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Avec la libération de Abderrahim Zouari et Béchir Tekkari, à quoi joue Noureddine Bhiri ?
Publié dans Business News le 08 - 11 - 2012

Deux anciens ministres, figurant parmi les plus fidèles de l'ancien président Ben Ali, ont été libérés de prison à quelques jours d'intervalle, après plus de 14 mois de détention.
D'autres ministres, hauts cadres de l'Etat et personnalités se trouvent encore en prison depuis plusieurs mois en attente de leur procès. Ont-ils espoir d'être libérés à leur tour sachant qu'ils crient, tous, à l'injustice et dénoncent des procès politiques ?
La libération de Abderrahim Zouari et Béchir Tekkari donne espoir que la justice tunisienne commence à prendre, enfin, son indépendance du pouvoir politique et de la pression d'une certaine opinion publique. Une libération qui intervient à un moment où le pays négocie sa signature pour un accord privilégié avec l'Union européenne et où de plus en plus de voix dénoncent cette justice qualifiée de revancharde.
Alors que le monde entier pensait que la Tunisie d'après la révolution allait prendre le véritable chemin d'un pays démocratique, cette affaire des prisonniers de l'ancien régime jette comme un doute sur le sort que lui préparent ses nouveaux dirigeants.
S'il est indéniable que certains de ces prisonniers sont politiquement coupables, ils arrêtent de l'être, juridiquement parlant. Malgré les enquêtes et les investigations poussées, on n'a trouvé aucune trace d'un quelconque détournement d'argent public. Aucun enrichissement personnel. Aucune victime directe n'est venue saisir la justice, avec des preuves, pour se plaindre sérieusement de ces « sbires ».
A défaut de crimes et délits avérés, et vu qu'on a choisi de ne pas prendre l'impasse des procès politiques, comment maintenant expliquer que des figures emblématiques de l'ancien régime soient en prison en toute illégalité et que le régime actuel laisse faire ?
Les cas douteux sont nombreux. En voici un échantillon non exhaustif de ces prisonniers.
Abdelaziz Ben Dhia : Ancien ministre d'Etat, conseiller auprès du président de la République et porte-parole de la présidence, il est détenu depuis le 11 mars 2011. Il est considéré comme étant l'architecte de la politique despotique de Ben Ali et des amendements du texte de la constitution qui ont permis à l'ancien président de briguer un nouveau mandat.
Officiellement, il est détenu dans l'affaire dite du financement du RCD. On croit savoir qu'il n'y a rien qui le condamne et qu'il n'y a aucun enrichissement illicite le concernant.
Abdelwaheb Abdallah : ancien ministre conseiller auprès du président de la République, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien ambassadeur, il est détenu depuis le 11 mars 2011. Il est considéré comme la bête noire des journalistes et a été le principal architecte de l'appareil de propagande de Ben Ali en matière de répression des médias et du niveau dramatique du secteur de la communication en Tunisie.
Officiellement, il est détenu dans l'affaire de la Télévision tunisienne et dans l'affaire du RCD. On croit savoir que les dossiers sont vides et qu'il n'y a rien qui le condamne et justifie cette longue arrestation. On croit également savoir qu'il n'y a aucun enrichissement illicite.
Mongi Safra : Ancien conseiller du président de la République, chargé des affaires économiques, il est détenu depuis le 31 mai 2011. Il est cité dans plusieurs affaires, mais on ignore son degré d'implication. Il est considéré comme l'architecte des montages économiques douteux au profit de la famille Ben Ali, ayant conduit à leur enrichissement.
Nous avons cependant pu observer des documents officiels dans lesquels il attirait l'attention de Ben Ali sur l'illégalité de certains dossiers, avec la signature de l'ancien président qui insistait pour qu'on applique ses directives.
Cet enseignant universitaire jouit d'une excellente réputation dans le milieu économique et de recherche en Tunisie et on ne lui connait aucun enrichissement personnel. Quelques mois après sa détention, il a accusé des membres de la Commission des investigations sur la corruption, d'avoir falsifié des documents de dossiers adressés à la justice et d'avoir modifié ses propos, tenus devant ladite Commission, tout en retirant certains documents qu'il avait présentés. Aucune suite connue n'a été donnée à cette requête.
