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Les centres d'appels tunisiens face au "néoprotectionnisme" français
Publié dans Business News le 20 - 07 - 2010

Sous la double pression de la crise et les chiffres du chômage ascendants, le gouvernement français semble avoir trouvé la parade : déclarer la guerre aux délocalisations des centres d'appels vers la Tunisie et le Maroc. Ces centres, qui ont opté pour l'off-shoring, il y a presque une décennie, ont permis de créer des dizaines de milliers d'emplois en Tunisie. Du gagnant-gagnant où le centre d'appel dispense des prestations identiques (sinon meilleures) à ses clients à des prix bien moins chers et où l'employé trouve un emploi dans son pays abandonnant ainsi toute éventuelle idée d'émigration.
Seulement, l'effervescence des centres d'appels français pour la rive sud de la Méditerranée ne semble pas du goût de Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat français à l'Emploi, qui a rangé, tout à coup, son « mouchoir libéral » dans sa poche en annonçant son plan “anti-délocalisation ”, une décision qui nous renvoie, sans équivoque, aux temps révolus du protectionnisme.
Les centres d'appels tunisiens n'ont pas tardé à répliquer et ont publié, lundi 19 juillet 2010, un long communiqué dénonçant les mesures de Laurent Wauquiez les qualifiant d'ouvertement protectionnistes et discriminatoires.
Un petit résumé des faits. M. Wauquiez, a parlé d'un plan en cours d'élaboration, dans lequel plusieurs scénarios sont à concevoir tels qu'une surtaxe "des appels provenant des sites implantés à l'étranger" et une aide financière destinée aux entreprises qui ne recourent pas aux délocalisations, notamment vers la Tunisie et le Maroc. Pareillement, Laurent Wauquiez a promis la tenue d'assises nationales à la rentrée tout en menaçant de recourir aux gros moyens, y compris à la pression fiscale, voire au chantage contre les entreprises qui délocalisent.
M. Wauquiez a plaidé pour la transparence sur le lieu d'implantation du centre d'appels afin de lutter contre la délocalisation des emplois à l'étranger dans ce domaine : « Non seulement on ne vous dit pas où est situé le centre d'appels auquel vous téléphonez, mais on vous le cache. L'objectif est d'en finir avec cette hypocrisie ". Et d'ajouter : "Les emplois à l'étranger dans ce secteur ont été multipliés par dix en cinq ans, mais il est possible de les ramener en France".
Cette annonce intervient quelques jours après que le leader du secteur, Téléperformance, a procédé à la suppression de 837 postes d'emploi, une affaire largement relayée par la presse française. Les syndicats avaient dénoncé le transfert d'activités vers la Tunisie et le Maroc. Même si Jean-Hervé Jenn, président de Téléperformance France, l'a justifié par la baisse de l'activité en France, liée à la crise, et que l'adoption du nouveau plan social n'a aucun rapport avec le transfert vers des pays à bas coûts.
Seulement, la décision du gouvernement français aurait soufflé l'étincelle d'un vieux dossier en trompe-l'œil : les Français, paraît-il, cherchent un bouc-émissaire afin d'apaiser le courroux des syndicalistes à même de s'acharner sur le transfert de certaines activités vers la rive sud de la Méditerranée.
Outre les incitations fiscales aux sociétés qui renoncent à la délocalisation ou, au contraire, la "surtaxation" des appels en provenance des centres d'appel basés à l'étranger, le plan Wauquiez entend aller plus loin, en menaçant de publier « une black-liste » des entreprises qui délocalisent. Un arrêté, en ce sens, sera prêt à la rentrée.
Il n'en demeure pas moins que Laurent Wauquiez compte doublement sur la pression des consommateurs français sur les grandes boîtes ainsi que sur une sorte d'alliance avec le secteur public ou semi-public. France Télécom, EDF, la SNCF et Gaz de France se déclarent prêts pour discuter avec le gouvernement sur des engagements à prendre sur la localisation de ses centres de contacts, de même.
