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Lettre ouverte au procureur de la République
Publié dans Business News le 07 - 04 - 2014

Monsieur le procureur, sauf votre respect et comme vous devez le savoir, la Tunisie vit en révolution permanente depuis la fin de l'année 2010. Plusieurs corps sont défaillants, dont le vôtre et le mien, celui de la Justice et celui des médias. Nous avons, parait-il, besoin d'une restructuration globale. C'est ce que plusieurs donneurs de leçons, parmi les néo-révolutionnaires, nous répètent matin, midi et soir.
Ne rejetant pas l'idée de cette révolution et croyant sincèrement qu'elle pourrait hisser notre pays vers un « idéal » de justice, de libertés et de démocratie, je pense que si les médias et la justice jouaient leur rôle, nous pourrions rapidement atteindre cet idéal. Au pire des cas, nous en approcher. Reste à savoir comment.
Naïvement, plusieurs médias, dont celui où j'exerce, pensions que si l'on déballait le linge sale de nos dirigeants, on allait vous voir, vous Monsieur le Procureur, réagir au quart de tour. Il s'est avéré que ce n'est pas le cas. Les arcanes de la justice ne nous sont pas tous connus, nous autres médias, d'où cette lettre.
Je sollicite, Monsieur le procureur, votre réponse sur différents sujets d'intérêt public qui engagent l'avenir de la Tunisie. Le type de sujet qui aurait fait la une des médias de toute démocratie respectable, puisqu'il s'agit de scandales et de violations manifestes des lois.
Sous ces cieux démocratiques, même le président de la République craint le procureur et les magistrats. Pourquoi donc, Monsieur le procureur, la révolution tunisienne ne nous a toujours pas conduits à ce stade ? Pourquoi vous demeurez inactif ou silencieux quant à l'état d'avancement (si avancement il y a) de ces dossiers brûlants ? Pourquoi n'exerceriez-vous pas votre plein pouvoir octroyé par la loi afin que la justice et la loi soient réellement au-dessus de tout dans cette Tunisie que nous chérissons vous et moi ?
Monsieur le procureur, il y a les cas mesquins. Comme celui de Cherif Jebali, cet avocat qui a dévoilé des listings téléphoniques de communications personnelles de très hauts dirigeants de l'Etat, mais aussi d'hommes d'affaires, d'hommes de médias et d'hommes politiques. Cliquez ici Monsieur le procureur pour voir de quoi il s'agit. Ne mérite-t-il pas l'ouverture d'une instruction de votre part ?
Il y a l'autre cas mesquin de cet avocat-député-ancien conseiller du président de la République, qui a lui-même avoué avoir touché la somme de 21.000 dinars de la famille de l'ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi. Ce dernier a parlé, dans une lettre qui lui est attribuée et destinée au président de la République, de tentatives de racket de la part d'un haut dirigeant de l'Etat. Cliquez ici Monsieur le procureur pour voir de quoi il s'agit.
Ne mérite-t-il pas l'ouverture d'une instruction de votre part ?
Il y a aussi le cas de cet ancien ministre de la Jeunesse dont le nom est cité dans une affaire de détournement de terrain. Cliquez ici Monsieur le procureur pour voir de quoi il s'agit. Tarek Dhiab ne mérite-t-il pas l'ouverture d'une instruction de votre part ?
Il y a le cas de Sihem Badi dont le nom a été évoqué dans plusieurs scandales. L'ancienne ministre de la Femme est citée dans des affaires de détournements supposés de bons d'essence (cliquer ici). Sa sœur a été envoyée au nom du ministère auquel elle n'appartient pas à un stage à l'étranger (cliquer ici). Elle a donné les ordres d'accorder des fonds à une association dirigée par le frère du secrétaire général de son parti politique (cliquer ici). Avez-vous, Monsieur le procureur, engagé des procédures concernant cette ancienne ministre ? Si c'est le cas, où en sont-elles et pourquoi on n'en entend pas parler ?