Mohamed Ghariani : Ancien secrétaire général du RCD, parti au pouvoir et véritable machine politique de Ben Ali, il est détenu depuis le 11 avril 2011. Juste avant la révolution, il a levé le pied et a refusé de mobiliser ses troupes pour soutenir l'ancien président entre décembre 2010 et janvier 2011. Idem après la révolution, il a laissé faire espérant un changement de régime avec la préservation du système et du parti.
Officiellement, il est détenu dans l'affaire du RCD. On croit savoir que les dossiers sont vides et qu'il n'y a rien qui le condamne et justifie cette longue arrestation. On croit également savoir qu'il n'y a aucun enrichissement illicite.
Rafik Haj Kacem : Ancien ministre de l'Intérieur et un des principaux architectes et exécutants de la machine répressive de Ben Ali, il est détenu depuis janvier 2011. Il est déjà condamné dans une série d'affaires touchant les meurtres commis lors de la révolution. L'intéressé se défend et rappelle qu'il n'a fait qu'appliquer la loi.
Paradoxalement, l'actuel ministre de l'Intérieur, Ali Laârayedh, a appliqué cette même loi et il y a eu, au moins, sept morts, sous son mandat.
Ali Sériati : Ancien directeur de la garde présidentielle, il est détenu depuis le 14 janvier 2011. C'est lui qui a poussé Zine El Abidine Ben Ali à la porte de l'avion pour quitter le territoire tunisien. On dit (rien n'est confirmé) qu'il soupçonnait un coup d'Etat et qu'il sait un peu trop de choses sur cette fameuse journée du 14 janvier.
Officiellement il a été condamné dans l'affaire des martyrs et n'est donc plus considéré comme détenu d'une manière illégale. Sauf qu'il y a un témoignage de taille qui joue en sa faveur, celui de Moncef Marzouki, actuel président de la République. M. Marzouki a déclaré, lors d'une cérémonie officielle, que la garde présidentielle est propre et n'a jamais été impliquée dans un quelconque meurtre lors de la révolution. Comment alors expliquer que la garde soit propre, alors que son chef soit impliqué ?
Rafaâ Dekhil : Ancien ministre de la Communication et ancien PDG de Tunisair et de la Compagnie des phosphates de Gafsa, il est détenu depuis le 5 juin 2012. Sa gestion un peu trop rigoureuse du dossier de Tunisair et de la CPG lui a créé beaucoup d'ennemis au sein du personnel de ces deux entreprises. Au ministère de la Communication, il s'est créé quelques ennemis chez les journalistes, notamment auprès de membres de l'actuel bureau du syndicat, victimes du putsch de 2007, dont il était l'instigateur.
Officiellement, il est détenu dans une affaire d'emploi fictif au sein de Tunisair. Une nièce de Ben Ali a été recrutée par un de ses prédécesseurs et n'a jamais rejoint son poste au bureau de Tunisair à Paris. Curieusement, plusieurs autres PDG qui l'ont précédé se trouvent en liberté, alors que la principale intéressée est à Paris. On croit savoir qu'il n'y a aucun enrichissement illicite.
Nabil Chettaoui : Ancien PDG de Tunisair et de l'OACA, il est détenu depuis le 5 juin 2012. Son cas est quasi identique à celui de Rafaâ Dekhil. Sa gestion un peu rigoureuse et sa vision libérale lui ont créé un bon nombre d'ennemis. Trois jours après la révolution, il a limogé tous les membres de la famille Ben Ali qui lui étaient imposés au sein de la compagnie, y compris la fameuse nièce. Pourtant, il est détenu pour l'emploi fictif de cette femme. On croit savoir qu'il est touché par d'autres dossiers, mais que ces dossiers ne justifieraient pas son arrestation provisoire. Aucun enrichissement personnel n'aurait été attesté. Comme tous les autres, il attend encore son procès.
