Cela fait plus d'une semaine que la 9ème chambre des mises en accusation a décidé de libérer, sous caution et en attendant leur procès, les trois responsables arrêtés dans l'affaire dite des emplois fictifs chez Tunisair. Mais si les deux anciens PDG Nabil Chettaoui et Rafâa Dekhil ont pu quitter la prison, après avoir payé la caution exigée, ce n'est pas le cas de l'ancien directeur de Tunisair à Paris, Habib Ben Slama qui doit payer la somme de 500.000 dinars (et non 190.000 comme précédemment indiqué). Son épouse, sa sœur et quelques membres de sa famille ont dû vendre leurs bijoux et tout ce qui est vendable, mais la somme est au-delà de leurs possibilités. « Mon mari a toujours été fonctionnaire de l'Etat, il n'a jamais été homme d'affaires et il n'a été suspecté d'aucune malversation », témoigne son épouse à Business News. Elle relève que les PV montrent clairement que c'est la nièce de Zine El Abidine Ben Ali qui a profité de tout cet argent et qu'elle jouit aujourd'hui de toute sa liberté (elle est en fuite en France). Face à cette situation, plusieurs agents de Tunisair font actuellement une collecte pour essayer de réunir les 500.000 dinars exigés pour la libération de leur ancien collègue. L'un des agents de Tunisair témoigne : « Habib Ben Slama a été nommé à la tête de l'antenne de Paris après les événements du 11 septembre 2011. Il avait pour charge de sauver la compagnie du marasme et la grave crise qu'ont subis les pays arabes après les attaques de Ben Laden. Il subi de plein fouet l'attentat de la Ghriba en avril 2002, mais malgré cela il a réussi ses objectifs et atteint des croissances considérables de 20 et 25%. Il avait sous sa responsabilité une bonne cinquantaine de vols quotidiens entre la France et la Tunisie avec les réguliers et les charters. » Au-delà de son parcours à Tunisair et de sa valeur ajoutée, « Habib Ben Slama a pris les dispositions nécessaires, qui lui étaient possibles, par rapport à cette histoire d'emploi fictif de Salwa Mlika, nièce de Ben Ali », nous explique son épouse. Elle indique que son époux s'est rendu compte de son absence du poste et lui a fait signifier cela officiellement par un bulletin de mouvement. Il a eu juste après un blâme, dit-elle, suivi de menaces directes de la part de l'époux de Salwa Mlika qui lui aurait déclaré à l'époque : « tu vas rentrer menotté à Tunis ! ». « Que pouvait faire d'autre mon mari, alors qu'on vivait sous une dictature ? », s'interroge Mme Ben Slama. Pour le moment, sa famille et elle continuent à souffrir et à chercher une solution pour réunir les 500.000 dinars nécessaires à la libération de son mari, en prison depuis 390 jours, dans l'attente d'un procès rocambolesque dont la date n'est pas encore fixée.