Rached Ghannouchi est revenu dans une interview accordée à l'agence de presse turque Anadolu, et publiée aujourd'hui vendredi 6 février 2015, sur la présence de son parti dans la nouvelle équipe gouvernementale de Habib Essid. Le leader d'Ennahdha explique que la participation du parti islamiste reste « partielle » et « n'est pas représentative de son réel poids politique, en tant que deuxième parti gagnant des élections ayant une différence de nombre de voix minime par rapport au parti gagnant [Nidaa Tounes ]. Une participation qu'il considère comme « un sacrifice » dans l'intérêt du pays et dans une logique de consensus et de partage du pouvoir « qui permettrait d'éviter des confrontations qui auraient pu compromettre l'expérience tunisienne ». Le chef islamiste a aussi démenti l'existence de « membres mécontents » au sein du parti, affirmant que le parti « n'est pas une boite fermée » et comporte naturellement des courants et des opinions différents mais qui obéissent aux décisions du conseil de la Choura. De l'avis de Ghannouchi, le nouveau gouvernement de Habib Essid serait « meilleur que la formation initialement présentée » par ce dernier, et comporterait une importante base de partis politiques « sans pour autant se prétendre être un gouvernement d'union nationale » [contrairement aux déclarations du nouveau chef du gouvernement]. Revenant sur le portefeuille de l'Emploi et de la Formation professionnelle, alloué à Zied Laâdhari, cadre du parti, Rached Ghannouchi a affirmé que « Ennahdha est honorée d'avoir eu ce ministère », étant donné que « l'emploi est l'un des plus importantes revendications de la révolution » ajoutant que la mission du ministère se fera en collaboration avec les institutions tunisiennes. Dans son interview, Ghannouchi a insisté sur la nécessite du consensus et de la collaboration des différents courants politiques dans l'exercice du pouvoir en citant le cas tunisien mais aussi libyen et égyptien. Il a, par ailleurs, déclaré que la Tunisie est, aujourd'hui, en train de bâtir les bases de ce compromis entre deux courants qui se sont affrontés pendant un demi siècle, en l'occurrence le courant islamiste et le courant laïque.