Les hommes d'affaires maghrébins ont décidé de prendre leur destin en main pour favoriser la création d'un espace économique maghrébin intégré. L'initiative est lancée par l'Union maghrébine des employeurs. L'UME organisera les 10 et 11 mai 2009, à Alger, le 1er Forum des hommes d'affaires maghrébins sous le haut patronage du Président algérien, Abdelaziz Bouteflika. Placée sous le signe "Le Maghreb vous offre ses portes", la manifestation réunira environ 700 hommes d'affaires parmi les plus importants de toute la région. Elle se veut porteuse d'un message essentiel : « Attirer l'attention sur la volonté ferme, forte et irrévocable des hommes d'affaires maghrébins de créer un espace économique maghrébin unique, en ouvrant justement, les portes de la région face à ses opérateurs ». Hédi Djilani et Rabah Boussebha, respectivement Président et Secrétaire général de l'UME, ont présenté aux médias le programme, les objectifs ainsi que les attentes des opérateurs économiques de cette première manifestation grandiose du secteur privé, à l'échelle du Maghreb. L'Union du Maghreb arabe (UMA) a, aujourd'hui 20 ans. En théorie, c'est l'âge de la raison, de la maturité et de la majorité. En 20 ans, il est vrai, plusieurs accords et conventions ont été signés pour faciliter les échanges, favoriser les investissements directs intermaghrébins et intégré la région à la mondialisation. Or, aujourd'hui, encore, les opérateurs économiques confirment, pour la énième fois, qu'ils sont confrontés à des difficultés monstres sur le terrain et au quotidien. Aussi, le 1er Forum des hommes d'affaires maghrébins dont les assises se tiendront à Alger, les 10 et 11 mai 2009 tendra-t-il faire passer un message aux dirigeants maghrébins : mettre en uvre concrètement les conventions et les accords existants, signés et ratifiés par l'ensemble des pays maghrébins et les aider à créer l'espace économique maghrébin commun intégré. Le 1er forum des hommes d'affaires maghrébin, précise Rabah Boussebha, nest pas le fruit du hasard, loin s'en faut. Il vient couronner tout un programme de travail de l'organisation patronale, créée le 17 février 2007, la même date de création de l'UMA 18 ans auparavant, et qui regroupe les organisations patronales nationales des cinq pays du Maghreb. L'UME se veut réactive par rapport au Maghreb. Ce dernier n'a pas trop bougé en 20 ans. Les choses n'ont pas vraiment évolué. En effet, les échanges commerciaux entre les pays de la région ne dépassent pas les 2,9%, un taux insignifiant par rapport aux échanges de ces mêmes pays avec l'Union européenne et qui, elles, dépassent les 66%. Pis encore, explique M. Boussebha, le taux de croissance dans les pays de l'UMA est d'à peine 4,5%, ce qui est encore très loin de la réalité économique d'aujourd'hui. Une réalité où priment les regroupements régionaux. Au regard des estimations du Fonds monétaire international (FMI), le Maghreb est appelé à doubler son taux de croissance pour atteindre l'intégration souhaitée. Or, ceci n'est désormais possible qu'à travers des projets fédérateurs d'une part, et la mise en place de mécanismes à même de dépasser les différends politiques et de se concentrer sur l'économie d'autre part. M. Boussebha estime même que les dirigeants maghrébins gagneraient en mettant de côté leurs différends politiques et en adoptant le seul langage de l'intérêt, qui n'est autre que l'économique. Et Hédi Djilani de renchérir : « Nous voulons travailler ensemble pour consolider la position du Maghreb Arabe sur l'échiquier international. On demande à nos dirigeants de nous aidez à le faire en traduisant au concret les accords signés. Car, en définitive, l'économique est la première victime de la non entente entre les dirigeants politiques, non seulement au Maghreb, mais dans tout le monde arabe ». En tout état de cause, la réalité des opérateurs économiques de la région ne reflète en rien la volonté et le dynamisme exprimé par les discours officiels. Car, sur le terrain, les difficultés sont énormes et le passage des frontières entre les pays du Maghreb est un véritable parcours du combattant. Aussi, l'organisation du 1er Forum d'hommes d'affaires maghrébins démontre-t-elle, d'ores et déjà, une volonté réelle des opérateurs économiques de développer un espace commun, viable et solide. Cette manifestation économique de premier ordre aura, sans doute aucun, un impact sur l'accroissement des échanges intermaghrébins. Elle aspire par ailleurs à conférer au Maghreb une dimension internationale en intégrant aux débats les différents acteurs économiques influents sur la scène mondiale. Le forum sera enfin, l'occasion de faire le point sur les spécificités économiques ainsi que les opportunités d'affaires à saisir au sein du Maghreb. Il est évident que les organisateurs ont mis toutes les chances de leur côté pour assurer cette rencontre de tout le succès. La manifestation tendra, par ailleurs, à faire le ménage "dans la maison du Maghreb", en repensant la réalité et en allant de l'avant. Ils seront environ 700 opérateurs économiques des cinq pays de la région du Maghreb et leur partenaire à prendre part au 1er forum des Hommes d'affaires maghrébins. Le déroulement des travaux s'effectuera en six ateliers portant notamment sur les projets fédérateurs intermaghrébins ; sur l'investissement dans le secteur agricole et agroalimentaire ; sur l'investissement dans les TIC ; dans les secteurs prometteurs ; ainsi qu'un atelier spécifique réservé à l'impact de la crise financière sur la région maghrébine. Il va sans dire que le forum ne se concentrera pas exclusivement sur les débats et les ateliers. Il offrira aux opérateurs une occasion supplémentaire de mieux se connaître et de découvrir mutuellement les produits des uns des autres. Un Salon est prévu en marge du Forum ainsi que des rencontres B to B, réunissant les managers entre eux aux afin de favoriser les partenariats intermaghrébins. Car, selon Hédi Djilani, il faudra que les opérateurs économiques comptent sur eux-mêmes, et sur leur gouvernement : « Je ne m'attends pas à ce que l'Union européenne crée le Maghreb. Cette entité ne peut être créé et être développée que de l'intérieur. Et, un Maghreb uni, solidaire et intégré ne pourrait jamais se concrétiser sans banques, sans facilités monétaires et sans consommateurs (environ 100 millions dans la région) On ne demande que l'application des accords signés. Car, le non-Maghreb a un coût exorbitant : au moins deux points de croissance et 200 mille emplois par an sont perdus pour les pays de la région! ». Les hommes d'affaires maghrébins semblent très optimistes. Ils ont abandonné les discours défaitistes et alarmistes. Ils ont plutôt opté pour la "positivité". Il convient d'ajouter aussi que les hommes d'affaires maghrébins sont ambitieux quant aux résultats de leur 1er forum. Concrètement, il faudra attendre le mois de mai pour y voir plus clair. Ils espèrent que les résultats seront positifs dans l'intérêt du Maghreb économique intégré et des peuples de la région. Insaf. B