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Basma Khalfaoui, une grande femme derrière un grand homme
Publié dans Business News le 13 - 02 - 2013

En tuant Chokri Belaïd, dirigeant du Front populaire, assassiné le 6 février 2013, par des balles dont l'auteur est encore inconnu, on a fait de la figure politique un emblème, celui d'une Nation meurtrie mais forte et solidaire.
Au lendemain de cet assassinat, les Tunisiens, encore sous l'impact du choc qu'a été cet acte honni de tous ou presque, ont découvert la veuve de Chokri Belaïd, l'avocate Basma Khalfaoui.
Alors que tout un peuple pleurait son défunt époux, fils regretté de la Tunisie, au delà de toute divergence politique ou de conflits partisans- ou presque-, Basma Khalfaoui s'est présentée à nous, via certains médias, digne et vénérable.
S'adressant à l'ensemble des Tunisiens avec beaucoup de retenue, elle a marqué les esprits par son discours calme et réfléchi et par son attitude forte et touchante, à la fois.
L'image de cette veuve affectée, mais solide, nous a dressé un nouveau visage de la Tunisie, celle que nous voulons instaurer, une Tunisie qui dépasse les différences, suscitant, malgré la douleur, la déférence et le respect de tous.
Selon Basma Khalfaoui, intervenue sur une des émissions de la chaîne Ettounsia, dimanche 10 février, le temps n'est point aux écoulements de chagrin, ni à la manifestation de la douleur face à une telle perte, le temps est à la réflexion, à la prise de décision, le temps est à l'action.
Elle n'aura de cesse de dire, à travers les médias nationaux et internationaux, l'importance de dépasser l'aspect affectif de l'impact de l'assassinat de Chokri Belaïd pour passer à un impact factuel capable de mener à un changement apte à faire améliorer les choses et à influer sur la conjoncture politique.
Les demandes de Mme Khalfaoui ont été clairement énoncées : retrouver les assassins de son mari, mettre fin au climat d'insécurité et faire évoluer le paysage politique en tenant compte des revendications populaires.
Sur un plan humain, cette Tunisienne nous est apparue comme une femme hors-norme. Elle aura su laisser de côté sa douleur d'épouse et de mère et mettre en avant la citoyenne qu'elle est. Bravant l'abattement qu'une telle situation implique, elle brandissait le « V » de la victoire le jour de l'assassinat de Chokri Belaïd, à l'avenue Habib Bourguiba, lors de la marche qui se voulait pacifique, mais qui a tout de même dégénéré le 6 février, jour du meurtre.
Beaucoup ont pensé qu'elle était sous le choc en ne voyant pas les larmes de la veuve Belaïd, en n'assistant à aucun épanchement lyrique dans ses discours, en ne décelant pas, dans sa manière d'être, le moindre signe de défaillance. A travers un comportement non usuel et en inadéquation totale avec la norme, Basma Khalfaoui a fait preuve d'une lucidité extrême et d'une nature réfléchie et pondérée.
Dès l'annonce de la date de l'enterrement, elle a énoncé à travers Maya Ksouri, avocate et chroniqueuse de la chaîne Ettounsia, sa volonté que des femmes viennent au cimetière pour un dernier hommage à Chokri Belaïd. Des milliers de Tunisiennes ont répondu présentes faisant ainsi entorse aux coutumes tunisiennes et aux impératifs religieux. Hommes ou femmes qu'importent le sexe et l'appartenance, nous étions tous Tunisiens pour faire un dernier adieu à un des nôtres.
Le jour de l'enterrement, vendredi 8 février, Basma Khalfaoui était à bord du camion militaire qui transportait le corps de feu Belaïd jusqu'au cimetière d'El Jellaz. Comme elle l'a déclaré sur la chaîne de télévision Nessma, samedi 9 février, en voyant l'immensité de la foule qui accompagnait le cortège funéraire, elle avait éprouvé un sentiment de fierté qui surpassait la douleur de la perte. On l'a vue chanter, avec un ton solennel, l'hymne national. On l'a vue, par la suite, poussant un youyou à l'instar des femmes présentes en l'honneur de Chokri Belaïd, considéré comme un martyr.
