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A propos du congrès de l'Uget de Korba


Par Habib CHAGHAL
A l'occasion du quarantième anniversaire de la tenue du 18e congrès de l'Uget, La Presse a publié sur plus de deux tiers de la septième page, le 23 août dernier sous le titre très évocateur «Le divorce université-classe politique dirigeante», un article consacré à l'histoire de cette prestigieuse organisation qui fut un véritable creuset de démocratie et de pluralité,une exception avec l'Ugtt, sur la scène politique tunisienne du temps du parti unique.
Dans le paragraphe consacré au congrès de Korba tenu en août 1971,l'auteur de l'article a rapporté des contre-vérités concernant mon élection au poste de sécrétaire général de l'Uget, affirmant notamment que j'ai été le candidat du Parti destourien comme s'il y avait d'autres candidats non destouriens à ce poste. En fait, cette référence imprécise et insidieuse au Parti n'est pas fortuite car l'auteur voudrait suggérer  que les délégués destouriens, pourtant très largement majoritaires, avaient usurpé la direction de l'Uget. En réalité, il n'y avait que des candidats destouriens au poste de secrétaire général.
L'auteur aurait dû affirmer plus précisément que j'étais le candidat de la direction du Parti. Or cette affirmation ne serait pas  crédible car la direction du Parti en août 1971 était dominée par M. Ahmed Mestiri avec comme collaborateurs au sein de cette direction  MM. Mohamed Ben Amara et Mohamed Ben Ahmed qui lui étaient trés proches.Connus pour leurs idées démocratiques ces derniers ne pourraient pas étre accusés d'avoir imposé une direction à la tête de l'Uget ,l'auteur a donc préféré une référence vague au Parti.
Ces personnalités politiques pourraient témoigner que je n'ai jamais sollicité auprès d'eux un quelconque appui à ma candidature au secrétariat de l'Uget. Par contre, tous les congressistes  savaient que la direction du PSD apprécieraient plutôt la candidature d'un autre destourien membre du Bureau exécutif démissionnaire en avril 1971 connu pour être un proche de M. Ahmed Mestiri.
Je puis affirmer que ma candidature n'était soutenue que par les délégués bien avant  la tenue du congrès, raison pour laquelle  le bureau exécutif avait décidé  la tenue du congrès  à Kerkennah dont je suis originaire. Le président Bourguiba n'aurait pas apprécié ce choix et M. Tahar Belkodja, alors ministre de la Jeunesse,  avait proposé in extremis la ville de Korba.
Tous les délégués au congrès, y compris ceux de l'opposition, savaient que ma candidature était indépendante et n'avait pas le soutien préalable de la direction du Parti ni celle du gouvernement et pour preuve juste au lendemain du congrès, le gouvernement décida de diminuer le taux de la bourse universitaire afin de mettre la nouvelle direction de l'Uget en difficulté face aux étudiants.
L'auteur de l'article n'a pas fait allusion à  l'élection en avril 1971 de M. Sghair Daoud – à  l'unanimité des membres de la commission administrative – en remplacement de Aissa Baccouche ;il est paradoxal qu'on ne trouve nulle part dans la littérature concernant le congrès de Korba la référence à Sghair Daoud, connu pour son militantisme et son impartialité comme si on avait peur de son témoignage sur le déroulement du congrès .Pourtant, on ne peut ignorer l'importance des élections des congressistes organisées aux mois d'avril et de mai 1971;celles-ci avaient eu lieu sous le mandat de Sghair Daoud  et aucune d'elles n'avaient été contestée au congrès, fait  rarissime dans l'histoire de l'Uget. Membre du bureau éxecutif, j'avais présidé la majorité de ces élections donc je ne pouvais pas ignorer les rapports de force au sein du congrès.  
Pour conclure cette partie, je me permettrais d'éclairer tous ceux qui s'intéressent encore à ce congrès sur  certains faits rapportés dans l'article censé, selon l'auteur, argumenter l'«usurpation» de la direction de l'Uget par un groupe de destouriens.
Il faut rappeler d'abord  que les délégués destouriens constituaient une large majorité au sein du congrès et qu'ils étaient divisés en gros en deux tendances.L'une était appuyée par les quelques délégués communistes l'autre avait l'appui des nationalistes arabes.Pour l'anecdote, ce dernier groupe avait une position neutre jusqu'au  jour où Numeiri avait fait avorter  un coup d'Etat communiste au Soudan,les empoignades entre les délégués communistes et les nationalistes arabes avaient scellé l'alliance de ces derniers avec la tendance destourienne majoritaire ,celle-ci avait «profité» de cet événement pour soutenir  une motion des nationalistes arabes  condamnant le coup d'Etat avorté au Soudan.
Le lecteur pourrait se demander, au vu de l'article de M. F.Allani : si les élections s'étaient déroulées normalement, comment pourrait-on alors expliquer l'origine de cette fameuse requête des 105 à laquelle il  fait allusion dans l'article?
