de la FRH Djerba-Zarzis qui n'a pas voulu entrer dans les détails. « Il s'agit d'une affaire interne », a-t-il souligné sur un ton aimable comme à son habitude. Du côté de la FTH, M. Mohamed Belajouza, le président, a marqué son fort étonnement que cette lettre puisse atterrir entre les mains des journalistes. « C'est une affaire interne, nous dit-il, avec son habituel ton aimable également, et le Conseil national l'examinera en temps voulu et dans les conditions fixées par nos statuts. » M. Belajouza, rappelle cependant qu'il ne peut y avoir de conflit entre la FTH et la FRH vu que cette dernière est une pure émanation de la première. Selon les statuts, en effet, les fédérations régionales n'existent que par la fédération nationale. Les propos officiels et publics ne disent pas tout et ne relatent pas le vrai fond de l'affaire entre MM. Belajouza et Bouricha. Il est bon de souligner qu'il y a plusieurs problèmes encore et de non-dits, comme on nous le rappelle dans l'entourage des deux parties. On ne manquera pas aussi de nous rappeler que lors de la succession à Feu Kamel Boujebel, on a bien souligné que la solidarité de la profession est une condition primordiale à même de renforcer le pouvoir de négociation avec les TO. La solidarité entre les professionnels permettra alors de mieux affronter l'hégémonie des grands voyagistes qui acculent bon nombre d'hôteliers à brader leur produit et à se soumettre à la loi des TO. Un message destiné à M. Belajouza pour soutenir la fédération en déficit. On s'interroge également s'il ne s'agit pas de manuvre préélectorale (ce qui est encore tôt) ou encore d'une affaire entre deux personnes et non entre deux présidents. Quoi qu'il en soit, cette histoire tombe à un mauvais moment puisque la FTH est en pleine restructuration et aurait pu s'épargner un tel accrochage pour affronter les grands chantiers qui l'attendent. Nizar Bahloul - Myriam Hammami