Le ministre de l'Economie numérique Noômane Fehri a réservé, sa première sortie publique, pour visiter la 8ème édition de HR EXPO qui s'est tenue les 18 et 19 février 2015 à l'hôtel Acropole à Tunis sur le thème «DRHs, osons le digital». Un colloque scientifique s'est tenu en marge de l'exposition à laquelle ont participé une quarantaine d'exposants de diverses nationalités et domaines à savoir entreprises spécialisées dans le numérique, le développement informatique, éditeurs de systèmes d'information RH et ERPs, cabinets d'étude, consultance et formation, sociétés de coaching et accompagnement personnalisé. Il est intéressant de noter qu'un nombre important de professionnels RH, d'experts, de formateurs, d'universitaires et jeunes doctorants hommes et femmes était présent. Dans le même ordre d'idées, en leur qualité d'intervenants, des chefs d'entreprises, des managers RH et des professionnels chevronnés, des universitaires et experts RH ont démontré à travers une plénière, six ateliers, deux présentations et une table ronde que la révolution numérique qui transforme le paysage mondial et inéluctablement la Tunisie a aussi investi le champ de la GRH dans les entreprises implantées en Tunisie. Il est donc impératif aujourd'hui de réinventer le management des RH pour s'adapter à cette nouvelle donne et d'optimiser l'exploitation des outils pertinents pour réfléchir à la stratégie à mettre en place.
En effet si la fonction est automatisée, si toutes les données relatives à l'efficacité des process, au marché ou aux clients internes sont exploitées numériquement à l'ère du big data, si les transactions se font en temps réel via mail, vidéo, partage de documents sur les réseaux d'entreprises, si les dossiers et documents RH sont dématérialisés et que l'approche métier devient innovante et dynamique, les équipes RH doivent faire un saut culturel, changer de comportement, de mentalité, d'approche et se mettre à niveau. De nouvelles compétences doivent être acquises et de nouveaux métiers tels que community managers, ou gestionnaires intranet verront le jour. Il faudra donc que ces nouveaux métiers soient enseignés et développés à l'université et dans les écoles de gestion. Par ailleurs, un nouveau rapport à la hiérarchie sera impulsé et l'organisation du travail migrera d'une approche verticale à une approche horizontale.
Aujourd'hui, les dirigeants d'entreprise doivent être au diapason de la technologie et s'assurer que toutes les fonctions stratégiques soient dotées d'outils adéquats pour accompagner ce changement
Inéluctablement l'homme connecté du 21é siècle ou homo connexus est devenu un acteur social et client fournisseur réel ou virtuel, sur lequel repose l'élaboration des liens sociaux et stratégies commerciales des entreprises modernes affranchies du carcan traditionnel de la bureaucratie. Toute cette approche conforte l'argument du DRH digitocompatible mais non sans risques d'où l'importance de la confidentialité des données et leur sécurisation. Par ailleurs, si l'appartenance et l'inscription des communautés de salariés aux réseaux sociaux professionnels tels que LinkedIn, Viadeo et Facebook d'entreprises pour faciliter le recrutement et même parfois la mobilité interne et le recrutement interne n'est plus à démontrer, il faut travailler là-dessus, affiner les profils et susciter un partage de données équitable. L'avenir digital de la fonction s'impose de lui-même. En effet l'ubiquité et la transparence des outils numériques constituent des leviers de changement dans l'entreprise et peuvent permettre aux gestionnaires RH de monter en puissance, renforcer leur professionnalisme et leur rigueur. Ainsi, ils participent à leur légitimité et peuvent de ce fait anticiper et résoudre les conflits sociaux aujourd'hui très répandus dans les entreprises.
Comme l'a affirmé un des experts, un dirigeant se doit de visualiser son entreprise dans le futur et avec la digitalisation, le futur est à portée de main. Toutefois, le caractère omniprésent du digital dans les entreprises et les changements conséquents supposent de redéfinir les valeurs éthiques et sociales. Dans ce cas, il est indispensable de considérer et prendre en compte une nouvelle chaine de responsabilités, qui impliquera aussi bien les concepteurs et programmeurs que les dirigeants, managers, décideurs que les simples utilisateurs en bout de chaine.
La question finale revient à se demander si cette surcharge d'informations parfois pertinente et utile parfois sans intérêt immédiat mais cependant supposée faciliter la vie aux gestionnaires et améliorer leurs pratiques ne devienne pas source de stress et contraintes et entraine des effets pervers de déshumanisation, angoisse et excès d'individualisme en cette période post révolution ou partage, solidarité, et citoyenneté devraient prévaloir.