Dans une interview accordée au journal Achark Al Awssat, dimanche 29 juin 2014, l'ancien chef du gouvernement et dirigeant au mouvement Ennahdha, Ali Laârayedh est revenu sur la période du pouvoir de la Troïka et notamment sur l'éventualité de présenter un candidat d'Ennahdha à la présidentielle. Ali Lâarayedh a expliqué qu'au cours du règne de la Troïka, les gouvernants ont dû faire face à plusieurs difficultés dont la plus essentielle était de préserver la liberté (d'expression, de manifester, de pluralité politique, etc.) et en même temps, il fallait maintenir le respect des lois. « Je pense que nous avons réussi à relever tous ces défis et à établir une base propice à préserver tous ces acquis » souligne Ali Laârayedh. Et d'ajouter que la Troïka a fait face avec beaucoup d'efficacité politique et de patience au défi d'ordre sécuritaire tout en se pliant à l'application de la loi dans le respect des droits de l'Homme. Cela étant, selon l'ancien chef du gouvernement, le défi le plus difficile aura été celui d'ordre économique et social. « Au regard de la courte durée des gouvernements qui se sont succédés, il n'était pas possible d'opérer des réformes profondes qui demandent beaucoup de temps à mettre en place » précise M. Laârayedh. Cependant, ce dernier indique que son gouvernement et celui de Hamadi Jebali ont parcouru une partie importante du chemin en établissant le code des investissements et la loi de l'énergie et de la réforme bancaire. Interrogé sur les erreurs d'Ennahdha lorsqu'il était au pouvoir, Ali Laârayedh a déclaré que s'il y a une erreur de commise ce serait celle relative au manquement du parti dans la compréhension des problèmes afférents au processus démocratique. « Nous nous sommes rendus compte que la période est plus complexe que ce que nous avions estimé et nous avons pensé que l'annonce des résultats des élections de 2011 allait conduire à la stabilité politique et sécuritaire » précise Ali Laârayedh avant d'ajouter que la Troïka a été surprise de voir que le peuple s'est montré plus compréhensif que l'élite politique qui n'a pas réussi à se plier aux règles de la démocratie et dont une majorité ne conçoit toujours pas l'existence de la pluralité des sensibilités politiques. S'agissant des prochaines élections législatives et présidentielle, l'ancien chef du gouvernement a indiqué qu'il est possible qu'un bon nombre des électeurs punissent la Troïka s'il pensent qu'elle est responsable de ne pas avoir réalisé une partie de leurs rêves. « Nous savons que la majorité des partis politiques qui ont gouverné à la suite d'une révolution ne sont pas réélus lors des premières vraies élections et nous pensons de ce fait, que certains peuvent se garder de soutenir Ennahdha lors des votes tout comme nous pensons que certains peuvent changer d'avis et voter pour nous » confie Ali Laârayedh. Sur la question à propos de l'initiative d'Ennahdha de choisir un candidat consensuel pour la présidentielle, l'ancien chef du gouvernement a expliqué qu'au sein du mouvement, il existe une forte croyance que les prochaines élections législatives et présidentielle représenteront un tournant politique important pour le peuple tunisien pour une période de cinq ans voire des années encore. « Nous avons des informations qui disent que le nombre des candidats s'élève jusqu'ici à plus que 10, ce qui est à même, selon nous, de disperser les voix lors du scrutin, c'est pourquoi nous avons pensé à la concertation qui pourrait conduire à trouver une solution à cette dispersion » explique Ali Laârayedh. Et de préciser qu'Ennahdha n'a pas encore de candidat, et n'exerce aucune pression sur aucune partie dans le choix du candidat consensuel. « Cependant, la possibilité de présenter un candidat du parti Ennahdha n'est pas à écarter et est toujours posée » conclut l'ancien chef du gouvernement.