Les chiffres sont têtus. Sur le plan économique, ils fournissent des preuves irréfutables du degré de développement atteint par un pays donné. S'agissant de la Tunisie, la dette publique a rétrogradé de 12 points. Entre 2004 et 2008, le pays a franchi d'importantes étapes vers la réalisation des objectifs visés par les pouvoirs publics. Plutôt que de chercher à être populaire en baissant volontairement, comme la tendance, les prix du carburant, l'Etat s'est voulu réaliste, efficace, rationnel et pragmatique. C'est, en gros, le message que le ministre des Finances a tenu à transmettre au cours de la conférence de presse du 10 janvier 2009. Une lecture simple, claire et convaincante de la politique économique de la Tunisie a été communiquée par Mohamed Rachid Kechiche, ministre des Finances, chiffres à l'appui. M. Kechiche compte beaucoup sur les médias écrits, parlés et télévisés la presse électronique, présente en force, n'a pas été citée pour éclairer l'opinion publique et l'informer de la réalité de l'économie et des finances en Tunisie. Les revenus de l'Etat représentent 32% du PNB, ce qui lui confère le rôle d'intervenant économique absolu. L'amélioration remarquable des ressources propres de l'Etat a permis de diminuer la pression de la dette publique qui a connu une baisse notable. De 50,4% en 2004, cette dette n'est plus que de 47,4% en 2008, dégageant un gain de 12 points. Mais, ce n'est pas encore suffisant. L'objectif visé est de la réduire en deçà de 40%, ce qui habilite la Tunisie à consolider sa place parmi les pays émergents. La réduction de l'encours global de la dette s'est traduite par une nette amélioration de l'environnement des affaires et une diminution notable de la pression fiscale. Le ministre souligne ici l'importance de la fiscalité qui participe à 83,5% au budget de l'Etat. Il invite entreprises et citoyens à accomplir leur devoir fiscal et à se prévaloir de la culture fiscale. Cet acte est nécessaire si l'entreprise aspire à voir une infrastructure de base qui lui permet de se développer et de prospérer et si le citoyen tend vers le mieux-être. Il note au passage que le taux pratiqué en Tunisie, à savoir 18,3% hors carburant, est incitatif en lui-même. Plus le fardeau est partagé par tous, mieux se portera l'économie nationale. A titre comparatif, la pression fiscale est supérieure à 50% dans plusieurs pays industrialisés. C'est notamment grâce à l'apport de la fiscalité qu'un effort budgétaire exceptionnel de 500 MD a été consenti par le gouvernement pour soutenir les entreprises économiques et les aider à poursuivre leurs activités et stimuler la relance en ces temps de crise. Les équilibres économiques, financiers et sociaux sont maintenus à travers une bonne gouvernance et des dépenses de transferts sociaux et de compensation. Ces dépenses ont évolué de 42,5%, au cours de la période 2004-2008, passant de 2765 MD en2004 à, à 1106 MD en 2008. M. Kechiche a fait remarquer que les salaires occupent la partie la plus importante des dépenses courantes. Ils représentent 80% des dépenses ordinaires, soit 5866 MD sur un total de 6527 MD. Ils ont enregistré une croissance de 10,1%, entre 2004 et 2008. Les dépenses de transferts sociaux et de compensation, ont évolué de 42,5%, au cours de la même période. A propos des mesures décidées le 23 décembre 2008 au cours d'un conseil ministériel, le ministre des Finances a cité notamment l'encouragement des PME totalement ou partiellement exportatrices, à poursuivre leurs activités économiques, par la prise en charge par l'Etat, de 50% de la police d'assurance à l'export, contractée entre le 6 janvier et le 5 juillet 2009; de la prise en charge de l'Etat, jusqu'à deux points des taux d'intérêts des crédits résultant des opérations de rééchelonnement de la dette des entreprises exportatrices qui ont subi un retard dans le recouvrement de leur créance provenant de l'exportation dû à la perte de leurs marchés extérieurs; de permettre aux établissements de crédits de déduire de l'assiette de l'impôt sur les sociétés Le ministre a rappelé que les mesures concernent également la mise à la disposition de la Société Tunisienne de Garantie d'une ligne de garantie de 25 MD, de doter le FAMEX II et le FOPRODEX d'enveloppes supplémentaires respectivement de 10 MD et de 8 MD et ce, à côté d'autres mesures structurelles pour renforcer la compétitivité des entreprises nationales, dans un contexte de plus en plus concurrentiel accentué par les répercussions de la crise économique. Le tout, comme le précise M. Kechiche, est une question de priorités. Celles de la Tunisie s'appellent emploi, croissance, bien-être social et baisse de la dette publique. L'Etat s'y emploie avec beaucoup d'énergie et de détermination. Un stock stratégique de blé est assuré jusqu'à octobre 2009 au prix exorbitant de 894 dollars la tonne qui ne dépassait pas les 190 dollars en 2007. 15 mille emplois sont programmés au cours de l'année 2009. Entre baisser le prix du carburant et créer davantage de postes d'embauche, le choix est vite fait. La crédibilité et la stabilité dont jouit notre pays attirent des IDE remarquables ; des entreprises internationales des plus illustres s'installent en Tunisie ; Hewlett Packard, le fameux HP, se propose de mettre sur pied une base logistique constituée de compétences tunisiennes ; Airbus compte établir une filiale dans le pays. L'avenir est prometteur. Malgré la crise économique mondiale qui a terrassé des banques, jadis puissantes, et mis à mal les pays occidentaux, c'est sur une note d'optimisme que la rencontre du ministre avec la presse nationale a été conclue. Les sceptiques peuvent-ils continuer à camper sur leur position ?