Une conférence de presse s'est tenue vendredi 10 juin 2011 au siège de la Délégation de l'Union européenne pour présenter le projet Laâroussa : une "fabrique d'espace populaire de création". Il s'agit de faire partager l'initiative et la création de nouvelles formes d'espaces (sociétés) autonomes de production autour de savoir-faire artisanal et artistique des femmes de Sejnane. L'événement est organisé par L'Art Rue, et l'association Muzaq avec le concours de la Délégation de l'Union Européenne en Tunisie Ainsi, Laâroussa est un projet collectif autour du savoir-faire des femmes potières de Sejnane, qui est né de l'initiative des artistes Sofiane et Selma Ouissi, dont l'ambition est de créer un nouveau mode artistique où l'humanitaire et le social se mêlent, un réel échange entre des artistes confirmés et des artisans qui créent de réelles œuvres d'art. L'idée est née lorsque Selma Ouissi a trouvé une poupée de Sejnane qui se vendait à Paris à 150 euros (également vendue à La Marsa à 200 dinars) alors que les potières, qui passent en moyenne 5 jours à réaliser leur ouvrage, ne touchent que 30 dinars au maximum. Le projet a été lancé depuis octobre 2010, et les artistes se sont déplacés pour visiter la région et contacter les habitants. Les ateliers, impliquant une soixantaine de femmes potières, leurs enfants, le collectif La Luna de Nantes, les femmes de l'association Arlène de Nantes, le collectif Dream City de Tunis, se sont déroulés à Sejnane de février à juin 2011. Tous ont œuvré ensemble à la création d'une société rêvée où toutes les compétences sont valorisées pour aboutir à une créativité généralisée. Au menu : créations artistiques, économies vertes, économie sociale et solidaire, poétique du travail des femmes, fêtes et chants collectifs, discussions et échanges partagées, gestion des enfants, éveil corporel, cuisine et repas collectifs, cartographie, production à plusieurs mains et têtes, … «Des moments intenses d'émotions et de partages collectifs ont été les braises incandescentes et les moments de vie forts de cette nouvelle société autogérée qui reconnaît les travaux de la femme de Sejnane comme partie constructive et valorisante de l'économie du pays», expliquent les initiateurs du projet. Les femmes de Sejnane ont compris que l'union fait la force, car en s'unissant, elles se partagent les tâches entre elles de façon à ce que celles qui travaillent dans la poterie puissent se consacrer à leurs œuvres outre qu'elles peuvent négocier le prix de leur ouvrage. D'où la nécessité de mettre en place une coopérative structurée. A travers cette conférence de presse, les artistes du collectif ainsi que les potières de Sejnane ont voulu dévoiler ce projet. Actuellement, le collectif recherche des personnes pour prendre le relais et pour mettre en place les bases de cette coopérative qui aura des retombées économique positive sur toute la région. Dans ce contexte, il organise, prochainement en collaboration avec les potières, une journée de découverte aux journalistes et aux personnes intéressées par Laâroussa. Notons que les œuvres d'arts des potières seront présentées à Tokyo, que le site Mille et une Tunisie vend en ligne les créations et que les potières ont déjà 2 commandes à réaliser. Imen Nouira