Une conférence de presse a été tenue, ce mercredi 28 janvier 2015 à la Kasbah, par le ministre de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hammouda, et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) Chedly Ayari, sur l'emprunt obligataire d'un milliard de dollars émis en début de semaine sur le marché international des capitaux. «En émettant cet emprunt nous avons eu une surprise des plus agréables, alors qu'on demandait 500 millions de dollars, on eu une offre de 4,3 milliards de dollars, soit 8 fois ce qu'on a demandé, de la part de 277 investisseurs étrangers dont les dix plus importants du monde», a souligné Chedly Ayari, ajoutant «il s'agit là d'une réaction positive qui a dépassé nos ambitions et nos prévisions, qui montre la confiance placée dans la Tunisie nouvelle», a-t-il jubilé, précisant qu'en empruntant sur le marché intérieur, le taux est de 6,35% et qu'il ont réussi à avoir un taux moindre de 5,75% sur 10 ans ce qui est relativement important. «Le prochain ministre des Finances trouvera des ressources de 2 milliards de dinars, ce qui lui permettra de démarrer son mandat avec aisance», a-t-il indiqué. Ainsi, M. Ayari a expliqué que l'endettement des pays est une chose courante et normale que tous les pays du monde pratiquent : il y a des pays qui ont un surplus d'épargne et il y a des pays qui ont des projets et des besoins en financement. Il a noté que les taux d'endettement de pays comme les Etats-Unis, la France, la Russie, sont très importants en ajoutant que l'essentiel est qu'un pays doive tenir ses engagements et qu'il doit créer de la richesse avec ces emprunts. Il a rappelé dans ce contexte que la Tunisie, depuis son indépendance, a toujours eu recours aux emprunts. Le gouverneur de la BCT a souligné que les ressources internes de l'Etat ne couvrent que 70% du budget et qu'il faut trouver les 30% restants, soit 7,5 milliards de dinars. «L'épargne nationale n'est que de 13%, le déficit commercial se creuse, il y a des besoins pour les dépenses courantes, les salaires (800.000 agents de l'Etat qui coûtent 800 MD par mois), les subventions (5 milliards de dinars par an) et l'intérêt de la dette, comment financer tout cela si on n'a pas recours à l'emprunt ?», s'est interrogé M. Ayari, «ceci dit nous surveillons la dette pour qu'elle reste dans des seuils raisonnables, notre taux d'endettement se situant actuellement à 52% du PIB». «Si le peuple tunisien veut qu'on n'ait plus recours au marché international, il faut qu'il augmente sa productivité et diminue sa consommation : pour limiter la pression de la dette il faut augmenter la croissance !», a martelé le gouverneur de la BCT, rappelant que si le bassin minier avait fonctionné en continu pendant toute l'année, il aurait généré 2 milliards de dollars, ce qui représente pratiquement le tiers de notre déficit budgétaire. Pour sa part, M. Ben Hammouda est revenu sur les détails de cette opération. Ainsi, un prospectus de 150 pages a été préparé par la BCT et le ministère des Finances avec la participation des autres ministères pour décrire la situation économique du pays et des défis qu'il doit relever. La décision de recourir au marché international, a été prise en octobre et les équipes travaillant sur ce projet n'ont eu que deux mois (novembre et décembre) pour le préparer. Le roadshow présidé par Hakim Ben Hammouda a démarré le 15 janvier pour finir le 26 courant, pour présenter notre économie dans plusieurs capitales de la finance (Londres, Los Angeles, Wall Street, Boston, Munich et Paris) et où ils ont rencontré 100 investisseurs dont trois seulement n'ont pas pris part à cet emprunt. Cette forte demande sur l'emprunt obligataire tunisien avec des conditions avantageuses malgré la faible note souveraine du pays, montre la crédibilité de la Tunisie en tant que bon payeur : elle est une reconnaissance de la réussite de l'expérience tunisienne et de ses élections ainsi qu'une reconnaissance aux efforts du gouvernement pour relancer l'économie, a soutenu le ministre. D'ailleurs, cette levée de fonds a étonné certains médias, note M. Ben Hammouda, parmi eux le Financial Times qui a titré "Strong demand for Tunisia's $1bn bond". Autre point, pour financer ce gap budgétaire, le ministère des Finances a mis en place un plan qui permettra de le financer par tranche, via cet emprunt sur le marché international, les emprunts du FMI et Banque mondiale, des Sukuks islamiques qui seront émis sur le marché national outre les 200 à 300 MD émis chaque mois en bons du trésor sur le marché national. Il faudra aussi limiter les dépenses et augmenter les ressources internes via les ressources fiscales et la lutte contre la contrebande, souligne-t-il. Imen Nouira A lire également : Levée de 1 milliard de dollars sur le marché international