Je me demande parfois si les membres de l'ANC sont vraiment responsables et à la hauteur de la mission qui leur a été confiée par le peuple tunisien suite aux élections du 23 octobre 2011 ? Ces élus bien qu'étant effectivement « des élus du peuple » ne se comportent pas du tout en tant que tels ; le terme « élu du peuple » ayant une connotation de comportement responsable d'une personne ayant un minimum d'honneur et qui met vraiment sa mission, en tant que représentant du peuple, avant tout, avant même ses intérêts personnels ou les intérêts de son parti.
Cependant, force est de constater que les véritables « élus du peuple », dans le sens propre du terme, forment une infime minorité et que l'ANC ne cesse de compter bourde sur bourde, abus sur abus, sans qu'aucune sanction ne soit prise à l'encontre des fautifs.
Je passerai certains abus comme les projets de lois qui muent en passant des commissions à l'assemblée générale et me focaliserai sur quelques cas d'abus que je considère comme plus flagrants et significatifs.
Pour commencer, nous avons eu, il y a quelques semaines, des élus qui se sont soulevés et qui ont dénoncé, à corps et à cri, que le PV qui leur a été présenté était en réalité un faux. Parmi ces contestataires le vice-président de la Commission concernée et quelques membres jurant de ne s'être absentés à aucune réunion. Que penser d'un président de Commission et d'un rapporteur qui osent faire un faux et de plus n'ont pas froid aux yeux pour le présenter en séance plénière ? Ces gens sont-ils dignes de la confiance du peuple ? Le lendemain, nous apprenons que ce document avait effectivement été discuté et finalisé lors d'une réunion de ladite commission où quasiment tous les membres étaient présents. Dieu merci, et sans vouloir apporter de jugement sur le contenu du document, ce n'était pas un faux et les accusés ont été innocentés. Sauf que les accusateurs n'ont pas été sanctionnés et dans ce cas, les accusateurs sont aussi fautifs que les accusés s'ils avaient commis ce délit et il n'est pas concevable qu'une telle accusation de fraude, de la manière dont elle a été menée, ne soit pas punie. Peut-on dire que ces élus sont responsables ?
Quelques mois plus tôt, une motion de censure avait été introduite contre le gouvernement suite aux évènements du 9 avril accompagnée du nombre de signatures nécessaires pour que cette motion passe au vote en séance plénière. Le président de l'ANC, contre toute attente, n'a trouvé mieux que d'inciter deux députés, de son parti, à retirer leur signature bien que cela soit illégal et a déclaré cette requête irrecevable. Ceci est de l'ordre de l'irresponsabilité totale car non seulement les signatures ne peuvent être retirées après que la requête ait été déposée, mais, de plus, le président de l'ANC a décidé de ne plus accepter cette requête tout comme, dans d'autre cas il a été accusé de gérer les requêtes des élus selon le principe des deux poids des mesures jugeant qu'il ne dispose pas de temps pour programmer les requêtes des uns et programmant au plus tôt les requêtes des autres. Peut-on dire que cet élu est responsable ?
L'ANC étant souveraine (Saydou nafsahou) il a été fait fi des problèmes de la Tunisie, récession économique, pauvreté, chômage, baisse des recettes de l'Etat,… et il a été décidé d'augmenter le salaire des membres de l'ANC d'une manière extraordinaire atteignant plus de 10.000 dinars par mois pour une catégorie d'élus. Aucune opposition n'a pu arrêter cela, que ce soit l'opposition de certains membres au sein de l'ANC même, que ce soit celle du gouvernement qui ne peut puiser de tels montant dans le budget de l'Etat, budget qui a pourtant été voté au sein de l'ANC et qui n'a pas pris en compte ces augmentations, ou que ce soit l'opposition du peuple qui n'a même pas été entendu. Pire que cela, aujourd'hui, certains élus, malgré les retards enregistrés, veulent bénéficier d'une pension conséquente suite à l'achèvement de leur mission et une requête comportant 113 signatures a été introduite dans ce sens. Seulement, dans ce cas, l'irresponsabilité est double. La première irresponsabilité consiste à siéger une année à l'ANC et demander une retraite qui peut atteindre dix SMIG, faisant de ce pays en voix d'appauvrissement une vache à lait. La deuxième irresponsabilité consiste dans le fait que l'« élu » qui a introduit cette requête l'a introduite avec 113 signatures qui se sont avérées être de vraies fausses signatures en ce sens que ces signatures n'avaient pas été collectées pour cette requête. Pour faire simple, ceci est un cas clair et indiscutable de faux qui a été présenté à l'ANC. Il est temps que l'ANC se prenne en main et mette fin à ces infractions et abus et poursuive pénalement le ou les auteurs de ce document falsifié car il est inadmissible qu'un élu qui est supposé bénéficier de la confiance de ses électeurs, et donc du peuple, soit un criminel et un falsificateur de documents officiels. Il doit servir d'exemple et être poursuivi de faux et usage de faux.
En réalité, il n'y a, pour moi pas de différence entre un policier qui use de sa position pour violer une jeune fille et un soit disant élu qui falsifie un document officiel ou joue de sa position pour changer le cours des choses.