A l'occasion d'une interview accordée au journal La Croix, publiée mercredi 26 mars 2014, Rached Ghannouchi est revenu sur les deux ans au pouvoir d'Ennahdha. Le chef du parti islamiste a affirmé lors de l'entretien que la principale leçon retenue par son mouvement était celle de l'importance du dialogue et la nécessité d'un gouvernement d'union nationale afin de réussir la délicate phase transitionnelle en Tunisie. D'un autre coté, Ghannouchi a souligné, qu'à propos des accusations de complaisance envers les salafistes, Ennahdha a joué la carte de l'apaisement en essayant de convaincre ces salafistes « d'agir dans un cadre légal » et que ceux qui ont refusé ont été classé comme organisation terroristes. Il a rajouté que la menace que constitue les extrémistes existait toujours, mais qu'elle a été en partie endiguée par les opérations sécuritaires. Le chef d'Ennahdha a aussi appelé les Tunisiens ainsi que tous les étrangers qui se battent en Syrie à se retirer, en qualifiant « d'absurde » que des musulmans se battent entre eux. Au cours de l'entretien, Rached Ghannouchi est revenu aussi sur la question de la dissolution des LPR ainsi que sur la question de la neutralité des mosquées. Il a assuré qu'un accord a été pris de vérifier la légalité de ces associations et si le contraire était prouvé « la loi doit s'appliquer sans exception ». S'agissant des mosquées, il a souligné les efforts fournis par le ministère des Affaires religieuses à réduire le nombre d'édifices hors du contrôle de l'Etat. Ghannouchi a en outre affirmé qu'Ennahdha était en « faveur de la neutralité politique des mosquées ». D'autre part, le leader islamiste, a précisé que la Constitution était la principale réussite « de la révolution et du gouvernement Ennahdha », en combinant les valeurs de l'islam et de la démocratie. Et à Ghannouchi de citer Karl Marx, à propos du défi que constitue l'application effective de cette Constitution, en ces termes : « les peuples ne posent que les questions auxquelles ils sont capables de répondre ». Le chef du mouvement Ennahdha a souligné d'un autre coté l'importance de la tenue des élections dans les plus brefs délais, « au plus tard d'ici la fin de l'année » dit-il. Il a précisé que la décision du parti n'a pas encore été arrêtée quant à la présentation d'un candidat à la présidentielle et il a réaffirmé l'idée selon laquelle le pays aurait besoin d'un gouvernement d'union nationale qui rassemblerait toutes les tendances politiques en Tunisie.