La faculté de droit et des sciences politiques de Tunis créée en 1958 représente un symbole de souveraineté et de liberté d'une Tunisie indépendante dans le domaine des sciences et du savoir. Elle fut le cœur battant de tous les mouvements estudiantins et de toutes les idéologies qui étaient à l'origine de la naissance d'un Etat moderne. Toutefois au cours des années 90, l'université tunisienne fut secouée par une nouvelle politique d'enseignement qui ébranla son essor et terni son aura sur le plan international. Néanmoins, la résistance des enseignants et des étudiants avait permis à notre faculté de demeurer une forteresse de savoir contre vents et marées. A l'avènement du 14 Janvier 2011, un nouveau souffle de liberté et d'enthousiasme donna à la jeunesse estudiantine et au système administratif un élan considérable de revendications et d'affirmation de leur statut. Cette liberté ne fut pas accompagnée par des mesures, des reformes et d'un plan de restructuration du système éducatif dans son ensemble. On passa donc de la liberté à une certaine anarchie où le rôle de chacun : enseignants, étudiants et administrations est devenu imperceptible. Cette zone de turbulence engendra des grèves répétitives incontrôlées et les revendications fusaient de partout sans connaitre l'issue à l'avance. La grève entamée par les étudiants de la faculté de droit et des sciences politiques, le 2 mars 2015, est l'exemple édifiant de cette situation confuse et biaisée. Ci-après 3 exemples de revendications : - Avec la nouvelle loi de 2008, nous passons huit examens de DS tout au long du semestre, ce qui ne nous laisse pas une grande marge de temps pour bien réviser les matières principales (la loi n'est ni en faveur des professeurs, ni à des étudiants). - Plusieurs étudiants venus des 4 coins du pays n'arrivent pas à bien réviser au foyer ou ailleurs. On a alors réclamé la prolongation des heures de révision à la bibliothèque qui ferme ses portes à 16h30. - Les étudiants devraient disposer d'un horaire aménagé afin d'exercer d'autres activités culturelles et sportives leur permettant de s'épanouir au niveau intellectuel et physique. Bien que ces revendications soient le résultat de deux décennies d'un système défaillant et nécessitant des réformes à court, moyen et long terme. L'administration, manifestement compréhensive, ouvre un champ de dialogue avec les étudiants et les revendications font l'objet de négociations entre responsables et autorités de tutelle. Il n'en demeure pas moins que la situation, ci-dessus décrite, n'est que la partie visible de l'iceberg. En effet, au-delà de la bienveillance du corps administratif, certaines revendications irrecevables font surface, venant d'autres acteurs dont les intentions sont étrangères au milieu universitaire et qui veulent prendre en otage les enfants du peuple et la majorité absolue des étudiants pour en faire des moutons de Panurge, afin d'instaurer un climat d'intolérance et de conflits. Les revendications initialement légitimes sont ainsi devenues un danger menaçant non seulement l'université et l'année universitaire mais tout le modèle sociétal de notre pays basé sur la solidarité et l'esprit de corps. Ceci est un appel de détresse aux parents, responsables et hommes politiques : cultivez l'esprit révolutionnaire, c'est la base de la société moderne et de l'Etat démocratique sans pour autant tomber dans l'extrémisme qui n'est que ruine de l'âme, aveuglement de la conscience et un pas vers le suicide social. * 20 ans, étudiante en droit à la faculté de droit et sciences politiques de Tunis