Depuis le 12 Mars 2013, les immolations de jeunes désespérés et désillusionnés reprennent! Ironie du sort, l'horreur revient le jour même où un nouveau gouvernement a été soumis au vote de confiance de l'ANC. Après la démission du gouvernement Jebali qui a lui-même admis l'échec d'un gouvernement à connotation politique et a voulu former, sans y parvenir malheureusement, un gouvernement de compétences politiquement neutres, voila que le nouveau gouvernement de M. Laârayedh reproduit les mêmes causes qui ont conduit à l'échec du premier, ouvrant de nouveau la voie au désespoir et aux désillusions qui poussent nos jeunes à s'immoler. Que de populisme et d'incompétence que nous ne pouvons plus nous permettre de tolérer et de subir sous le prétexte d'une légitimité mal comprise. La légitimité à elle seule étant loin de suffire si elle n'est pas accompagnée de la performance qui permet de construire la crédibilité et d'instaurer la confiance. Or, il y a eu bien trop de morts et de sang qui a coulé dans le but de faire évoluer la situation de notre pays pour continuer à accepter cet effritement de notre Etat qui nous mènera inévitablement vers la faillite et la banqueroute si nous continuons à multiplier les échecs entrainant des impacts incalculables sur notre présent et mettant en otage l'avenir de nos enfants, alors que seule une démocratie authentique basée sur le mérite, la performance et la croissance, peut nous sortir de là. Il est donc impératif de marteler encore et encore que les élections ont eu lieu pour la rédaction d'une nouvelle constitution que nous voulons meilleure que la première et surtout inviolable. Bâcler la rédaction de cette constitution sous prétexte de mauvaise gouvernance relève de l'irresponsabilité. Cessons donc de mettre des pressions à l'infini sur l'ANC, c'est au niveau gouvernemental que les pressions doivent être exercées. En tant que républicains démocrates respectueux de la légitimité, nous nous devons de respecter les résultats des urnes et de soutenir l'ANC dans l'exercice de ses fonctions dans la sérénité. Les constituants ont été élus parmi toutes les franges sociales et politiques de la population dans le but de représenter tout le peuple tunisien, mais aussi pour que la constitution soit le fruit d'un travail collectif que les différents groupes parlementaires et leurs électeurs défendront à tout prix contre tout futur amendement abusif du pouvoir. Ceci explique en grande partie les retards pris par l'ANC car nos élus ayant des visions différentes, parfois même carrément opposées et n'étant pas des experts en la matière, ils se doivent de prendre le temps de s'informer et de dialoguer en profondeur pour arriver au meilleur des consensus afin d'éviter un référendum dont les conséquences pourraient être lourdes, telle que la réélection d'une nouvelle assemblée constituante. Il est donc préférable d'accorder à l'ANC le temps nécessaire à la rédaction d'une constitution consensuelle stable et inviolable plutôt que de prendre le risque d'un référendum dont les conséquences seraient imprévisibles. Maintenant si les constituants sont impérativement élus, il n'en est pas de même du tout pour le gouvernement. Le gouvernement est tenu par des résultats et se doit de rendre compte aux citoyens de ses performances ou de ses échecs. En cela je salue Mr Hamadi Jebali pour avoir eu l'honnêteté de tirer la sonnette d'alarme et d'aller jusqu'à démissionner de son poste lorsqu'il a compris qu'il faisait fausse route. Par contre je m'insurge contre Ennahdha et ceux qui l'ont soutenue pour empêcher Mr Jebali de mener son initiative à bon port. En effet un gouvernement, surtout en période de transition démocratique, se doit d'être constitué de compétences politiquement neutres capables de gérer convenablement les affaires courantes, de protéger les acquis républicains, d'assurer la sécurité pour tous, de démarrer la justice transitionnelle en toute impartialité tout en relançant l'économie épine dorsale de notre stabilité, le tout afin de nous mener vers de nouvelles élections libres et transparentes désignées cette fois-ci à élire un chef d'état et un gouvernement durables en fonction du système politique qui sera adopté par la constitution. Aujourd'hui, nous avons besoin d'un gouvernement qui assure le temps nécessaire durant lequel la constitution doit être rédigée dans la sérénité d'autant que l'opposition minoritaire au sein de l'ANC ne peut arriver au consensus qu'à travers de longs dialogues qui nécessite beaucoup de temps. N'oublions pas que la rédaction de la constitution de 1959 a nécessité trois années de travail sachant que les constituants de l'époque étaient tous, de surcroît, d'un même bord politique et d'un niveau intellectuel bien plus homogène que les constituants d'aujourd'hui. Or le vote de confiance accordé au gouvernement Laârayedh a malheureusement démontré que la majorité des constituants sont bien plus concernés par l'exercice du pouvoir et les prévisions électorales que par l'intérêt d'une nation plutôt habitué à s'accommoder du suivisme et du clientélisme que préparée à assumer des responsabilités à la hauteur de l'historicité du moment. Au lieu de voter un retrait de confiance et d'exiger un gouvernement performant composé de compétences politiquement neutres à la tête duquel il aurait fallu un expert économique apte à éviter la banqueroute totale au pays et à produire de la croissance, la majorité de nos constituants ont effectué un vote d'allégeance populiste qui promeut l'inexpérience et même l'échec au dépend d'une nation qui attend des résultats. Là réside toute la différence entre des hommes d'Etat bâtisseurs et des politiciens démagogues et populistes. Aujourd'hui, je comprends mieux pourquoi la compensation des militants politiques est admise alors que je la trouvais honteuse, en réalité elle permet de compenser financièrement les militants, plutôt que de leur offrir en compensation des postes de responsabilités qu'ils sont incapables d'assumer ce qui nous coute encore bien plus cher. Les militants n'étant pas tenus d'être des compétences surtout dans les partis purement populistes comme on en voit souvent dans les pays sous-développés. En réalité nous n'avons que les gouvernants qui reflètent le degré de maturité politique générale, sachant que pour un peuple qui sort d'une dictature, nous demeurons quand même relativement matures. Maintenant si nous réalisons que nous avons fait fausse route, il nous revient à nous citoyens tunisiens de l'exprimer haut et fort et d'exiger un redressement de la situation. Réfléchissons aux différents moyens d'y parvenir et proposons des stratégies, car seul le peuple est détenteur de la légitimité et de la souveraineté ; tous les responsables ne sont qu'à notre service. En ce 20 Mars 2013 il est temps que notre indépendance et que notre citoyenneté soient effectives. Exerçons-les !