Anouar Ben Khalifa, l'ancien Secrétaire d'Etat chargé de la Gouvernance et de la Fonction publique sous Mehdi Jomâa, a exercé hier jeudi 3 septembre son droit de réponse, le deuxième de la journée, contre l'organisation I Watch, l'accusant, à de multiples reprises, de tromper l'opinion publique. C'est un ping-pong qui a commencé mercredi soir par la publication d'un communiqué de l'organisation contenant des informations tronquées accusant Mehdi Jomâa de tromper l'opinion publique. MM. Jomâa et Ben Khalifa ont répondu dès jeudi matin aux tromperies d'I Watch en ajoutant des informations tues par l'organisation. Jeudi après-midi, I Watch a donné sa réponse, en présentant des documents étayant ses dires. Jeudi en milieu de soirée, M. Ben Khalifa a répondu à la réponse, à son tour, en présentant de nouveaux documents prouvant que Mehdi Jomâa et lui ont fait preuve du professionnalisme nécessaire dans la gestion de ce dossier. Au tout dernier paragraphe de sa deuxième réponse, Anouar Ben Khalifa revient sur l'histoire des 20% réclamés par I Watch voyant, en cette commission, l'explication justifiant les « attaques gratuites et tromperies » d'I Watch contre le gouvernement de Mehdi Jomâa, puisque l'organisation en a été privée.
Dans sa deuxième réponse, Anouar Ben Khalifa attire l'attention sur le fait que la première correspondance du gouvernement à Transparency (comme le montre le document présenté par I Watch) a été envoyée le 15 février 2014, c'est-à-dire 20 jours à peine après la prise de fonctions (le 29 janvier) et ce n'était qu'une prise de connaissance entre le gouvernement et les différentes organisations de la société civile qui avaient des projets en cours entamés par les gouvernements précédents. Après étude profonde du dossier, indique Anouar Ben Khalifa, il s'est avéré qu'il y avait tromperie. Le gouvernement s'est rendu compte que contrairement à la présentation qui lui a été faite au départ, c'était à lui de prendre en charge l'ensemble du budget de l'organisation du congrès. Information confirmée par Transparency International au gouvernement. Dans un premier temps, et selon M. Ben Khalifa, I Watch a indiqué que le coût de l'organisation du congrès sera entièrement couvert par d'autres organisations. Or, Transparency a indiqué au gouvernement que le soutien financier des autres organisations ne saurait dépasser les 300.000€ alors que le coût global du congrès avoisine les 4,5 millions d'€.
M. Ben Khalifa s'étonne que le gouvernement soit exclu quand il y a des recettes à prendre (80% pour Transparency et 20% pour I Watch) alors qu'on lui demande de prendre en charge l'ensemble des dépenses. L'ancien secrétaire d'Etat relève par ailleurs que Transparency a exigé une avance de 300.000€ avant même de parler du maintien du congrès ou de son report, ce qui est contraire aux affirmations d'I Watch qui a déclaré que Transparency était prête à reporter, sans conditions, le congrès et qu'elle allait participer à son financement qui, de toute façon, ne couvre pas le coût global. Anouar Ben Khalifa a envoyé à Business News un fac-similé de sa correspondance à Transparency dans laquelle il lui demande de rembourser les avances reçues par l'Etat tunisien. Il présente également les efforts faits par le gouvernement de Mehdi Jomâa pour essayer de trouver le financement nécessaire pour l'organisation du congrès. Il en a ainsi parlé avec les représentants du gouvernement allemand et montre un extrait d'un texte du ministère allemand des Affaires étrangères à ce sujet, mais également au sujet des discussions tuniso-allemandes autour du dossier de la bonne gouvernance. Et M. Ben Khalifa de conclure son texte en abordant l'histoire des 20% d'I Watch pour justifier la campagne orchestrée contre lui et le gouvernement de Mehdi Jomâa.
Sur la toile et les réseaux sociaux, on suit l'affaire de près et les avis ne sont pas très partagés. Si les inconditionnels d'I Watch continuent à soutenir l'organisation et ses dirigeants, plusieurs autres voix se sont élevées contre ce qu'ils ont appelé racket en bonne et due forme, l'assimilant carrément à une mafia voire à une association de corrompus. On est allé jusqu'à lui donner des surnoms comme « I Louche » et « L'association 20% ».