L'agence internationale Standard & Poor's a annoncé vendredi 16 août qu'elle abaissait de deux crans la note de la Tunisie, qui passe ainsi de «BB-» à «B». C'est la deuxième dégradation de S&P cette année, après celle du 19 février. Une décision qui marque la faible confiance de S&P dans la capacité du pays à faire face à ses engagements financiers, la note étant assortie d'une perspective d'évolution négative. L'abaissement traduit «l'augmentation des incertitudes politiques, la légitimité des institutions de transition étant de plus en plus contestée dans le sillage de nouvelles violences politiques», analyse Standard & Poor's. Pour l'agence, il y a une chance sur trois que la note de la Tunisie soit à nouveau abaissée dans les douze prochains mois, si la contestation à laquelle fait actuellement face le gouvernement et l'instabilité politique et sociale qui en découlent empêchent la mise en œuvre de réformes favorables à la croissance. SP s'inquiète notamment de l'impact de cette situation sur le tourisme, «pilier de l'économie», ainsi que sur «l'investissement étranger et intérieur». Tous les vols à destination et en provenance de Tunis ont été annulés le mois dernier , en raison d'un appel à la grève, preuve de la fragilité politique qui touche le pays. Dans une interview aux «Echos», le ministre tunisien du Tourisme, Jamel Gamra , évoquait l'impact négatif d'une telle situation sur l'activité touristique de la Tunisie. C'est la deuxième fois en six mois que S&P attribue une notation négative à la Tunisie, malgré l'important soutien financier apporté par le Fonds monétaire international : le 19 février, l'agence avait abaissé la note d'un cran, de «BB» à «BB-». Le 29 mai dernier, l'agence américaine d'évaluation Moody's a, elle aussi, revu à la baisse la note du pays, qui est passée de «Ba1» à «Ba2», là encore, avec des perspectives négatives d'évolution. Trois raisons justifiaient alors cette décision : l'incertitude politique et le risque d'instabilité dans le pays, la fragilité des banques publiques sous-capitalisées, les finances publiques tunisiennes. Depuis 2011 et la «Révolution de jasmin», la Tunisie est en proie à des manifestations récurrentes, qui opposent les partisans du parti islamiste modéré Ennahda, au pouvoir, à ses détracteurs , et empêchent l'adoption d'une nouvelle Constitution.