Habib Ben Slama : Ancien directeur central du produit et ancien directeur de l'antenne Tunisair en France. Il est détenu depuis le 5 juin 2012 pour la même affaire que Rafaâ Dekhil et Nabil Chettaoui, alors que tous les autres directeurs de l'antenne française se trouvent en état de liberté. On croit savoir qu'il n'y a aucun enrichissement illicite pour son cas.
Sami Fehri : Producteur de télévision à succès, ancien associé de Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali, il est détenu depuis le 30 août 2012. Interrogé à plusieurs reprises entre 2011 et 2012 par le doyen des juges d'instruction, il a réussi à démontrer l'origine de ses fonds et la légalité de ses actions. Les principales figures du gouvernement actuel et le président de la République ont répondu à ses invitations pour passer à l'antenne de « sa » chaîne de Télévision Ettounsiya, qui a très rapidement caracolé en tête de l'audimat et qui s'est distinguée, les semaines précédant son arrestation, par ses émissions osées qui ne ménagent personne, notamment l'actuel pouvoir.
Officiellement, il est détenu dans l'affaire de la Télévision tunisienne. Curieusement, les principaux accusés, à savoir les anciens PDG de l'Etablissement, sont tous en état de liberté.
D'autres ministres et hauts responsables sont également détenus. Nous ne les citerons pas vu que, pour certains d'entre eux, on croit savoir qu'ils seraient réellement impliqués dans des affaires douteuses et qu'il y aurait eu de l'enrichissement personnel.
Idem pour les membres de la famille et la belle-famille de Ben Ali, dont la majorité serait réellement impliquée. On notera cependant que certains sont condamnés pour consommation de drogue (alors qu'ils nient formellement à l'instar de Sofiène Ben Ali) et que d'autres sont condamnés pour émission de chèques sans provision, alors que leurs comptes bancaires ont été gelés et leurs biens saisis.
Selon plusieurs observateurs politiques, la libération de Abderrahim Zouari et de Béchir Tekkari va ouvrir la voie à la libération d'autres prisonniers dits politiques ou considérés comme tels, puisque légalement leur détention ne saurait dépasser les 14 mois. A moins qu'on ne leur reproche de nouvelles affaires, dans de nouvelles instructions, auxquels cas on peut reconduire la détention pour 14 autres mois. Cela semble être le cas pour Abdelwaheb Abdallah, Abdelaziz Ben Dhia et Mongi Safra qui ont été convoqués le 7 novembre par le juge d'instruction pour une nouvelle affaire, sans qu'il n'y ait émission de mandat de dépôt cependant.
Cela dit, les pressions aussi bien extérieures qu'intérieures pour que la justice obtienne son indépendance semblent avoir poussé le pouvoir exécutif à lâcher du lest. Surtout, il y a cette signature de convention de partenariat privilégié avec l'Union européenne qui a pesé dans cette démarche. On le sait, cette signature devait l'être depuis des années et elle a été bloquée pour deux raisons : l'indépendance des médias et de la justice et le respect des droits de l'Homme. Zine El Abidine Ben Ali criait sur tous les toits que ces deux secteurs étaient indépendants, personne ne le croyait. Après la révolution, la Troïka mène un discours identique. Si les prémices d'une indépendance des médias est là et bien là, il en est autrement pour la justice. Avec ces deux libérations, et les probables autres qui devraient suivre dans les prochains jours, le pouvoir (et spécialement Ennahdha) préparent le terrain pour l'indépendance réelle du pouvoir judiciaire.
Reste à convaincre leurs bases, leurs partenaires du CPR et ceux de la présidence de la République (réf aux propos de Mansar) où l'on tient à une justice revancharde à l'encontre des figures de l'ancien régime, quitte à ce qu'il y ait des injustices.
Noureddine Bhiri, ministre de la Justice, semble avoir été rattrapé par la voix de la raison et a choisi la justice juste et indépendante. Est-il sincère ou est-ce une simple tactique de sa part pour gagner du temps ? On le saura dans les prochaines semaines.


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