La conférence de presse tenue par Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, mercredi soir à la résidence de l'ambassadeur de France à Tunis, a tourné autour de trois axes principaux à savoir les relations bilatérales, la crise libyenne et la cause palestinienne. « L'avenir des relations tuniso-françaises est excellent. J'en suis encore plus convaincu après mon séjour à Tunis », a dit M. Juppé en substance avant de préciser que tout sera mis en œuvre pour renforcer les liens entre les deux pays et d'aider la Tunisie sur les plans économique et culturel. Concernant les contacts avec les responsables des partis et les représentants de la société civile, le ministre français a indiqué que son séjour ne lui permet pas de voir toutes les parties prenantes de la vie publique en Tunisie, mais des consignes ont été données à l'ambassadeur de France en Tunisie de faire le suivi en la matière et de suivre l'évolution dans le pays et de maintenir le contact avec les différences forces politiques et composantes de la société civile. Répondant à des questions sur la crise libyenne, Alain Juppé a tenu à préciser qu'il n'y aura pas de troupes de l'OTAN au sol, mais que les frappes continueront pour protéger les populations civiles et accompagner les forces du Conseil transitoire libyen. Il est vrai que Kadhafi était courtisé, il y a quelque temps parce qu'il amorçait un retour au sein de la communauté internationale, assure le ministre français. Mais entretemps, Kadhafi a tiré sur sa population et continue à massacrer les civils. Alors, il est délégitimé et n'a plus de place au pouvoir en Libye et doit partir. C'est la sentence de M. Juppé qui parle de révolution populaire alors qu'il s'agit d'une insurrection armée et qu'en Libye, il y a, certes, Benghazi, mais il y a aussi Tripoli. Concernant la cause palestinienne, Alain Juppé affirme que la question de la reconnaissance de l'Etat palestinien est sérieusement envisagée. Les pays européens se concertent là-dessus pour adopter une position commune surtout avec l'approche de l'échéance de septembre 2011 lorsque la question sera posée devant le Conseil de sécurité de l'ONU. « La France est pour l'application des résolutions de l'ONU à propos du conflit israélo-palestinien, mais il y a blocage parce qu'il y a un Etat (ndlr : les USA) qui s'y oppose », a-t-il indiqué sans ambages avant d'ajouter qu'il faut bouger car le statu quo n'est plus tenable. Le ministre français a évoqué, bien entendu, le volet de l'immigration en assurant que son pays agit en conformité avec les principes de l'Union européenne et que le prochain sommet entre Sarkozy et Berlusconi, le 26 avril courant, permettra d'éclaircir davantage les points de vue à cet effet. Prié de se prononcer sur la position de la France vis-à-vis des islamistes, Alain Juppé a dit que le monde est en train de changer. Et la diplomatie française, qui évolue, ne refuse pas de discuter avec les islamistes à condition qu'ils s'engagent à bannir la violence. Cela est valable aussi bien pour la Tunisie que pour d'autres pays, y compris l'Afghanistan. A noter que M. Juppé, a annoncé, à l'issue de son entretien, avec Béji Caïd Essebsi, Premier ministre du gouvernement provisoire, que la France fournira une aide de 350 millions d'Euros pour la période 2011/2012 afin de soutenir la Tunisie notamment par le biais de l'Agence française de développement (AFD) pour des projets correspondant aux priorités de la Tunisie, particulièrement, dans les domaines de la formation, de la lutte contre le chômage, de la rénovation urbaine et de la gouvernance. Noureddine H.