Lotfi Zitoun : Sa sortie samedi défraie la chronique et ne peut être digne d'un représentant de l'Etat. A propos de Sami Fehri, qui l'accuse de lui avoir exercé des pressions pour censurer l'émission des guignols, Lotfi Zitoun a répliqué : « Sami Fehri est un menteur et criminel (…) C'est un corrompu, il a volé des milliards au peuple ! ». Supposons que Sami Fehri ait menti et que Lotfi Zitoun ait été victime de ce mensonge, est-ce là une raison pour qu'il le traite de criminel et de voleur, alors que la règle basique en matière de Droit est que l'accusé soit innocent jusqu'à preuve de sa culpabilité ? Si Lotfi Zitoun, de par sa position dans le gouvernement et de par son propre historique de « victime », ne respecte pas cette règle basique du Droit, qui va donc la respecter ? Est-ce décent et digne de la part d'un ministre de traiter ainsi un citoyen (à terre), alors que ce même ministre courrait à ses émissions avant et après les élections ? Pourquoi donc l'ami d'hier s'est transformé, en quelques heures, en criminel et corrompu ? Autre élément, un véritable homme d'Etat balaie devant sa porte d'abord. Si l'Etat tunisien était un Etat de Droit, si l'Etat avait donné son autorisation de télé à Sami Fehri, ce dernier ne se serait jamais associé à Belhassen Trabelsi et n'aurait jamais pu imposer ses émissions à Tunis 7 et fédérer les téléspectateurs lorsque personne ne regardait cette chaîne. Belgacem Ferchichi : Ce conseiller du gouvernement et haut cadre d'Ennahdha a été attrapé la main dans le sac, la semaine dernière à l'aéroport Paris Orly avec des centaines de milliers de dollars en coupures de 100$. Le bonhomme était préalablement au Qatar et en Arabie Saoudite. L'information est démentie par l'intéressé et on va supposer que le journaliste français à l'origine de cette « intox » ait menti et que notre Ferchichi dise vrai. Au lieu de montrer ses passeports ordinaire et diplomatique et les derniers cachets de passages aux frontières, M. Ferchichi a préféré jouer l'intimidation face aux journalistes tunisiens pour qu'on ne parle plus de lui. Et il nous promet des procès avant même le journaliste français à l'origine de l'info. Raté, on va continuer à parler de lui ! Tu veux intenter des procès M. Ferchichi ? Vas-y ! Un bon juge intègre et indépendant t'acculera à montrer tes passeports et à prouver que tu n'es pas un passeur de valises et blanchisseur d'argent. Un véritable homme d'Etat, qui n'a rien à se reprocher, ne répond cependant pas par des procès M. Ferchichi, mais par des actes concrets, des preuves et de la transparence. Il y va tout simplement de son image et de celles du gouvernement et de l'Etat qu'il représente. Moncef Marzouki : Il lui arrive de briller par des phrases éclatantes de vérité. C'était le cas vendredi dernier lorsqu'il a comparé certains agissements du gouvernement actuel à ceux de Ben Ali. Une phrase qui montre que le président de la République brille davantage à l'écrit, qu'à l'oral ou dans les travaux pratiques. Vue d'un autre angle, la phrase de Moncef Marzouki offre tout son sens aux propos de l'élu de l'ANC, Tahar Hmila. Ce dernier lui demande de se faire ausculter par un psychiatre. Charité bien ordonnée commence par soi-même, que M. Hmila accompagne son ancien ami à ce psychiatre. Rafik Abdessalem : Au nom du gouvernement tunisien, le ministre des Affaires étrangères a présenté ses excuses à l'élu du Parti socialiste français Jamel Gharbi suite à l'agression physique par des Salafistes dont il a été victime il y a quelques jours à Bizerte. Cette agression n'est malheureusement pas un acte isolé, la même région a connu d'autres agressions similaires par des Salafistes et ce à la même période. Agressions qui se sont soldées par de graves blessures de citoyens tunisiens. Notre gouvernement s'est empressé de présenter ses excuses à l'élu français, et c'est très bien, mais quid de nos concitoyens ? Mais au-delà des excuses qui ne résolvent nullement le problème, qu'en est-il des agresseurs ? Ils étaient une cinquantaine à agresser M. Gharbi et plus de 200 à agresser nos concitoyens un certain 16 août. Mais aucune arrestation n'a été enregistrée à l'issue de ces barbaries ! (cliquer ici pour voir les photos) Un gouvernement qui s'excuse, c'est bien. Mais un gouvernement qui agit sur le terrain, c'est mieux ! Mustapha Ben Jaâfar : Il a été élu le 23 octobre dernier pour un an. « Quelle est la « daguezza » (voyante) qui vous a parlé d'un mandat d'un an, s'est offusqué vendredi dernier le président de l'Assemblée nationale constituante. Voilà désormais la référence des hommes d'Etat tunisiens, une « daguezza » ! Fallait la trouver, merci M. Ben Jaâfar pour cette perle. A chercher un peu la « daguezza », on a fini par la trouver. Elle se trouve sur cette vidéo (cliquer ici) où l'on voit bien notre chère « daguezza » parler d'une élection pour un an. Juste un an. Je pense que la vidéo de cette « daguezza » répond largement aux besoins de Monsieur Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée nationale constituante tunisienne. Il se trouve cependant que mes lecteurs ont des exigences autres que M. Ben Jaâfar et préfèrent le noir sur blanc aux « daguezza ». A chacun ses références. Le décret n°1086 daté du 3 août 2011 signé par l'ancien président de la République Foued Mebazzaâ et publié au JORT n°59 du 9 août 2011 page 1432, stipule dans son article 6 que « l'ANC doit préparer la constitution dans un délai d'un an après son élection ». C'est de ce décret du président Mebazzaâ que les élections (et leurs résultats) tirent toute leur légitimité. Un décret se prend en entier et non par morceaux. Si la troïka veut mettre en doute la durée fixée par ce décret, elle doit donc mettre en doute tout le reste et, dans la foulée, sa propre existence. Quelle que soit l'option choisie, que nos actuels hommes d'Etat se réfèrent aux « daguezza » ou aux décrets républicains, leur légitimité prend fin le 23 octobre. A moins qu'ils ne soient plus des démocrates, pensent à trafiquer les élections et cherchent à calquer les méthodes de Ben Ali. Marzouki l'a bien dit, mais celui-là plus personne ne l'entend.