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Tunisie - Sami Fehri, 100 jours de détention illégale : notre « Diego » s'accroche !
Publié dans Business News le 08 - 03 - 2013

Cela fait cent jours que Sami Fehri est écroué illégalement à la prison d'El Mornaguia. Cent jours durant lesquels les avocats de Sami Fehri n'ont eu de cesse de revendiquer sa libération en vertu d'un jugement émis par la Cour de Cassation en date du 28 novembre 2012. Cent jours durant lesquels les institutions et les organisations nationales et internationales dénoncent et s'indignent de cette injustice incisive dont est victime Sami Fehri. Cent jours durant lesquels avocats, magistrats et hommes de loi font le procès à des pratiques que tous croyaient disparues après l'ère Ben Ali.
Cela fait cent jours que l'ex-ministre de la Justice, du nom de Noureddine Bhiri, fait la sourde oreille aux appels à la libération de Sami Fehri, et se claquemure dans son injustice à déballer des prétextes absurdes. Cela fait cent jours que Sami Fehri, ses proches, ses amis, ses avocats et fervents supporters de la justice, armes « légales » aux poings, livrent un combat féroce pour briser le mystère et le silence du ministre autour de cette affaire.
Le 18 décembre 2012, accablé par un sentiment d'injustice et par l'inaction des autorités compétentes, Sami Fehri entame une grève de la faim sauvage tout en déclarant : « je sortirai de prison mort ou vivant ». Il quittera sa cellule, quelques jours plus tard, pour être hospitalisé en soins intensifs.
Sami Fehri est une figure médiatique célèbre, il s'est distingué à travers ses émissions télé qu'il a réussies avec brio, un succès que nul ne peut contester, un succès qui lui a valu la sympathie de la majorité écrasante de la population. Aujourd'hui, Sami Fehri est tristement célèbre pour son incarcération injuste qui revêt un caractère politique. Hélas, elle l'est devenue, car l'acharnement injustifié mais surtout incompris du ministre de la Justice trouve ici tout son sens. Sami Fehri était l'associé de Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, et c'est là que tous s'accorderont à dire qu'il était l'associé du diable, que celui qui lui servait de caution « morale » mais encore « matérielle » devient aujourd'hui une taxe à payer au prix de sa liberté.
Sami Fehri n'est pas un accusé ordinaire, son association « douteuse » aurait bien l'air de lui coûter fort cher : elle lui coûte, surtout et jusqu'à présent, sa liberté. Parce que les inculpations portées à son encontre serviraient bien cette théorie. En effet, s'il croupit encore en cellule en dépit de l'ordre de la Cour de Cassation pour sa libération, comment peut-on alors croire au contraire ?
D'autres hauts responsables de l'Etat et anciens ministres se retrouvent, en ce moment même, derrière les barreaux, en détention préventive depuis plusieurs mois, ils attendent, toujours, leurs procès. Ce sont les Abdelaziz Ben Dhia, Abdelwaheb Abdallah, Mohamed Ghariani, Nabil Chettaoui, et notamment Ridha Grira. Il ne s'agit pas de prendre la défense de ces figures ; elles sont certes impliquées d'une certaine manière, mais cela est uniquement du ressort de la Justice.
Néanmoins, il convient de mettre en évidence, toujours par souci de justice, que garder ces figures de l'ancien régime otages de la volonté de pénaliser le supposé mal qu'elles auraient causé au peuple tunisien, est loin d'être équitable. Qu'il y ait alors autant de procès qu'il en faudra, du moment où dame Justice sera des nôtres.
Cent jours que Sami Fehri illustre un modèle de la Justice tunisienne qui fait honte, car il s'agit d'une justice déguisée, une justice qui prétend ne pas bafouer les droits de l'Homme et pourtant…Peut-être se sont-ils arrêtés aux portes de la garde à vue ? Allez savoir.
Nous nous sommes interrogés à quoi ressemblent les jours de Sami Fehri derrière les barreaux.
