La création d'un comité, « femmes et égalité » au sein du parti Nidaa Tounes a été annoncée vendredi soir du 10 août 2012 lors d'une conférence de presse. Samah Dammak, membre de ce comité, a expliqué que cette création répond à la nécessité d'élaborer une stratégie nationale en collaboration avec la société civile et de mettre au point une approche pour que la femme soit un vrai allié actif et puisse participer à l'évolution de la société aussi bien au niveau de la chose publique et de la famille. Modernisme et démocratie ne peuvent qu'aller ensemble, a-t-elle insisté. Prenant la parole, Béji Caïd Essebsi a précisé qu'il est important aujourd'hui de défendre les acquis de trois générations de femmes, acquis gagnés grâce au militantisme de la gente féminine, au combat du leader Habib Bourguiba et du réformateur Tahar Hadad. Il a évoqué, ensuite, l'article 28 proposé au sein de la commission des droits et des libertés, qui fait de l'homme l'élément principal dont la femme n'est que complément tout en mentionnant que la complémentarité existe déjà dans le Code du statut personnel et dans la loi en matière de prise en charge financière au sein de la famille. Cette proposition a été jugée par Béji Caïd Essebsi comme rétrograde. Il est allé jusqu'à mettre en doute les connaissances coraniques de ceux qui parrainent cette proposition. A moins qu'ils « veuillent interpréter le Coran à leur manière », ajoute-t-il. Ainsi, tous les partis centristes, et non pas seulement Nidaa Tounes, rejettent cet article et appellent à constitutionnaliser tous les droits de la femme selon les normes internationales. Il a rappelé, à cette occasion, que son parti est ouvert à tout le monde et à tous ceux qui croient en la Tunisie et œuvrent pour la fierté de son peuple, son indépendance et sa stabilité. Dans son intervention, Béji Caïd Essebsi a, également, évoqué les récents événements à Sidi Bouzid, déclarant soutenir la population de la ville dans sa cause et ses revendications. Et tout en s'opposant à ce que l'on s'attaque aux biens publics et aux institutions de l'Etat, il a condamné la répression policière exagérée et disproportionnée dont a usé le gouvernement. Cette région de Sidi Bouzid comme tant d'autres, marginalisées et longtemps oubliées, devraient constituer, aujourd'hui, une priorité. Trouver des solutions pour le chômage et assurer une qualité de vie meilleure à des gens « qui ne trouvent pas quoi manger » sont également des priorités et « devraient passer avant les indemnités que réclament les anciens prisonniers politiques », selon BCE Il a, par ailleurs, mis en garde contre le retour du parti unique, du président unique et du pouvoir unique. « Sans demander de participer au pouvoir, on voudrait contribuer à la résolution des problèmes, mais les responsables au gouvernement refusent cela. Aujourd'hui, il n'y a pas que la femme qui est menacée, tout le monde l'est», a conclu M. Caïd Essebsi.