Dans le hall de l'Assemblée constituante, le calme règne. Vers 16h30, une voix s'élève, provenant d'une des salles alentours, réservées aux réunions des commissions, c'est celle de Samia Abbou. Deux minutes plus tard, Zied Laâdhari, vice-président de la commission des pouvoirs exécutifs et législatifs sort. Que se passe-t-il, pourquoi Samia Abbou est-elle en train crier ? « Rien, elle ne crie pas, elle parle juste fort », répond, avec une pointe d'ironie, M. Laâdhari. Sortant à son tour de la salle, Samia Abbou est furieuse. Elle hurle à qui veut l'entendre que cela ne se passera pas comme ça, que ce qui vient de se passer est très grave et qu'elle s'en va le faire savoir au président de l'Assemblée constituante. D'autres élus autour d'elle s'attroupent, discutent, polémiquent.
Que s'est-il passé ? Le bureau de l'Assemblée constituante a imposé à la commission en question (qui a accumulé le plus de retard, alors que la plupart des autres commissions ont rendu leur rapport), d'achever, aujourd'hui, 23 novembre 2012, la première phase de ses travaux, afin que le comité mixte puisse l'étudier, de nouveau. Seulement, après 2 heures de travail et l'inscription des différents amendements que chacun des élus voudrait apporter, seuls sept députés sont encore présents. Fatma Gharbi et Oussama Al Saghir, notamment, devaient assister à l'audition de Noureddine Bhiri, au sein de la commission législative dont ils sont membres, celle des droits, libertés et relations étrangères. D'autres élus d'Ennahdha sont également absents ou assistent, sans raison particulière, à l'audition du ministre de la Justice. « Cette absence massive des députés d'Ennahdha a incité le rapporteur général de notre commission, Salha Ben Aïcha, élue d'Ennahdha, à refuser de signer les différentes propositions inscrites, et à vouloir lever la séance, prétextant le fait qu'il n'y avait pas suffisamment de députés », explique Aymen Zouaghi, également membre de la commission en charge des pouvoirs exécutifs et législatifs. « Alors que Zied Laâdhari qui présidait la séance, était tout à fait conciliant, Mme Ben Aïcha ne savait pas quoi faire, elle faisait des allers-retours, téléphonait à ses collègues pour savoir quelle position prendre, avant de refuser de signer le rapport », ajoute le député.
Amor Chetoui, président de la commission, arrive enfin ; il participait à une rencontre avec une délégation libyenne en visite en Tunisie. « Que se passe-t-il encore ? », s'enquiert-il. Et Samia Abbou de lui expliquer, révoltée : « Elle a refusé de signer ! C'est un dépassement très grave au Règlement ! Quand Ennahdha n'est pas là, nous devons nous arrêter de travailler ? Cette commission ne s'appelle pas la commission d'Ennahdha ! C'est la commission des pouvoirs exécutifs, législatifs et des rapports entre eux ! ». « La plus importante ! », renchérit Aymen Zouaghi qui suivait une Samia Abbou en furie, dans ses allées et venues. Finalement, Amor Chetoui signera les PV en question et Samia Abbou quittera les lieux, promettant qu'elle ne comptait pas en rester là.