Sonia Dahmani, l'une des avocats de Sami Fehri nous a confié, à travers quelques détails, son quotidien d'entre les murs et dans les couloirs de sa prison. Pour le producteur télé, il y a eu un avant et un après 28 novembre 2012. Dans la phase avant, Sami Fehri avait un excellent moral, il avait une assez grande confiance en la Justice, il se savait innocent et ne craignait pas d'être jugé. Il meublait ses journées en faisant beaucoup de sport, en préparant son procès qui se faisait d'ailleurs désirer et il tenait aussi une bonne hygiène de vie.
Le premier bémol et qui a sonné telle une alerte rouge : lorsque la présidente de chambre de cassation a été accusée de corruption dans l'affaire de Sami Fehri, c'est alors qu'il a commencé à craindre le pire. Et alors, il est devenu clair qu'un coup tordu commençait à se préparer. De ce fait, et selon Sonia Dahmani, la décision de garder Sami Fehri sous écrous illégalement aurait été prise à Montplaisir et les composantes de la Troïka continueraient complices par leur silence assourdissant et leur inaction déshonorante.
Et puis, il y a la phase de l'après. Le moral de Sami Fehri a été fracassé, il arrivait à la porte de sortie de sa prison lorsqu'une décision de le maintenir encore en détention tombait comme un coup de massue. Il a perdu du poids, beaucoup de poids, il a entamé une grève de la faim sauvage et puis s'est résolu à y renoncer de crainte des risques pour sa santé. La direction générale des prisons n'a pas lésiné sur les moyens pour faire le mauvais temps durant le séjour de Sami Fehri : au lendemain de l'intervention de son avocate Sonia Dahmani à la télévision et de la visite de Saida Akremi, épouse du ministre de la Justice, Sami Fehri a eu droit à une fouille complète de sa cellule, pour ordonner par la suite son transfert à une autre avec pour codétenus des criminels de droit commun ayant de très lourdes peines à purger. C'est grâce à la sympathie qu'il suscite et à sa manière de se faire respecter, que Sami Fehri n'a pas été victime jusqu'ici d'une maltraitance quelconque de la part de ses camardes de chambrée. Cependant, la punition ne s'est pas arrêtée à ce niveau : on interdit à Sami Fehri de bénéficier de visites familiales directes, c'est-à-dire sans les vitres et le téléphone du parloir. Cette privation enfonce davantage le sentiment de manque par rapport à sa famille.
Sami Fehri essaie tant bien que mal de tirer profit de son incarcération, il doit se dire : « je suis là pour je ne sais combien de temps encore, je ne voudrai pas les laisser m'atteindre, alors je vais m'accrocher à ce qui fait ma force : mon travail ». Il devrait être bien inspiré et au sortir de sa prison, ce sera à son tour d'atteindre bien plus de gens qu'il pourrait nous être donné de penser.
Les avocats de Sami Fehri ont demandé une audience pour la deuxième quinzaine du mois de mars courant, ils espèrent l'obtenir, et, dans le cas contraire, les contours de la théorie du complot s'éclairciront de plus belle.
Penser à la situation de Sami Fehri, nous renvoie, presque d'instinct, à l'esprit cette chanson de Michel Berger : « Diego », derrière des barreaux pour quelques mots qu'il pensait si fort, Dehors il fait chaud, des milliers d'oiseaux s'envolent sans effort. Quel est ce pays où frappe la nuit la loi du plus fort ? ». Diego représente les milliers d'opposants au régime de dictature en Amérique Latine qui sont arrêtés, torturés, déportés ou exécutés.
Sami Fehri est un peu notre Diego, il ne s'est pas battu contre la dictature de Ben Ali, mais il se bat aujourd'hui contre la dictature de la Justice tunisienne, contre la loi du silence. Il est libre dans sa tête, derrière sa fenêtre, avec le sentiment de se battre contre des moulins à vent.


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