Le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) Chafik Sarsar a déclaré, dans une interview parue dimanche 12 octobre 2014 sur les colonnes d'Al Qods, que l'Instance fait face à une opération de « chantage politique » de la part de certaines parties. Chafik Sarsar a indiqué que ces parties cherchent à imposer leurs positions, en essayant de discréditer l'ISIE. Il a d'ailleurs nié l'existence d'un quelconque favoritisme, comme allégué par certains, en faveur du mouvement Ennahdha : « L'Instance a démontré, par le biais de ses positions, qu'elle n'est loyale à aucun parti politique et qu'elle a toujours essayé de rester à la même distance de tout le monde ». Le président de l'ISIE répond en outre à ceux qui l'accusent personnellement de partialité, signifiant qu'il a été élu par 167 voix et qu'il quittera son poste avant la fin de la mission de l'ISIE, et ce conformément aux normes internationales en matière d'indépendance. Autre élément qu'il avance pour contrer ses détracteurs, sa qualité de professeur universitaire qui, durant ses 23 ans de carrière, n'a appartenu à aucun parti politique : « Ce n'est pas aujourd'hui que j'adopterais une nouvelle position. Et puis chaque position que j'ai prise se basait sur considérations purement juridiques. Celui qui a la preuve du contraire, qu'il la présente ! ». En ce qui concerne la falsification des parrainages des candidats à la présidentielle et la polémique du vol de la base de données de l'ISIE, Chafik Sarsar a expliqué que l'instance a sérieusement vérifié plus d'un million de parrainages : «Lorsque nous avons découvert l'existence d'infractions et de fraudes, nous avons saisi le ministère public, publié les listes de parrainages et mis en place une application mobile, par souci de transparence ». Il a également tenu à souligner que la base de données de l'ISIE est soumise aux normes de sécurité et qu'elle n'a pas été piratée comme certains l'ont laissé entendre. Le fait est que des sociétés publiques et privées ont fourni à quelques candidats la base de données de leurs clients, et les signatures ont été ajoutées illégalement, affirme M. Sarsar. Bien que le président de l'ISIE assure que le processus d'inscription des électeurs était réussi, il a exprimé ses craintes quant au taux de participation, arguant que les expériences de transition démocratique ont démontré que les deuxièmes élections sont plus difficiles. « Le défi qui se présente à l'ISIE, maintenant, ne s'arrête pas à l'organisation des élections, mais également à veiller à ce que les électeurs participent au vote ». D'un autre coté, il a mis le doigt sur les défaillances de l'actuelle Loi électorale, notamment le volet des parrainages, le qualifiant de catastrophique. Il a noté que l'ISIE s'efforcera de réformer cette loi après l'achèvement du processus électoral en cours. D'autre part, Chafik Sarsar s'est exprimé concernant les électrices niqabées, annonçant qu'elles vont être obligées, par l'ISIE et dans le cadre de la loi, à se dévoiler le visage avant de voter, vu que leur accoutrement pose un problème pour les identifier. Pour les imams candidats aux législatives, M. Sarsar a indiqué que la Tunisie a tranché pour la séparation entre le fait politique et religieux «les imams qui aspire à jouer un rôle politique doit renoncer à son statut de religieux ». Finalement, le président de l'ISIE a réfuté la possibilité de participer à la vie politique dans l'avenir, d'abord parce que la loi ne permet pas aux membres de l'ISIE de se présenter aux élections, pendant les 5 ans à venir, mais également parce qu'il a l'intention de regagner son poste en tant qu'enseignant et ses recherches.