« Je ne vais plus filtrer et je refuse d'avoir du matériel de filtrage chez-moi ». C'est la manière avec laquelle Moez Chakchouk, PDG de l'Agence Tunisienne de l'Internet, a démontré son refus total pour le retour au régime Ben Ali. D'ailleurs, durant les années Ben Ali, 1,200 million de dinars par an ont été alloués à la censure. La conférence de presse tenue le 31 mai 2011, était également l'occasion pour le PDG de donner plus de détails sur la censure, ou comme il l'appelle, le filtrage de certains sites internet en Tunisie. Le PDG a annoncé que l'ATI a demandé ce jour même la suspension de l'exécution de la décision de fermeture de tous les sites à caractère pornographique, auprès de la Cour d'Appel de Tunis, tout en se déclarant surpris de ces réquisitions. Expliquant les causes du refus de la décision du tribunal, M. Chakchouk signale qu'elle est totalement contraire au principe premier de l'agence, qui est la transparence. En effet, il existe trois types de systèmes de filtrage : le filtrage par URL, le filtrage de contenu et le smart filter. Ce dernier est celui mis en place suite au jugement prononcé par le tribunal de première instance de Tunis. Il s'agit d'un logiciel qui permet le filtrage d'Internet selon une liste de sites blacklistés figurant dans la base de données d'une société américaine dont le nom n'a pas été précisé par le PDG. Selon le PDG, l'agence qui n'a pas renouvelé ses équipements depuis 2007, ne peut faire que du filtrage par URL, tel celui demandé par le ministère de l'Education, client de l'agence, pour la censure de certains sites à contenu destiné aux adultes, au sein des centres de formation et d'enseignement relevant des compétences du ministère. « C'est tout à fait faisable dans ce cas » ajoute-t-il. Par ailleurs, il se reprend en déclarant que « s'il doit y avoir un filtrage, ceci doit être conformément à un cadre réglementaire. Et si on censure, cela sera considéré comme un service et doit par conséquent être payé, surtout qu'en août, l'agence sera tenue de payer 150 mille dinars pour la licence du smart filter » souligne-t-il. Zeyneb Dridi