Une délégation de la Commission des finances du Sénat français a achevé sa visite en Tunisie dans le cadre d'une tournée qui l'a déjà conduite en Egypte et en Libye, pour évaluer la situation économique dans la région et analyser la mise en œuvre de la transition démocratique. Les sénateurs français se sont dit agréablement surpris des progrès que connaissent la Tunisie et l'Egypte, notamment, ce dernier pays dans lequel ils ont pu trouver chez les Frères musulmans, des interlocuteurs ouverts et pragmatiques, du moins dans le domaine économique, précisent-ils. Concernant la Tunisie, le sénateur UMP, Philippe Marini, président de la commission, a émis un avis globalement positif de cette visite, après avoir rencontré le président provisoire de la République, Moncef Marzouki, le président de l'Assemblée, Mustapha Ben Jaâfar, ainsi que le président de la Commission chargée des questions financières, au sein de l'Assemblée constituante. La délégation considère néanmoins que le climat d'incertitude, dû à la lenteur des travaux de la Constituante et la difficulté d'anticiper l'avenir politique de la Tunisie, participe à freiner les projets d'investissement potentiels. Au contraire, les entreprises françaises déjà présentes en Tunisie, avec une meilleure connaissance de la situation, se veulent optimistes et réaffirment leur volonté de se développer dans le pays, « quelle que soit la conjoncture ». Un pet bémol, cependant, la délégation française considère en effet que « le temps est compté » et que l'économie tunisienne ne supporterait pas très longtemps ce climat d'incertitude. Elle met en relief, par ailleurs, la nécessité de réformes structurelles, affirmant que « ce n'est pas par des mesures momentanées que [les dirigeants actuels] vont résoudre la crise ». « Il faut beaucoup de courage politique pour pouvoir relever l'économie en cette phase difficile », affirme M. Marini. Répondant à la question d'un journaliste, au sujet des événements tragiques survenus à Toulouse et du rapport avec la montée des partis islamistes dans les pays arabes, les sénateurs ont tenu à prévenir contre ce genre d'amalgame, assurant que cet événement n'avait «strictement aucun rapport» et qu'il ne remettait aucunement en cause les relations de la France avec les pays arabes, insistant sur l'aspect dangereux inhérent à ce type de rapprochements réducteurs. Les sénateurs français ont, en outre, fait part de leur inquiétude quant à l'avenir de la francophonie en Tunisie, émettant le souhait que celle-ci ne soit pas en danger. Enfin, sur la compétence des responsables tunisiens, M. Marini affirme que ces derniers font preuve d'une connaissance politique accrue, mais qu'il faut un certain temps pour mettre en place les mécanismes nécessaires au fonctionnement d'un homme d'Etat, passant d'un statut d'opposant à celui de gouvernant.