Rafik Abdessalem passe à la vitesse supérieure. Le jeune ministre des Affaires étrangères d'Ennahdha à qui on reprochait son inexpérience et qui n'aurait mérité cette nomination que parce qu'il est le chouchou des Qataris, a été reçu lundi 23 janvier par le grand mufti d'Egypte et le doyen d'Al Azhar Hamad Mohamed Tayeb. Nullement intimidé par l'empiètement de son beau-père Rached Ghannouchi et du président de la République Moncef Marzouki sur ses prérogatives, Rafik Abdessalem frappe un grand coup. De cette visite en Egypte (que personne n'a pensé à inviter à la célébration de la Révolution), il revient avec un accord de jumelage entre les deux universités de théologie d'Al Azhar et de Zitouna avec en prime échange et bourses d'étudiants. Un jumelage qui renforcera les liens entres les théologiens des deux pays et permettra d'instaurer des débats profonds sur les rapports de la religion à l'Etat. Ce jumelage ne veut absolument pas dire qu'il faille considérer Zitouna avec ses dix siècles de d'ébullition intellectuelle comme l'égal d'Al Azhar, puisque le mufti considère que seul Al Azhar est capable de guider les musulmans sunnites du monde entier grâce à tout ce que symbolise cette université d'esprit de modération et de retenue. Rafik Abdessalem, qui a le sens du respect de ses ainés, a acquiescé en remerciant Al Azhar de soutenir les révolutions arabes. Avec cet exploit Rafik Abdessalem n'a plus rien à envier à Moncef Marzouki et son rapprochement inespéré avec l'Ethiopie. De quoi se consoler d'avoir agacé nos premiers partenaires économiques telles que la France et l'Italie qui ont tous boudé la première célébration du 14 janvier.