Et puis il y a, Monsieur le procureur, les dossiers moins mesquins. Nous savons bien que la justice a réagi, mais nous n'avons aucune idée sur le degré d'avancement de ces dossiers.
Le scandale du Livre noir par exemple (cliquer ici). Le responsable officiel de la publication de ce livre, qu'est Mohamed Henid, voyage tranquillement comme si de rien n'était. Cet ancien directeur de la communication de la présidence de la République se pavane même sur les plateaux de télévision (France 24 la semaine dernière) pour parler de probité et d'intégrité. Pourquoi n'est-il pas interdit de voyage alors qu'il y a une instruction en cours ?
Idem pour Rafik Abdessalem, ancien ministre des Affaires étrangères. Il y a bien une instruction en cours et le propre avocat de M. Abdessalem a donné les preuves que le don chinois d'un million de dollars a transité sur un compte spécial géré par le seul ministre (cliquer ici).
Où en êtes-vous avec cet animateur télé dénommé Mokdad Mejri qui a lui-même avoué sur un plateau télé avoir obtenu un marché public de gré à gré (cliquer ici) ? Sachez, par ailleurs, que cet animateur se présente comme journaliste, alors qu'il ne l'est pas légalement parlant puisqu'il n'est pas titulaire d'une carte de presse.
Les cas les plus délicats, Monsieur le procureur, sont cependant ceux de nos députés qui continuent encore à exercer (cliquer ici). Je vous le concède, Monsieur le procureur, ces cas sont délicats. Mais au diable la délicatesse face à la primauté de la loi et de la justice.
Je parle, Monsieur le procureur, de ces députés qui se cachent derrière leur hypothétique immunité parlementaire. Il y a Samia Abbou, Fatma Gharbi, Habib Ellouze, Amel Ghouil et Amor Chetoui, dont votre demande de levée de leur soi-disant immunité a été rejetée. Mais il n'y a pas qu'eux. J'ai eu l'occasion de voir votre courrier destiné au président de l'ANC demandant la levée de l'immunité d'autres députés et il y a de quoi être estomaqué. Il y a carrément des affaires de violence et portant atteinte à l'honneur, et ces députés continuent de se prévaloir confortablement de cette immunité !
Monsieur le procureur, mon interprétation de la loi est la suivante. Ces 217 députés ont été élus pour une durée et pour une mission bien déterminées. La durée s'est achevée et la mission a été accomplie. Il y va de votre devoir de les obliger à quitter l'ANC et de faire cesser ce manège. Ces gens devraient être accusés d'usurpation d'identité, puisqu'ils ne sont plus députés, légalement parlant. Autant je peux comprendre qu'ils doivent rester là pour achever d'autres missions importantes, telle que la rédaction de la loi électorale ou le vote de lois urgentes, mais il est inconcevable qu'ils continuent, en parallèle, à mépriser les lois existantes et à donner de mauvais signaux à tout le pays. Il est inconcevable également qu'ils continuent à profiter de leur poste pour barrer la route à leurs adversaires, sous prétexte qu'ils appartiennent à l'ancien régime corrompu, alors qu'ils trainent eux-mêmes des casseroles et qu'ils ferment les yeux sur les corruptions supposées de leurs alliés politiques.
Monsieur le procureur, cette révolution est l'occasion historique de placer la justice au-dessus de tout. Vous en êtes un des plus grands représentants et garants. Qu'ils soient présidents, ministres, députés, la démocratie exige qu'ils soient tous traités à pied d'égalité. Alors qu'ils n'ont pas de légitimité, ils font déjà preuve de mépris à votre égard et à l'égard des lois et de la justice. Que feront-ils alors lorsqu'ils seront élus pour cinq ans et qu'ils bénéficieront d'une légitimité électorale ?
Pour vous, et pour l'ensemble de vos collègues magistrats, vous avez l'obligation historique, Monsieur le procureur, de vous imposer face à tout politicard sur qui pèse une suspicion de malversation et de faire arrêter ce manège. Cette obligation historique vous est imposée, Monsieur le procureur, par vos collègues, par vos concitoyens et par vos enfants. Mes respects !


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