Lors d'un point de presse tenu, hier, à la Faculté de médecine de Tunis, le syndicat des médecins résidents et internes a fait part de son rejet total du projet de loi relatif au service obligatoire imposé aux résidents et demandé son abandon. Karim Abdellatif, médecin résident et membre du syndicat et sa collègue Salma Moallem, également médecin résident et membre du syndicat, ont estimé que le projet de loi relatif au service obligatoire est injuste, illégal et va à l'encontre des résolutions de l'Organisation internationale du travail, en raison de son caractère contraignant. Solution globale L'annonce de ce rejet est intervenue, suite à la présentation du projet de loi signalé à la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale constituante pour sa discussion. En vertu de l'article premier de ce projet de loi, les médecins qui obtiennent le diplôme de médecin spécialiste ou un diplôme équivalent sont tenus, après l'adoption de cette loi, et avant de pouvoir exercer dans le secteur privé, de travailler pendant 3 ans, par roulement, dans des services hospitalo-sanitaires et hospitalo-universitaires au sein des structures sanitaires publiques fixées par le ministère de la santé publique en fonction de ses besoins et suivant des critères définis par arrêté du ministère en charge de la santé publique. Des conventions seront conclues à ce sujet entre le ministère et les médecins concernés. Les assistants hospitalo-universitaires ayant moins de 4 ans d'ancienneté sont concernés par ces engagements. Ainsi, le ministère de la santé publique peut obliger les nouveaux médecins spécialistes à travailler durant 3 ans dans les hôpitaux publics dans les régions intérieures qui manquent de médecins spécialistes et à défaut ne pas leur accorder des autorisations pour l'exercice dans le privé. A signaler que les médecins résidents appartiennent au corps des médecins spécialistes, à l'instar de Karim Abdellatif qui est orthopédiste au CHU de Mongi Slim à la Marsa. A cet égard, Karim Abdellatif et Salma Moallem ont exprimé leur compréhension concernant le manque de médecins spécialistes dans les régions intérieures, notant qu'aux yeux du syndicat, la solution ne peut être que globale et radicale, car les hôpitaux publics des régions intérieures manquent aussi de matériels, d'équipements, de cadres paramédicaux et autres , de sorte que les médecins spécialistes ne sont qu'une composante parmi plusieurs composantes qui méritent, toutes, des interventions et des améliorations. Le moment opportun Salma Moallem a signalé que le ministère n'a consulté personne au sujet du projet de loi en question, ni le syndicat, ni l'Ordre des médecins, ni les doyens des Facultés de médecine, car il s'agit d'un vieux projet de loi remontant à l'ancien régime, mais les médecins ont lutté pour abroger le service des affections individuelles, et c'est pourquoi le syndicat a été surpris d'apprendre que le projet de loi a été remis de nouveau sur le tapis, dans un contexte où le pays se penche sur les moyens à mettre en œuvre en vue de parachever la transition démocratique et doter la Tunisie d'institutions stables. Il aurait été plus indiqué d'attendre la mise en place de ces institutions stables et examiner la question dans le cadre de la réforme globale du système de la santé publique, avec la participation de toutes les parties concernées, a-t-elle dit. Autres expériences Karim Abdellatif a estimé que l'initiative revêt une dimension politique, notant que des expériences similaires ont été tentées en Algérie et au Maroc et avaient échoué et trouvé une opposition farouche de la part des médecins. Par contre, a-t-il ajouté, une expérience positive a été tentée par la France, en donnant aux étudiants de médecine la liberté de choisir le travail obligatoire, en échange d'une bourse d'études. L'étudiant signe un engagement d'adhésion au service obligatoire, en échange d'une bourse d'études, et ce durant un nombre d'années égal au nombre des années au cours desquelles il a bénéficié de la bourse d'études. Il a indiqué que l'Organisation mondiale de la santé ne partage pas l'idée du service obligatoire mais dispose d'un ensemble de conseils et de solutions de substitution à ce propos dont la Tunisie peut tirer profit. Le syndicat des médecins résidents et internes envisage une série d'actions de contestation y compris des grèves, afin d'amener les autorités de tutelle à abandonner le projet de loi relatif au service obligatoire.