Au-delà des griefs d'ordre pénal imputés à Sami Fehri, dossier relevant de la justice qui tranchera, présomption d'innocence oblige, il y a lieu de relever une volonté du Ministère de la Justice d'agir dans l'opacité et de cultiver la confusion, soulevant maintes interrogations pour le commun des tunisiens, par forcément au fait des procédures, des textes et des lectures juridiques. Par contre, le constat est là, Sami Fehri reste à ce jour écrouée au prix de grands écarts juridictionnels, d'une fâcheuse succession de décisions et contre-décisions, et ce malgré les arrêts favorables de la Cour de Cassation, l'instance la plus habilitée à traiter et à se prononcer sur ce cas de figure. Ainsi la libération, somme toute légale et justifiée, de Sami Fehri est reportée sine die sinon renvoyée aux calendes grecques, au mépris de la justice et au grand dam de ses parents, proches et avocats. Là, il ne s'agit plus de phases et considérations liées au processus juridique proprement dit, auquel cas l'opinion publique en serait convaincue, mais de torture morale, de destruction psychologique et de velléité de briser un être humain, pour des raisons ténébreuses et insaisissables dont personne ne connait la nature et, encore moins, l'argumentaire. Vouloir broyer un homme dans les engrenages et les spirales de l'appareil de justice, ce n'est ni équitable ni légal ni probe ! Faut-il se contenter, faute de mieux, à une justice nationale à deux vitesses et à double voire multiple tête, ou recourir aux instances internationales pour soumettre le cas de Sami Fehri avec les incohérences et les manquements et les défaillances observés en vue d'obtenir enfin justice et, du moins, d'arrêter l'acharnement et le supplice moral et physique dont le bonhomme est l'objet ? Faut-il que ses parents et proches soient acculés à faire une grève de la faim, la mode actuellement en Tunisie et un moyen de pression non moins efficace, pour faire entendre vraiment leur voix et mettre l'ambigüe et douloureuse affaire de Sami Fehri sur le devant de la scène ? Un homme livré à lui-même contre l'implacable appareil de l'Etat, situation intenable pour la dose de cruauté qu'elle comprend. Ce n'est plus de la détention, c'est tout bonnement une mise en otage, une démonstration de force dont le déséquilibre n'a d'égal que l'illégalité. D'ailleurs, comment se fait-il que la chambre des mises en accusation se magne à ce point pour émettre aujourd'hui, à l'encontre de Sami Fehri, un nouveau mandat de dépôt alors qu'il est encore sous les verrous ? On dirait qu'on a trouvé la bonne parade pour le maintenir en détention et couper la route à tout nouveau recours de mise en liberté. Tous les moyens détournés et coups tordus sont bons parait-il pour que Sami Fehri moisisse derrière les barreaux, voué à l'opprobre et à la vindicte populaire. Ne s'agit-il pas, tout compte fait, d'une vendetta institutionnelle et d'une parodie de justice ? Face à un tel acharnement d'un autre âge, il est à espérer que Sami Fehri reste debout, ne cède pas et ne chancelle pas. Le combat est disproportionné, c'est un défi à relever. Certes, c'est plus facile à dire qu'à faire, quand on ajoute la souffrance de la persécution au calvaire de l'emprisonnement. Tout un chacun, épris de justice et de liberté, est de tout cœur avec Sami Fehri dans cette épreuve. Il n'appartient à personne pas de le juger, il répondra de ses actes, c'est à la justice de statuer, en son âme et conscience, dans l'indépendance et l'impartialité souhaitées. Pour le reste, la moindre des principes consiste à soutenir l'homme dans sa quête de justice, à apporter l'appui nécessaire à un tunisien, victime d'arbitraire et soumis depuis des mois à une insoutenable et néanmoins injustifiable torture morale et physique. Derrière le dossier de Sami Fehri, un producteur brillant et un professionnel hors pair, se faufilent-elles des motivations politiques et commerciales, compliqué par un dispositif de justice qui ne cesse de se léguer telles de tenailles sur lui ! Même le Directeur de la prison, on vient de l'évincer, serait-il jugé coupable d'avoir commis quelques sentiments humains ou élans de sympathie à l'égard de son détenu ?Le doute est permis tant toute l'affaire ne brille par sa transparence, par sa légalité et par sa loyauté. En réaction concrète et comme initiative opérationnelle face à un tel déni de justice et un tel insidieux acharnement, pourquoi ne pas constituer un groupe de pression ”Amis de Sami Fehri” pour desserrer l'étau et contraindre la justice tunisienne à assumer son mandat et sa responsabilité, et par là, le gouvernement à s'en tenir étroitement à ses fonctions régaliennes. Bon courage, vieux, tiens bon, tu en reviendras plus fort !