Basma Khalfaoui a échangé, volontairement, le confort de l'anonymat contre la lourde charge que requiert le fait d'être un personnage public. Elle a échangé, ne serait-ce que partiellement, son statut de mère éplorée contre celui de citoyenne plus que jamais engagée.
Cette femme, à l'air impassible, a décidé de continuer à œuvrer pour la cause qu'a défendue Belaïd et qui a précipité sa perte. Elle a décidé aussi d'œuvrer au nom d'une autre cause dont la réalisation ne dépendra pas que de sa volonté et de son acharnement mais de celui de tout un peuple : identifier les auteurs du crime et surtout ses commanditaires.
Sur le plateau de Nessma Tv, le samedi 9 février, Mme Khalfaoui a demandé à ce qu'elle soit protégée ainsi que ses deux filles et à ce que l'Etat assure sa sécurité et son droit- vis à vis de la Tunisie et de ses institutions- de mener une vie sereine, loin de toute menace qui pourrait affecter sa vie de femme et de mère.
Elle s'est dit déterminée pour continuer le combat « malgré le poids de la perte de Chokri Belaïd, malgré l'amour qu'elle a pour lui, malgré ce qu'est le fait de perdre le père de ses enfants; si cela peut rendre la Tunisie meilleure, ce serait un sacrifice consenti ».
Lundi 11 février, Mme Khalfaoui, la combattante et la révolutionnaire, a été manifester sa colère de citoyenne devant l'Assemblée nationale constituante. Revendiquant le départ du gouvernement, elle a attiré, encore une fois, le regard quelque peu dissipé des Tunisiens encore sous le poids du choc sur les impératifs de la période délicate que connaît le pays. En effet, au point où les choses sont arrivées, il ne suffit plus d'attraper les assassins, mais de mettre à bas un système dont les défaillances ont été prouvées plus d'une fois.
Mardi 12 février, une semaine après le meurtre de son « compagnon de route, collègue et père de ses deux filles », comme elle le dit si bien, Basma Khalfaoui a décidé de se rendre chez la veuve de Lotfi Zar, agent de police tué lors des troubles qui ont suivi les manifestations sorties spontanément suite à l'annonce du meurtre de Chokri Belaïd. Cette attention d'une grande noblesse est d'autant plus appréciable qu'elle survient à un moment où certains se sont mis à exploiter politiquement, voire d'une manière partisane cet accident fatal et regretté par tous les Tunisiens loin de toute obédience politique.
Il apparaît dès lors évident que tuer le chef de file d'une pensée révolutionnaire qui s'est distingué par son opposition au système en place n'aura pas suffi à faire taire la parole libre. Loin de faire oublier les positions de Chokri Belaïd quant aux islamistes, elle les a fait plus que jamais ressurgir sur les devants de la scène faisant de l'homme politique qu'il aura été un martyr de la Nation et une icône dont la symbolique dépassera, à coup sûr, la conjoncture actuelle. Tuer Chokri Belaïd a fait ériger une seconde figure tout aussi impressionnante, celle de Basma Khalfaoui qui saura « continuer le parcours » comme elle le dit. L'important sera, toutefois, que cette Dame préserve son image en évitant la surexposition médiatique car, à trop s'exposer, l'image implose.
Solide comme un roc, Mme Khalfaoui a honoré la mémoire de Chokri Belaïd par sa manière d'être et sa façon d'agir. Elle a, ainsi, marqué l'étape historique par laquelle nous passons. Cependant, l'air grave de cette Dame, loin d'être réconfortant, nous rappelle que l'heure est grave, que la conjoncture est délicate et qu'elle ne tolère aucune dissipation et aucun égarement d'ordre émotionnel.
Crédit photo : www.guillaumebriquet.com


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