Comme pour chaque phase finale de Coupe du monde, les yeux sont braqués, ces jours-ci dans les quatre coins du Globe, sur le Mondial d'Afrique du Sud qui se poursuit encore durant une bonne quinzaine de jours. En Tunisie, à l'instar de tous les autres pays arabes, la majorité des téléspectateurs ont choisi de suivre l'événement sur le bouquet sport de la chaîne Al Jazeera, aussi bien ceux qui s'y sont abonnés en achetant la carte spécifique ou ceux qui ont opté pour l'acquisition du fameux récepteur magique dit « Dream Box » qui permet de décrypter toutes les chaînes codées. Le choix de cette chaîne s'explique pour deux principales raisons. Il s'agit de l'unique télévision arabe qui retransmet tous les matches en direct. Ensuite, le staff rédactionnel et technique est composé, à raison de plus de 80%, de Tunisiens, devenus de véritables vedettes et des célébrités dans les différents pays arabes. Ce Mondial sud-africain constitue une manne juteuse aussi bien pour la chaîne Al Jazeera que pour son équipe de journalistes et commentateurs. A titre d'exemple, les droits de retransmission audiovisuelle de 1998 en France avaient péniblement atteint 85 millions d'euros. Cette année, les chaînes du monde entier font des chèques pour un total de deux milliards d'euros ! Or, Al Jazeera, qui truste le droit de diffusion dans la région arabe, a proposé, rien que pour le Maroc et après d'âpres négociations, la bagatelle de 15 millions de dollars en tant que droits de retransmission de 22 matches seulement qui restent à déterminer. Soit juste le tiers du total des rencontres. Une offre jugée « inacceptable par le ministre marocain de la Communication, et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri. A noter que le nombre des abonnés a grimpé à l'occasion de cet événement de la Coupe du monde. Si l'on ne dispose pas de chiffres précis à ce propos, on sait que les pays de la région du Golfe et du Moyen-Orient accaparent environ 80 % des abonnements totaux. Autre chiffre impressionnant. Le montant de chaque spot publicitaire concernant le Mondial sur les différentes chaînes du bouquet varie entre 5 et 10 mille dollars pour une durée de 30 secondes ! Multipliez ce montant par le nombre de spots à diffuser par jour durant un mois et faites le calcul ! Concernant l'armada de journalistes, commentateurs et analystes sportifs, nous apprenons de sources bien informées sur les lieux que ces commentateurs sont très généreusement rémunérés par la chaine qatarie, et plus particulièrement en ce mois de campagne mondiale du football. Il y a les journalistes salariés, d'abord. Le chef de service, qui assure la direction du plateau lors de ce Mondial, tel le cas de notre confrère Hichem Khalsi, touche un salaire mensuel de pas moins 8 mille dollars auxquels il faut ajouter les allocations, le logement, les frais de transport, les billets d'avion et le bonus qui n'est pas déterminé. Une pratique qui permet de servir des indemnités que seuls les premiers responsables peuvent estimer et justifier. Dans le cas d'espèce, c'est le directeur qatari Nasser Khelifi. Quant aux salaires du staff journalistique, dont les commentateurs, ils varient entre 4 et 15 mille dollars en plus des allocations et fameux bonus et autres avantages, à savoir le logement, les frais de transport et les billets d'avion. Il va de soi que chaque commentateur touche un bonus par match lors de l'actuelle joute footballistique. Il va de soi, aussi, que les émoluments diffèrent d'un commentateur à l'autre. La star tunisienne Issam Chaouali doit, logiquement, caracoler en haut de tableau. Idem pour les analystes dont Tarak Dhiab et Nabil Maâloul qui sont les plus en vue. Là aussi les honoraires sont assez élevés. Pour le commentateur fixe, lié par contrat, il touche environ 15 mille dollars par mois sans compter les habituels bonus et autres indemnités et avantages en nature. Pour les autres, ponctuels, tels les Arsène Wenger (entraîneur de l'équipe anglaise d'Arsenal) et Michael Laudrup (ancienne gloire du football danois), ils gagnent entre 3 et 5 mille dollars par émission. C'est dire qu'Al Jazeera a su viser en s'appropriant ce fameux bouquet sportif sachant que le projet ne nécessite pas de hautes compétences humaines ni de grande imagination ou d'efforts en matière de production. La matière est bien là avec les matches de football ou autre discipline sportive et le bla-bla-bla ne manque pas. Il y a des clichés à apprendre et n'importe quel spectateur peut se transformer en analyste. On fait carrément face à une nouvelle spécialité à la portée de n'importe qui : "footballogue". L'essentiel pour eux, c'est de parler. Parfois pour dire n'importe quoi et, des fois, pour dire des aberrations. Des mots et des phrases qui riment, des clichés, des propos hors sujet. Tout en mettant cela sur le compte de l'originalité et de l'humour. En attendant, le Mondial se poursuit avec son de surprises et Al Jazeera continue à faire des affaires, et nos journalistes, commentateurs et analystes sportifs s'imposent et ne ratent pas leur part du gâteau. Tant mieux pour eux !