Hier soir, 29 novembre 2012, Salha Ben Aicha, élue d'Ennahdha à l'Assemblée constituante, a tenté d'intimider Fatma Gharbi, également députée et démissionnaire d'Ettakatol, dans les couloirs de l'Assemblée constituante, selon une déclaration de Fatma Gharbi à Business News. En effet, les deux députées élues dans la circonscription de Nabeul 2, ont eu quelques différends au sujet des délégations spéciales de leurs circonscriptions, Fatma Gharbi reprochant au parti islamiste de vouloir mettre la main sur lesdites circonscriptions. Ces reproches, exprimés publiquement, auraient déplu à Salha Ben Aicha, avocate de profession, qui a menacé sa collègue de porter plainte contre elle : « Elle est venue me voir pour me demander de cesser de critiquer les nominations au sein des délégations spéciales, autrement elle porterait plainte contre moi. Elle n'a pas précisé l'objet de sa plainte mais a bien souligné qu'elle connaissait les juges ! », témoigne Fatma Gharbi. « Ce climat malsain consistant à intimider les députés pour leurs prises de position et leurs critiques est à déplorer et il faut que cela cesse. Sur le coup, j'étais choquée et n'ai rien trouvé à répondre à ses intimidations, par la suite j'ai déposé une plainte auprès de Mustapha Ben Jaâfar, au bureau de l'Assemblée, mais je n'ai toujours pas eu de réponse », poursuit la députée.
Rappelons que selon l'article 21 de l'Organisation provisoire des pouvoirs publics, concernant les collectivités locales, « les conseils municipaux, les délégations spéciales, les conseils régionaux et les structures auxquelles la loi confère la qualité de collectivité locale, exercent leurs fonctions conformément à la loi jusqu'à sa révision par l'Assemblée Nationale Constituante ». Cependant, le chef du gouvernement a le pouvoir, après consultation des présidents de la République et de l'Assemblée, ainsi que des députés de la région, de dissoudre ces délégations et d'en nommer d'autres, uniquement « en cas de besoin ». Pourtant ces nominations se multiplient et plusieurs députés du bloc démocratique, parmi lesquels Noômane Fehri, élu de la circonscription de Nabeul 1, avaient condamné la volonté de la Troïka au pouvoir de nommer ses représentants dans de nombreuses délégations, tout en écartant les élus de l'opposition de toute prise de décision. « Ceci est le début d'un "cas d'école" de despotisme : Comment passer d'une légitimité de 40% à une légitimité de presque 100% en manipulant les instances démocratiques », avait-il déclaré en juin dernier.
« Ennahdha tente d'avoir une mainmise sur les municipalités et les collectivités locales. A Nabeul par exemple, le dialogue est difficile et tendu, depuis la nomination du gouverneur affilié au parti islamiste. Mais ces critiques dérangent et voilà qu'à présent on menace les députés de poursuites judiciaires lorsqu'ils les expriment », s'est indignée Fatma Gharbi.