La réponse est très simple,personne n'a pu présenter,à ce jour, l'original de cette requête ni de photocopie ,la requête publiée par l'institut Témimi n'ayant aucune validité, elle contient même des noms de camarades élus à la commission administrative. C'est une affaire fabriquée de toutes pièces faisant l'amalgame avec une autre requête signée par une majorité de congressistes avant les élections dans d'autres circonstances et pour un autre objectif.
En effet, l'historien pourrait décourir dans les archives de l'Uget une requête qui ne mettait en aucun cas la validité des élections car elle fut signée avant les élections.Elle concernait la motion, citée dans l'article ,qui fut  votée en plénière le 19 août à la majorité des congressistes présents appelant à la clôture des travaux du congrès.
Comme le rappelle l'article ,le texte de cette motion  proposait l'adoption  du rapport de politique générale tel que finalisé par la commission, de ne pas modifier les statuts de l'Organisation et de passer directement aux élections. Personne au congrès n'avait contesté la légalité du vote de cette motion mais certains «leaders» avaient vivement souhaité la discussion des amendements aux statuts présentés par le groupe d'extrême gauche constitué en gros par des délégués de la faculté des Lettres.
Préparée dans les coulisses, cette requête allait en fait à l'encontre de la motion adoptée régulièrement en plénière. Pour chercher une solution de compromis à la limite de la légalité, l'auteur de cette requête avait proposé qu'elle fût signée par tous les congressistes sans exception. Ce compromis fut accepté par les chefs des groupes mais les délégués qui avaient adopté la motion appelant à la clôture des travaux refusèrent de signer la requête.N'ayant pas recueilli l'unanimité des délégués, celle-ci était devenue caduque malgré la centaine de signatures qui y étaient apposée. 
Le jour même, un bureau de vote fut élu en assemblée plénière parmi plusieurs candidats dont Aissa Baccouche  ,il fut présidé par Abdelmalek Laârif. 57 délégués pour 33 postes avaient présenté leur candidature et les élections s'étaient déroulées normalement en présence de tous les délégués.Le groupe minoritaire bien que présent ne participa pas au vote,ce qui n'est pas, un fait nouveau dans un congrès. Ainsi au précédent congrès de Mahdia, 40 pour cent des délégués avaient quitté le congrès sans participer aux élections.Aissa Baccouche fut élu par ce congrès.
Je rappellerais pou conclure certains faits irréfutables qui montrent qu'à aucun moment il n'y eut d'intervention extérieure au congrès en faveur de ma candidature à la direction de l'Uget: 
-Ce fut M. Chédly Ayari,  ministre de l'Education nationale, qui avait présidé l'ouverture de ce congrès . Dans son discours, M. Ayari avait transmis un message clair de la direction du Parti ;celle-ci n'avait aucun candidat officiel pour le secrétariat général ni de choix arrêté pour les membres candidats à la direction de l'Uget. Ceci était d'ailleurs prévisible car le secrétaire général de la Haute commission du PSD et ministre de l'Intérieur, M. Ahmed Mestiri, était connu dans le milieu estudiantin pour ses orientations démocratiques.
-La réunion de la majorité des congressistes destouriens avec M. Mohamed Ben Ahmed, secrétaire général de l'Union tunisienne des organisations de jeunesse, au siège de la délégation de Korba avait pour objectif de mettre un terme aux divisions au sein du groupe destourien mais la condition de la tendance minoritaire lors de cette réunion de faire élire quatre délégués communistes au sein de la future commission administrative fut rejetée;on était donc passé aux élections avec deux listes destouriennes dont l'une avec 23 candidatures seulement contenait quatre candidats communistes.
- A l'ouverture des travaux du congrès, le groupe destourien majoritaire avait fait élire parmi ses membres les présidents et rapporteurs de cinq commissions sur sept A titre de rappel, ce furent les camarades Mustpha Mnif et Adel Kammoun qui avaient dirigé la commission de politique générale – la plus importante – et tous deux avaient été élus au sein de la commission administrative par le congrès.
-Plus de 25 organisations estudiantines étrangères étaient présentes au congrès dont l'Union internationale des étudiants (UIE). Ces mêmes organisations et d'autres avaient accepté de participer à un séminaire international ayant pour thème «L'université et le développement» en juillet 1972 à Hammamet coorganisé par l'Uget et l'UIE. 
Ces organisations d'obédience communiste pour la plupart n'auraient certainement pas participé à ce séminaire s'il y avait le moindre doute sur la légalité des élections. 
Concernant les évènements de février 72, l'auteur invente une monstruosité qui n'a pas été à ce jour évoquée par tous ceux qui ont publié des articles sur le congrès de Korba. Je le cite : «Rendez vous avait alors été pris le 2 février à la faculté de droit et des sciences économiques».
