Les cadres du secteur privé sont nettement mieux rémunérés que ceux du secteur public. C'est une réalité que constatent amèrement les hauts fonctionnaires qui militent, au quotidien, pour que la Tunisie - tous secteurs confondus- soit au meilleur niveau. Bien que l'Etat n'ait pas les moyens de payer de gros salaires à ses fonctionnaires, le Président de la République a cependant fait un geste en décidant, par un décret publié il y a quelques jours, de réviser à la hausse les montants mensuels de l'indemnité de fonction allouée aux agents chargés de l'un des emplois fonctionnels de l'administration centrale ou auxquels a été attribuée la classe exceptionnelle de l'un de ces emplois. Idem pour les membres des cabinets ministériels. Un PDG de banque publique qui touche un salaire de 2.300 dinars alors que celui d'une banque privée touche des dizaines de milliers de dinars par mois. Ils ont tous les deux, pourtant, des responsabilités et des tâches semblables. Comparables du moins. C'est une réalité que connaissent tous les hauts cadres de la fonction publique et ils n'y peuvent rien. Un fonctionnaire de l'Etat est au service de l'Etat et ne peut prétendre à de gros salaires à l'instar des dirigeants du privé. Injustice ? La donne est pareille un peu partout dans le monde, mais le fossé se creuse de plus en plus entre le monde du privé et celui du public. Chez les premiers, c'est la valeur ajoutée et le profit que génère le manager ou le cadre qui détermine le salaire. Chez les seconds, c'est une "froide" grille salariale générale qui détermine les salaires des uns et des autres. Que l'on soit PDG d'une entreprise de transport ou de finances, c'est pareil. Que l'entreprise soit déficitaire ou fortement rentable, c'est kif-kif. Un geste présidentiel est venu cependant équilibrer un peu la donne. Ou, du moins, réduire l'écart entre les cadres du public et du privé. Ainsi, par un décret daté du 31 juillet, Les montants mensuels de l'indemnité de fonction allouée aux agents chargés de l'un des emplois fonctionnels d'administration centrale ou auxquels a été attribuée la classe exceptionnelle de l'un de ces emplois sont fixés comme suit : Chef de service : 200 dinars Classe exceptionnelle à l'emploi de chef de service : 225 dinars Sous- directeur 250 : dinars Classe exceptionnelle à l'emploi de sous-directeur : 275 dinars Directeur : 300 dinars Classe exceptionnelle à l'emploi de directeur : 350 dinars Directeur général : 400 dinars Classe exceptionnelle à l'emploi de directeur général : 450 dinars Secrétaire général de ministère : 500 dinars L'indemnité de fonction est payable mensuellement et à terme échu. Elle est soumise aux retenues au titre du régime de retraite et de prévoyance sociale et du capital décès et à l'impôt sur le revenu conformément à la législation en vigueur. Dans un second décret, publié à la même date et dans le même Journal officiel, le Président de la République a décidé de réviser le régime applicable aux membres des cabinets ministériels et les indemnités y afférentes. Ainsi, le montant mensuel de l'indemnité de cabinet allouée au directeur du cabinet du Premier ministre et aux chefs de cabinets ministériels ayant la qualité de fonctionnaire est fixé à 500 dinars. Le montant mensuel de l'indemnité de cabinet allouée aux attachés des cabinets ministériels ayant la qualité de fonctionnaire est fixé, pour sa part, à 260 dinars. Ces décrets tombent à point nommé après la polémique suscitée avec la publication des salaires de certains dirigeants d'entreprises publiques. Des salaires anormalement bas pour des postes et des entreprises des plus prestigieuses de l'Etat. Ces augmentations ont pour mérite, un tant soit peu, de faire preuve de gratitude à l'égard de ces fonctionnaires qui ont hissé le pays au meilleur niveau possible.