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La Haica : liberticide avec les uns, permissive avec d'autres et aveugle avec certains
Publié dans Business News le 08 - 10 - 2014

Censée réguler le paysage audiovisuel tunisien, la Haica se trouve pourtant au centre de toutes les polémiques. Acquis révolutionnaire intouchable pour certains, outil de censure et de contrôle pour d'autres, la Haica suscite plus d'interrogations qu'elle n'offre de réponses. Secoué par les difficultés financières et par les tiraillements politiques, le paysage audiovisuel aurait besoin d'être apaisé. Pourtant, la Haica fait tout le contraire.
« La HAICA n'est pas indépendante et son indépendance est une illusion », a écrit Samir El Wafi en réaction à la décision de la Haica de suspendre son émission pendant un mois, suite aux propos décalés d'un de ses invités. Institution constitutionnelle, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle devait veiller à l'instauration d'un paysage audiovisuel équilibré. Son rôle est de réguler le paysage audiovisuel, mais ses dernières sorties ont été pointées par ceux qu'elles visaient et par des observateurs du secteur comme étant l'expression flagrante de calculs politiques et de favoritismes. Certains vont même jusqu'à dire que la Haica fait plus que l'ATCE et brime plus que ne le faisait Ben Ali.
Sa naissance s'est faite dans la douleur, au palais de Carthage, vu qu'il n'y avait quasiment pas de consensus autour de la composition de ses membres. Ses premières décisions ont été polémiques vu qu'elles n'ont pas été expliquées. Ses cahiers des charges relatifs aux lancements de nouvelles radios et télévisions ont soulevé le tollé au vu des textes parfois anticonstitutionnels pondus sans consulter les principaux acteurs du paysage. En bref, la Haica qui se veut le grand temple de la sagesse du paysage audiovisuel tunisien n'en finit pas avec la polémique. Et le pire, c'est que tous ceux qui s'aventurent à la critiquer sont immédiatement taxés, par des lobbys bien déterminés, de chercher à ne pas appliquer la loi, à casser cet acquis révolutionnaire et à maintenir la jungle dans le paysage.
Les élections législatives sont là et le « grand sage » est prêt à tirer. Il s'est essayé avec Nessma et Hannibal TV, mais ça n'a pas marché. Face aux mastodontes qui caracolent à la tête de l'audience, la Haica a dû se rétracter pour mettre de l'eau dans son vin. Une eau servie par une UGTT qui devient l'arbitre de tous les dialogues nationaux.
Le deuxième tir visera une autre émission qui caracole, elle aussi, en tête de l'audimat. Celle de Samir El Wafi, « A celui qui ose seulement » frappée d'une interdiction de diffusion pendant un mois, sans aucune autre possibilité de recours puisque les textes ne le prévoient pas.
Quels textes ? Ces textes pondus dans l'urgence à la veille des élections de 2011 et qu'on retrouve groupés sous le décret-loi 116. Au moment de leur rédaction, le risque de donner les pleins pouvoirs à une institution, quelle qu'elle soit, ont été soulevés. Ses rédacteurs ont alors répliqué « Non, il y a eu une révolution en Tunisie, et il n'est plus possible de voir quelqu'un décider, seul, d'interdire une émission ou une chaîne. Par prudence, on a dit qu'il y a possibilité de recours au niveau du tribunal administratif ».
Dans les faits, ce type de recours est impossible à appliquer vu que les décisions de la Haica sont exécutoires immédiatement, alors que celles du Tribunal administratif exigent des semaines, voire des mois, d'attente. C'est Nébil Karoui, patron de Nessma, qui, le premier, a averti sur les dangers de tels pouvoirs hégémoniques et ce à de multiples reprises. Entretemps, le public se trouve privé d'une chaîne ou d'une émission et les productions au chômage malgré elles.
La Haica devait être notamment inspirée par le CSA français (Conseil supérieur de l'audiovisuel), mais elle se montre largement plus répressive. L'émission « Enquête exclusive » sur M6 avait donné la parole à la sœur du terroriste Mohamed Merah qui a déclaré : « Je suis fière de mon frère, il a combattu jusqu'au bout [...]. Je pense du bien de Ben Laden, je l'ai dit aux flics... ». L'émission n'a pourtant pas été suspendue et la réaction des autorités s'est concentrée sur la sœur du terroriste et non pas sur la chaîne qui a diffusé ses dires, a rappelé l'animateur d'émissions politiques Hamza Belloumi.
La dernière décision de la Haica touchant l'émission de Samir El Wafi est loin d'être une première. Une émission sur Al Janoubiya, où l'on voyait un animateur harceler devant la caméra une citoyenne, a été frappée de la même interdiction. Personne n'a alors bronché trouvant cela normal puisque l'animateur jouait à la police des mœurs. Tout le danger est là justement, car si l'animateur mérite d'être jugé, il a aussi droit de se défendre auprès d'une juridiction compétente capable de rétablir immédiatement ses droits s'ils ont été bafoués par la première juridiction. Il s'agit là d'un droit protégé par la constitution et totalement bafoué par la Haica, même si elle se justifie par le décret-loi 116 pour légitimer ses décisions. Ce qui s'est passé avec Al Janoubiya, devant le silence des observateurs, se répète avec Al Hiwar Ettounsi en pleine campagne électorale.
Outre le hic de l'absence de recours immédiat aux décisions de justice, la Haica bafoue un autre droit des justiciables en mettant en place un système de double-peine. Aussi bien dans le premier cas que dans le second, l'affaire devait être traitée par le procureur de la République. Qu'il y ait une double sanction, ceci est tout simplement anticonstitutionnel. Là où une simple mise en demeure aurait suffi, la Haica a préféré frapper fort pour se faire entendre et respecter.
Outre ces faits qui la décrédibilisent déjà aux yeux de plusieurs observateurs des médias et de la politique, il faut remarquer que la Haica ne se montre sévère qu'avec certaines chaînes ayant une ligne éditoriale bien déterminée. Exemple parmi d'autres, Al Moutawassat qui a dévoilé, la première, le Livre noir de la présidence de la République et a trainé dans la boue la réputation de dizaines de personnes. La même qui a souillé l'honneur de nos soldats martyrs en parlant de fouilles de trésors. Aucune sanction n'a été infligée à cette chaîne qui s'est vue accorder une licence pour officialiser son activité, alors que son financement demeure totalement opaque pour le grand public.
Il y a donc une rigueur exagéré à l'égard de certains dossiers et un laxisme pour d'autres. Mais il y a carrément de l'aveuglement pour certains cas précis. L'octroi d'une licence à la radio Kalima fait ainsi partie de ces points critiquables. En effet, ladite station est cogérée par la présidente d'une instance constitutionnelle. Cette radio s'est illustrée par le non-paiement des droits de plusieurs de ses salariés et ces affaires sont actuellement pendantes devant la justice. Et pour boucler la boucle, la radio est clairement déficitaire. Comment la Haica a-t-elle donc pu renouveler une licence à une entité qui a prouvé son total amateurisme et a manqué de respect à la loi ? Comment se permet-elle d'octroyer une licence à une personne chargée de missions élevées ?
La Haica est un acquis et ce qui la menace, ce ne sont pas les patrons voyous comme certains lobbys le crient sur tous les toits. Ce qui menace la Haica ce sont ses membres fondateurs dont l'intégrité et l'honnêteté n'est pas à discuter, mais dont l'inexpérience et la puissance de leur nouveau pouvoir risque de faire jeter le bébé avec l'eau du bain.


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