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Les mosquées de la haine
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 03 - 2012


Par Hatem M'RAD*
Quand on parle de la nécessité de la neutralité des mosquées, personne n'ose prétendre le contraire, tant cela semble aller de soi pour un lieu censé être de prière, de quiétude et de paix de l'âme. Les mosquées ne doivent certainement pas être utilisées pour la diffusion de la propagande islamiste ou de la prédication salafiste contre leurs vocations naturelles, la piété et l'adoration de Dieu, et notamment contre les libertés individuelles. Elles ne doivent surtout pas se transfigurer en objet de haine. Autrement, on ne rentre plus à la mosquée pour entrer en communion avec Dieu ou pour s'enquérir de la paix intérieure, mais pour prendre des consignes de guerre.
On a en effet constaté qu'après la révolution, la cessation du contrôle de l'Etat sur les mosquées et sur les prédicateurs a été exploitée par les islamistes et les salafistes, qui ont aussitôt investi les lieux. De fait, actuellement, le ministère des Affaires religieuses recense 500 mosquées sous contrôle salafiste. La mosquée étant un lieu d'endoctrinement, de mobilisation spirituelle et électorale irremplaçable. Elle a servi en tout cas à attaquer de manière unilatérale les tendances supposées laïques, libres, modernistes des Tunisiens, sans que ces derniers puissent avoir un droit de réponse dans les mosquées mêmes. Il y a ici une rupture d'égalité entre les partis politiques si on utilise les mosquées pour la propagande politique à caractère islamo-salafiste. Les salafistes et les militants d'Ennahdha se plaignent de la chaîne de télévision publique Al Watania, en organisant des sit-in incessants devant le siège de la télévision nationale. Ils reprochent à Al Watania, service public, de ne diffuser ni d'informations objectives, ni neutres et de ne pas être représentative de tous les courants importants du pays. Mais, pour être encore plus objectif, on doit également souligner que le courant salafiste et islamiste détient 100% de la propagande dans les milliers de mosquées existantes dans le pays, outre le fait qu'ils ont une mainmise réelle sur 500 mosquées. Une propagande qui, elle, contrairement à la propagande légale encadrée et réglementée dans les médias (télévisions, radios, presse, campagnes électorales), n'est même pas contrôlée. Les courants et partis laïcs ne font pas, eux, de la propagande dans les mosquées. Ce qui est injuste. Depuis la révolution, les mosquées ne sont plus un lieu de prière, mais un lieu de propagande politique salafo-islamiste, une pratique encouragée par la passivité complaisante et calculée de la branche nahdhaouie du gouvernement.
Officiellement, les responsables d'Ennahdha considèrent que les mosquées doivent être neutres. Rached Ghanouchi a déclaré, quelques mois après la chute de la dictature, que les imams et les responsables des mosquées se sont organisés de manière indépendante dans ces lieux mêmes après la révolution, et il faudrait les laisser faire. Le ministère des Affaires religieuses, débordé par la vague islamiste, fait des déclarations creuses sur la politique du ministère à l'égard des mosquées et de la formation ou la sélection des imams. Il a publié un dernier communiqué le 6 mars pour rappeler, encore une fois, que la nomination des cadres religieux au niveau des mosquées est du ressort du ministère et «qu'aucune partie (en dehors du ministère) n'a le droit d'intervenir sur cette question pour congédier, nommer ou muter de quelque façon que ce soit et sous n'importe quelle condition» ces cadres. Les autorités ont averti plusieurs fois. Mais un Etat qui avertit plus d'une fois n'est plus crédible.
La propagande islamo-salafiste ne s'est pas, elle, interrompue dans les mosquées. Ni le gouvernement Caïd Essebsi, ni le gouvernement Jebali n'ont pu s'attaquer à ce terrain. Il y a d'autres priorités économiques et sociales que la conquête des âmes. Le laxisme gouvernemental est payant pour les islamistes. Un bras de fer est engagé dans les mosquées entre Ennahdha et les salafistes pour exercer une influence dans ce lieu divin ou pour se partager le gâteau divin. Et les islamistes ne semblent pas vouloir susciter, avant les législatives, un conflit déclaré avec les salafistes. Y a-t-il un accord tacite sur les mosquées avec les salafistes? C'est possible. En tout cas, beaucoup de Tunisiens fréquentant les mosquées commencent à contester les prêches du vendredi, très éloignées des traditions islamiques tunisiennes. Certains ont contredit publiquement les imams en plein prêche, d'autres ont quitté les lieux aussitôt. Les discours attentatoires à la liberté d'opinion et d'expression, à la tolérance n'ont pas cessé dans ces lieux depuis la révolution. Pire encore, les mosquées sont en train de devenir un lieu où on sème la haine. C'est ce type de discours qui a entraîné les salafistes à insulter les juifs tunisiens, à agresser les femmes dans la rue ou encore à substituer le drapeau «noir» du califat au drapeau national tunisien à la faculté des Lettres de La Manouba. Outre les autres abus, comme les débordements sur la voie publique pour la prière du vendredi, causant d'énormes problèmes de trafic dans les grandes villes, malgré les interdictions du gouvernement Essebsi, comme les drapeaux salafistes drapant les mosquées ou encore la vente exclusive des livres de propagande salafiste ou des objets fétichistes qui leur sont rattachés devant les mosquées. Comme si la vente des livres salafistes ne suffisait pas dans les librairies, les souks et les supermarchés. Et depuis la révolution, l'Etat est totalement absent face aux provocations des prêches dans les mosquées
La neutralité des mosquées relève des déclarations de principe du gouvernement de coalition. Le CPR et Ettakatol sont curieusement silencieux sur la mise en œuvre des principes relatifs à cette politique. Et ils ne sont pas les seuls. Cela ne semble pas intéresser outre-mesure l'opposition. C'est pourtant de là que se transmet «le plus naturellement du monde» la férocité doctrinale des salafistes. C'est de là que se recrutent de jour en jour le gros de leurs bataillons et qu'ils prennent leurs consignes de guerre. Lieux de recrutement, lieux de propagande, lieux de mobilisation politique, lieux de guerre, lieux de haine, les mosquées ne sont plus des mosquées en terre d'Islam. Edifice cultuel de l'Islam, la mosquée ressemble davantage à un siège de parti politique ou à un meeting politico-salafiste agressif. La croyance elle-même n'est plus croyance, elle est de plus en plus action et pouvoir. Au fond, la télévision, Al Watania ou les autres, les radios, les journaux, dont ils contestent le contenu, ils n'en ont cure. Ils ont assuré leurs arrières dans les mosquées au vu et au su de tous, avec la bénédiction implicite des autorités.
Le président de la République souhaite interdire et sanctionner le takfir, il devrait tenter de contrôler ou de réglementer fermement une de ses sources : les mosquées.
*(Professeur de sciences politiques)


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