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Ne gâchons pas notre 14-Janvier
Publié dans Business News le 17 - 01 - 2011

Les Français ont leur 14-Juillet, les Tunisiens ont désormais leur 14-Janvier. Journée qui se transformera certainement en fête nationale tant elle est symbolique pour l'ensemble du peuple. A quelques exceptions près. Hasard du calendrier, le mois de janvier a toujours été celui de la grogne pour les Tunisiens. Jamais deux sans trois, il y a eu le 26 janvier 1978, le 3 janvier 1984 et maintenant le 14 janvier 2011.
La journée a été une véritable onde de choc chez les gouvernants arabes. Contrairement à la France, aux Etats-Unis, à l'Allemagne ou encore à l'Italie, aucun dirigeant arabe n'a daigné féliciter les Tunisiens pour leur culot d'humilier leur chef. Pire, de le laisser voler plusieurs heures dans les airs à la recherche d'une terre d'accueil pour atterrir finalement chez les barbus saoudiens qu'il a, par le passé, tant combattus.
Ni le Maroc, ni l'Algérie, ni l'Irak, ni même la Palestine n'ont daigné nous féliciter. Encore heureux qu'on n'ait pas été traités de tous les noms à l'instar de « notre ami » Gueddafi ou encore du Premier ministre égyptien qui refuse la « contamination » tunisienne.
Les gouvernants se taisent, mais les populations grognent. Au Yémen, en Egypte, en Jordanie, les populations sont sorties manifester leur fierté de voir leurs « frères » tunisiens réussir ce renversement révolutionnaire totalement inimaginable dans nos contrées. En Algérie, 4 personnes se sont immolées par le feu la semaine dernière prenant exemple de Mohamed Bouazizi.
C'est que, d'habitude, les gouvernants pour faire taire leurs peuples, usent de la violence et de l'extrême violence. Et Zine El Abidine Ben Ali ne faisait pas exception. Mais il a fallu que le courageux général Ammar désobéisse et refuse de tirer sur ses compatriotes révoltés. Merci mon général, vous avez honoré notre Armée, notre pays et lavé l'honneur de votre nom de famille bien souillé ces derniers temps.
Le dossier de cette violence subie par les Tunisiens durant une bonne vingtaine d'années va être maintenant ouvert et bien ouvert. Il y a ceux qui ont payé par leur vie, par la prison (via la torture) ou par l'exil. Il y a ceux qui ont été harcelés au quotidien par la police et dans quelques journaux de la place qui ont fait de l'insulte aux opposants une spécialité.
Il y a ceux qui ont choisi de militer à distance en allant gagner leur vie au Qatar, en France ou au Canada.
Il y a ceux qui ont chuchoté « non » dans leur coin, ceux qui ont crié basta sur internet.
Mais si le despotisme de Ben Ali ne s'est jamais transformé en dictature farouche (à la syrienne, à la libyenne ou à l'irakienne) ce n'est pas grâce aux exilés ou aux prisonniers politiques, mais à deux catégories de citoyens qui représentent l'écrasante majorité de ceux qui ont dit « non » à Ben Ali. Ceux qui ont joué le compromis en évitant de se compromettre en usant de toute la diplomatie requise. Mais il fallait pour cela connaitre les subtilités du paysage politique tunisien.
La première « catégorie » est composée d'une bonne partie de nos médias, de nos chefs d'entreprise, de nos ONG et même des partis, dits fantoches. Elle est également composée de chefs d'Etat étrangers. En apparence, ils sont « complices » du système, mais en réalité (dans les coulisses), ils militent activement et avec beaucoup d'efficacité pour obtenir des résultats concrets. Et cela se voit clairement entre les lignes (pour ceux qui savent lire) des articles ou des déclarations publiques des politiques. Je pense notamment aux Chirac et Sarkozy fortement critiqués par les journaux de leur pays à l'époque de leurs déclarations sur les libertés en Tunisie.
Chacun a eu sa manière de dire « non » à un despote, mais il n'est pas donné à tout le monde d'accepter la torture ou les harcèlements tels subis par Mokhtar Trifi, Souhir Belhassen, Sihem Ben Sedrine ou Taoufik Ben Brik.
Il n'est pas donné à tout le monde d'accepter des menaces de mort par téléphone, surtout que ces menaces peuvent se concrétiser. La tentative d'assassinat, en 2000, de notre confrère Riadh Ben Fadhl n'a jamais été oubliée.
Il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir dire « non », quand il voit son nom inscrit presque de force sur une liste de personnes appelant à voter pour Ben Ali en 2014, tels le cas de Hend Sabri, Khemais Khayati et bien d'autres.
Ces chefs d'entreprise, ces médias, ces chefs de parti disent « non » à leur manière en écrivant à leur façon. En usant de termes diplomatiques, en rédigeant entre les lignes ou en jouant le lobbying auprès d'instances étrangères.
Ces derniers mois, l'étau s'est resserré de plus en plus. Je reviendrai ultérieurement sur les menaces de mort, les menaces intimidantes, les suppressions de pub, les contrôles CNSS et autres pressions subies par les médias, et notamment les télés (Nabil Karoui ou Larbi Nasra en savent quelque chose) et la presse électronique qui a été la première (et presque en exclusivité) à étaler au grand jour et quasiment chaque semaine le business des différents membres de la famille. Sous forme élogieuse, certes, mais il fallait bien trouver le moyen pour faire avaler la pilule en misant sur l'intelligence du lecteur.
Certains, à l'instar de Sami Fehri, Moez Ben Gharbia ou Nizar Châari (actuellement lynchés sur Facebook) ont profité de leur proximité de certains membres de la famille pour faire reculer les lignes rouges. A qui doit-on le limogeage du maire de Tunis ou la dénonciation de la corruption d'un omda si ce n'est à Cactus dont les émissions ont été à maintes reprises censurées ? Il y a dix millions de Tunisiens pour témoigner de cela. A condition de ne pas avoir la mémoire courte et de ne pas s'arrêter à la lecture au premier degré. Je reviendrai, sans doute, prochainement sur ces cas là.
La deuxième catégorie de « militants » a choisi de défendre le pays de l'intérieur même du système. Je parle là de plusieurs militants du RCD et de plusieurs membres du gouvernement et de l'administration. A commencer par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi dont l'intégrité ne fait aucun doute pour ceux qui l'ont connu ou approché de près.
Ces personnes de l'intérieur de ce système (qui s'écroule comme un château de cartes) ont participé énormément à construire le pays et à le hisser à ce niveau de développement. Ils ont pesé de tout leur poids pour limiter les dégâts, pour que le pays ne se transforme pas en dictature farouche ou en république réellement bananière. En dépit des apparences, ils ont beaucoup donné au pays. Ne l'oublions pas non plus.
Après un 14-Janvier historique et heureux, il y a comme un début de chasse aux sorcières. Ce n'est dans l'intérêt de personne, c'est contre-productif. Oui, à la justice, et faisons-là, mais non au lynchage et à une inquisition qui ne dit pas son nom.
De grâce, ne gâchons surtout pas cette victoire qui est notre victoire à nous tous.


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