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Chers médecins : Disparaissez un peu… qu'on vous voie !
Publié dans Business News le 06 - 01 - 2014


Par Amel Belkhiria
Ils sont à la une de tous les médias, ces médecins ! qu'est-ce qu'ils font comme bruit !
« Ils ne veulent pas aller aux régions de l'intérieur », dit-on. «Ils veulent rester dans leur petit confort, ces petits bourgeois sans cœur », scande-t-on. «Ils doivent avoir honte de refuser de servir la patrie », dénonce-t-on ! Mais qui sont ces résidents au juste ? Comment osent-ils se dérober à leur devoir d'aller soigner les patients où qu'ils soient ?
Ces résidents sont ces jeunes médecins stagiaires, qui, en parallèle avec leurs études et examens, assurent la consultation externe, la prise en charge des patients en interne, les gardes de nuits et de jours fériés. Ce sont des médecins qui, durant 5 ans, se tapent des semaines de 70 à 80 heures, sans jamais songer aux heures supplémentaires, ni même à un repos compensateur après une garde de 24 ou 48 heures. Ces résidents passent leurs 5 années de spécialité à sillonner le pays, à changer d'un hôpital à l'autre sans jamais se plaindre des conditions, ni de l'éloignement de la famille, ni de la paie qui ne couvre pas l'effort. Ils sont tellement épris par la noblesse de leur métier et la sacralité de l'apprentissage, qu'ils cèdent tout au passage.
Durant des années, ces médecins, aux côtés de leurs séniors, étaient la seule fierté de la santé publique en Tunisie, dont le délabrement des établissements, la médiocrité des conditions et le manque de matériel ne sont un secret pour personne.
Aujourd'hui, Monsieur le ministre de la Santé publique voudrait leur imposer trois années supplémentaires de Travail OBLIGATOIRE. Eh oui, à l'ère des libertés révolutionnaires, on perd son droit de CHOISIR son travail. En confisquant leur diplôme, pour lequel ils ont mis entre parenthèses 12 ans de leurs vies après le Bac, le ministre voudrait utiliser ces médecins comme monnaie électoraliste pour se racheter une autre vie politique.
Une fois ce projet de loi rendu public, tout le corps médical (tous grades confondus, toutes catégories confondues) a manifesté son refus. Les médecins pensent que le problème de la santé publique, notamment dans les régions intérieures, est bien plus profond et plus grave pour être résolu par la seule présence des médecins spécialistes. Les différentes expériences successives de « parachuter » des médecins désarmés, sans matériel, sans équipements, sans étude globale des besoins de la région en matière de prestation de soins, ont toutes été suivies d'un échec lamentable, et ce malgré les offres financières alléchantes présentées aux médecins spécialistes qui acceptent d'exercer dans ces hôpitaux. Les médecins pensent que d'autres solutions, moins populistes, doivent être envisagées car la seule présence d'un chirurgien ne peut pas sauver un patient lorsque le bloc chirurgical est hors-service, et les exemples étayant ce cas de figure sont multiples (à l'hôpital de Sidi Bouzid, il y a 6 chirurgiens orthopédistes qui n'ont pas opéré depuis 5 mois, car il n'y a pas de table opératoire).
Dès lors, la croisade contre les blouses blanches a commencé. On remet en cause le patriotisme des médecins et leur humanité. On les compare aux autres corps de métiers plus « performants », paraît-il. Les instituteurs par exemple qui exercent dans les régions intérieures pour quelques années avant d'être affectés aux chefs-lieux. Mais on oublie que ces instituteurs ont CHOISI de servir dans le public et pas dans le privé, ils étaient avertis, ils connaissaient la règle du jeu avant de s'engager, mais ce serait un luxe qu'on refuse à ces jeunes médecins qui avaient opté pour la médecine avec un cursus de 12 ans pour un médecin spécialiste et non 15 ans.
Pire encore, ces médecins seront non seulement réquisitionnés pour un travail forcé, mais aussi pour un chômage forcé et ce pour un nombre considérable d'entre eux, car le ministère ne pourra pas les affecter tous pendant 3 ans (à partir de la 3ème année, si cette loi passe, ils seraient au nombre de 1800 en sachant qu'aujourd'hui, le ministère n'est pas capable de maintenir en place 300 médecins spécialistes recrutés aux régions intérieures, et ce…. pour absence de matériel).
Je ne m'attarderais pas sur l'argument de manque affreux et scandaleux du plus basique du matériel, ni sur le fait qu'on a des médecins dont la spécialité est très pointue qu'on ne pourra jamais affecter en dehors des grands centres Hospitalo-universitaires (médecine nucléaire, Neurochirurgie, Hématologie et la liste est longue) et qui passeront 3 années à ne rien faire, si ce n'est assouvir l'entêtement du ministre, car cela a été dit et redit par tous.
Mais ce qu'on semble oublier, c'est les êtres humains qu'ils sont (eh oui, même les médecins sont des êtres humains), on semble oublier qu'à 32 ans (âge minimum d'un médecin spécialiste) on a envie de se stabiliser (si ce n'est déjà fait), on a envie de fonder une famille, d'avoir un foyer, on semble oublier que cette loi ne fera que prolonger le calvaire de pères et de mères qui se sont sacrifiés des années durant pour enfin voir leurs enfants devenir des médecins spécialistes diplômés et leur renvoyer l'ascenseur, car contrairement à ce que l'on pense, tous les médecins ne sont pas des fils de riches.
On semble oublier que la dignité humaine implique le droit de déterminer son destin et le droit de pouvoir….choisir son travail ! Le problème c'est que les premiers à oublier cela, sont les élus du peuple qui sont censés défendre ces droits, ce sont ces mêmes élus qui rédigent une constitution supposée respecter les conventions internationales interdisant le travail forcé, ratifiées par la Tunisie et bafouées par cette loi (la Tunisie est membre de l'Organisation Internationale du Travail depuis 1957, et elle a ratifié dans ce cadre 2 conventions concernant l'abolition du travail forcé).
Aujourd'hui, nos résidents ont déserté les hôpitaux car ils refusent la médiocrité, ils refusent de consentir à la manigance populiste que mène le ministre et les députés de son parti, ils refusent d'accabler le pays de leurs salaires pendant 3 ans alors qu'ils ne seront pas en mesure de les honorer, ils refusent de mentir à leurs patients et de truquer le pronostic de la santé publique en Tunisie !
Pour ces médecins, la bataille est celle de la dignité de la médecine en Tunisie, c'est celle de la dignité du patient qui a droit à une prestation de soins décente et non à une vulgaire poudre qu'on lui envoie aux yeux ! Unis comme jamais, les bistouris se révoltent pour rendre sa fierté à la Blouse Blanche !


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