Ainsi selon l'auteur après près de 6 mois  les masses(!) estudiantines s'étaient donné rendez-vous au campus pour organiser un congrès .Pour donner une certaine crédibilité à cette affirmation  l'auteur souligne que les étudiants  avaient commencé à s'activer dès la rentrée.
Pourtant la réalité était tout autre. J'ai moi même présidé une assemblée générale au campus au mois de novembre sans avoir été contesté, j'ai aussi présidé une assemblée générale à la Maison de Tunisie à Paris  en présence de toutes les tendances politiques; elle s'était déroulée normalement. Les activités de l'Uget étaient des plus ordinaires partout sauf dans certaines sections de la faculté des Lettres .
Comme pour le prétendu soutien du Parti à ma candidature, l'auteur a fait semblant d'ignorer comment s'étaient déclenchés les événements de février 72.
Ceux qui avaient vécu ces évènements savaient que les manifestations avaient été provoquées par l'arrestation début février 1972  de Simone Lellouche, une militante juive binationale du groupe «Perspective» condamnée par contumace à 2 ans de prison. Au terme du procès, le Tribunal décida son expulsion du territoire tunisien, les manifestations s'étaient alors transformées en contestation du bureau de l'Uget qui refusa son soutien à Simone Lellouche. Un appel à un congrès extraordinaire avait été lancé sous l'influence de certains militants destouriens exclus du Parti et du groupe «Perspective» .
En fait ce fut là la véritable tentative d'organisation d'un «putsch» sur la légalité.
Poutant soucieuse de sa représentativité, la commission administrative avait appelé à un congrès extraordinaire conformément à ses statuts, mais l'université fut fermée pendant plusieurs semaines; le 19e congrès n'eut lieu à Monastir que trois années plus tard, son ouverture fut présidée par M. Hédi Nouira (élection de Fitouri Mekki et Sadok Fayala). Le 20e congrès eut lieu à Bizerte (élection de Mahmoud Meftah), il fut ouvert par M. Mohamed Mzali et pour la première fois l'Uget fut élue membre de l'exécutif de l'Union internationale des étudiants (UIE). Ces congrès n'étaient pas moins représentatifs que le congrès de Menzel Témime auquel se réfère l'auteur.
Entre-temps, il y eut une scission au sein du mouvement estudiantin, un Cal-Uget, héritier des «cups» créés sur proposition du ministre de l'Education nationale à la rentrée 72-73 avait vu le jour .Pour rétablir la chronologie, ce sont les délégués des cups qui avaient discuté avec le gouvernement de la légitimité de la direction de l'Uget mais cela n' eut lieu qu' une année après les évènements de février 72.
Ni l'Uget légale ni le Cal-Uget ne pouvaient se soustraire au mouvement d'effritement des organisations estudiantines dans le monde ;partout ce genre d'organisation  s'était essoufflé, l'Uget ne pouvait  subir que le même sort. Le quasi-silence du Campus à l'occasion de la révolution  tunisienne en est la preuve éclatante. 
Le «18e congrès extraordinaire «organisé en 1988 sous la houlette de l'ancien régime  qui avait élu  Samir Labidi  aurait pour seul mérite de satisfaire  Aissa Baccouche qui avait largement parrainé ce congrès ; Aissa Baccouche n'avait jamais digéré sa propre démission et il voudrait faire croire à tous ceux qui n'avaient pas participé au congrès de Korba qu'après sa démission,  il n'y eut point d'autres secrétaires généraux que Samir Labidi. Pourtant les faits sont têtus et on ne peut pas s'entêter à vouloir les  falsifier éter-nellement.
L'historien rétablira, sur la base des archives, des enregistrements de la Radio et des documents appartenant au ministère de l'Intérieur, la vérité sur la légalité des élections au congrès de Korba et montrera que ce fut la première fois depuis longtemps qu'une direction de l'Uget était élue en dehors de l'intervention de la direction du Parti contrairement aux allégations contenues dans l'article.
Le congrès de Korba marquait-il le début d'un divorce entre la classe dirigeante et l'université ?
Il est incontestable qu'au fil des ans, l'Uget n'était plus  le seul creuset de la formation des élites dirigeantes avec l'existence  du lobby des énarques devenu de plus en plus puissant au milieu des années 70. Il faut regretter cependant que le militantisme étudiant était devenu sectaire aussi bien de la part des destouriens que de la part des autres courants politiques, notamment sous l'ancien régime .Le dialogue avait laissé la place à l'exclusion mutuelle par l'acharnement  des deux côtés contre la pluralité qui faisait la force et  le dynamisme de l'Uget ; ceci avait fini par faciliter la montée en puissance du lobby de l'ENA. N'ayant pas été formées à la seule école démocratique que fut l'Uget et formées exclusivement à l'ENA ,ces élites avaient favorisé sans aucun  doute le système dictatorial de l'ancien régime. Personne pourtant ne doit nier que l'Administration tunisienne, dont les cadres et les compétences sont formés à l'université tunisienne,  a préservé l'Etat de la déchéance au lendemain du 14 janvier. 


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