Toujours est-il, les partisans de l'off-shoring continuent à défendre leurs orientations en dénonçant le retour au protectionnisme du gouvernement français. D'après le journal le Monde, dans son édition du lundi 12 juillet 2010, Jean-Louis Thévenard, directeur de la coordination commerciale de la division centre d'appel chez Arvato, qui emploie 7 000 salariés, avait déclaré que :" Sans l'offshore, nous n'aurions pas connu le développement que nous avons eu en France, car il nous permet d'offrir toute une palette de prestations aux clients. L'offshore est une réalité qui nous permet d'équilibrer l'équation des prix ".
Pour gagner en compétitivité, plusieurs opérateurs de ce secteur ont délocalisé leurs services au Maroc et en Tunisie, où les jeunes sont parfaitement francophones et payés 2 à 3 fois moins cher qu'en France. Plus de 20.000 emplois ont été ainsi délocalisés au Maroc et quelque 12.000 en Tunisie. Aux deux pays maghrébins se sont joints le Sénégal et l'île Maurice, nouvelles destinations francophones des centres d'appels.
Du côté tunisien, Ridha Ben Abdessalem, président de la Chambre Syndicale Nationale des Centres d'Appels et de la Relation Client de Tunisie (CAREC), répond aux propos avancés par le secrétaire d'Etat français à l'Emploi en précisant : " Les mesures envisagées par le Secrétaire d'Etat à l'Emploi français, en particulier celles relatives à la mise en place de taxation des appels ou la création d'une black liste de prestataires off-shore, nous paraissent totalement dépassées, inadaptées et sans lien avec les réalités économiques actuelles. D'ailleurs, elles ne recevraient sans doute pas l'aval de la Commission Européenne, car elles sont ouvertement protectionnistes, discriminatoires vis-à-vis de la libre concurrence et contraires aux accords commerciaux internationaux ".
Et d'ajouter : "Le Secrétaire d'Etat se trompe de cible, les activités prioritairement mises en œuvre à l'étranger se caractérisent par une structure de coût dans laquelle la part des ressources humaines est la plus importante, elles s'externalisent donc logiquement vers des pays où ces coûts sont relativement plus bas. Il en est de même depuis de nombreuses années dans l'industrie du textile ainsi que pour d'autres activités de services, IT, back-office, comptabilité,…"
Il a même appelé M. Wauquiez à s'inspirer de l'exemple des Etats-Unis d'Amérique, où malgré la forte délocalisation enregistrée vers les pays du sud-est asiatique (Inde, Philippines), l'employabilité dans le domaine des centres d'appels a continué à croître, jusqu'à atteindre les 5% de la population active. A titre d'exemple, l'employabilité dans les centres d'appels représente à peine 1,15 % de la population active en France, estimée en 2009 à 26 millions.
En Tunisie, le secteur emploie près de 20 000 personnes dont 80% travaillent sur le marché français. La décision française pourrait menacer la stabilité sociale en Tunisie étant donné que ce secteur représente une grande échappatoire pour les demandeurs d'emplois. " Il est, pour le moins, paradoxal de proposer des mesures, a priori, pénalisantes pour des partenaires économiques historiques importants, tels que la Tunisie, alors que dans le même temps, des stratégies volontaristes sont déployées pour renforcer les coopérations économiques dans l'espace euro-méditerranéen avec des objectifs d'intégration économique et de maîtrise des flux migratoires", a-t-il ajouté.
Et de s'interroger : "C'est un combat d'arrière-garde contre l'aboutissement des logiques économiques internationales à l'œuvre depuis des décennies. Ne conviendrait-il pas plutôt d'augmenter l'employabilité des jeunes français à long terme, de mobiliser plus de ressources financières pour la formation, d'inciter à la création d'emplois à forte valeur ajoutée (finance, assurance, informatique etc..)?"
Qu'importe le protectionnisme pourvu qu'il camoufle les déboires de l'économie française ! C'est ce qui explique, en quelque sorte, cet acharnement sur la délocalisation des centres d'appels vers la Tunisie ou le Maroc, écrit un quotidien français.
Quoi qu'il en soit, la bataille contre les délocalisations des centres d'appels est loin d'être gagnée d'avance notamment parce que la commission de Bruxelles a de fortes chances d'opposer son refus à ces mesures d'ordre fiscal, sans compter, les réactions des professionnels eux-mêmes, la partie la plus lésée dans cette affaire. Walid Ahmed Ferchichi


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