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Interview de Béji Caïd Essebsi : « N'est pas président qui veut ! »
Publié dans Business News le 22 - 02 - 2016

En marge de sa visite d'Etat en Suisse, Béji Caïd Essebsi a accordé une interview à Nizar Bahloul et Soufiane Ben Farhat, pour Business News et La Presse, dans laquelle il a donné son avis sur Habib Essid, sur Nidaa, les candidats à sa succession et l'avenir de la Tunisie.
L'interview a été réalisée en deux temps, tôt le matin dans la suite personnelle du président de la République et en fin d'après-midi à bord de l'avion présidentiel, retournant vers Tunis. De ce qu'a dit Béji Caïd Essebsi, on peut retenir qu'il continue à être optimiste et à y croire vraiment, mais qu'il ne voit toutefois pas quelqu'un dans le paysage capable de tenir les rênes du pays.

Comment évaluez-vous la visite en Suisse ?
La Tunisie a une bonne réputation à l'étranger et nous œuvrons à la préserver. Vous le constatez vous-mêmes, d'ailleurs, et l'accueil qui nous a été réservé, ici en Suisse, le prouve. Cela dit, que nous le voulions ou pas, la politique étrangère de la Tunisie est influencée par la situation interne du pays et certains de nos comportements ont de mauvaises conséquences. Nous avons des accords oraux avec des Etats pour qu'ils nous aident et ils allaient venir pour les concrétiser, mais il y a eu une affaire de terrorisme qui a fait que l'on reporte cette concrétisation aux calendes grecques.

A cause de la crise à Nidaa, la présidence s'est retrouvée en première ligne à un certain moment. Avez-vous repris votre magistère pour redevenir le président de tous les Tunisiens ?
C'est exactement mon rôle. La constitution m'a délimité un domaine d'intervention, mais il y a quelque chose qui m'appartient, c'est ce magistère comme vous l'appelez.
Quand j'étais ambassadeur en Allemagne pour un an, j'avais de bonnes relations avec le président de la République, Richard von Weizsäcker, qui m'invitait souvent chez lui à Bonn (Villa Hammerschmidt, à Bonn, ancienne résidence officielle des présidents fédéraux allemands lorsque Bonn était la capitale de la République fédérale NDLR). Ce président était auparavant bourgmestre, il était francophone et grand physicien. A un moment, on a entendu dire que le président devait parler et toute l'Allemagne s'était arrêtée. Il a exercé son magistère ! Et cela m'a beaucoup marqué. Le président de la Tunisie a été élu pourquoi ? S'ils avaient envie de l'élire comme un député, ils l'auraient fait. J'ai été élu à la magistrature suprême par 1.737.000 citoyens et non par les élus de Nidaa uniquement. Nidaa a eu 1.200.000 dans lesquels j ai une part, puisque j'ai aidé à la campagne. Je suis conscient de tout cela et je me maintiens dans cette disposition là.

On remarque cependant que vous intervenez dans les affaires du pays, sur les questions économiques ou du chômage par exemple.
Nous ne pouvons pas ignorer la situation, et il faut comprendre pourquoi nous en sommes là ! Nous avons 650.000 chômeurs, nous avons de la pauvreté, 12 régions sur 24 sont marginalisées. Il faut bien reconnaitre que le modèle de développement adopté depuis des décennies n'a pas favorisé ces régions et que tout cela a eu des répercussions sur la sécurité du pays ! Ce sont ces zones qui assurent la stabilité à l'intérieur du pays. Je trouve légitime que les gens manifestent pour demander du travail. Je ne les encourage pas, mais je trouve cela légitime !

Il n'y a pas un désaveu du gouvernement de votre part, comme s'il ne prenait pas le problème à bras le corps ?
Le chef du gouvernement a plus de pouvoir que le président de la République, selon la constitution. Ils ont voulu ça et c'est écrit dans la Constitution ! L'exécutif à double tête n'est pas pratique. Un gouvernement soutenu par quatre partis va forcément lentement. Ce n'est plus comme avant, un seul parti, un seul président et une seule opinion. Cela porte des inconvénients, mais les choses vont vite.
Outre les lenteurs, ce gouvernement a trouvé une situation complètement obérée sur le plan de l'économie, de l'ordre public et de la guerre contre le terrorisme. Nous n'avons aucune culture, ni du terrorisme ni de la lutte contre le terrorisme. Tout cela est nouveau pour nous et c'est pour cela que le gouvernement a pris du temps pour s'adapter. Je parle également pour tous les gouvernements qui l'ont précédé.
Nous avons voulu introduire des changements, mais nous n'avons pas pu. Nous avons eu beaucoup de promoteurs étrangers dont un qui allait investir 757 millions de dollars. Il voulait venir en Tunisie et a noué des contacts avec l'administration, mais il a dû rebrousser chemin. Quand je lui ai demandé pourquoi, il a dit qu'il n'a pas trouvé le climat favorable aux investissements en Tunisie.
Qu'est ce que c'est que ce climat favorable ? L'administration ne fonctionne pas ! On leur demande d'appliquer les instructions et quand ils les ont appliquées, ils se sont retrouvés devant les tribunaux !

Si vous deviez noter Habib Essid de 1 à 10…
Moi, je ne note pas ! J'ai dit que je suis globalement satisfait de son œuvre, que c'est globalement positif. Est-ce qu'il y a une alternative ? Moi je n'en vois pas !

Ce problème de l'administration aurait pu être résolu par le projet de loi de la réconciliation nationale, mais ce projet était mal ficelé et c'est pour cela qu'il n'est pas passé.
Ce projet n'a pas encore été entamé et non il n'est pas passé. Ecoutez, je vais vous le dire, il n'y a pas d'autre solution à cela ! Qu'est-ce que vous voulez ? Que l'on change ce qui se passe ? Il n'y a donc pas d'autre solution que ce projet. Ça intéresse principalement la fonction publique, c'est elle qui bloque les ministres concernés. Quand je leur pose la question, ils me disent l'administration n'a pas marché et refuse de signer.

Êtes-vous soulagé par le départ de Ridha Belhaj de la présidence de la République ?
Pas du tout ! Je ne suis pas quelqu'un qui accepte n'importe quoi. Il a fait du très bon travail, j'étais très content de ce travail, mais moi je voulais faire la différence : quand on est à la présidence de la République, on ne doit pas être dans les partis quels qu'ils soient. Nous étions d'accord là-dessus, je l'ai averti et il devait choisir.

Vous avez eu des coups de cœur pour Mohsen Marzouk et Ridha Belhadj, mais leurs ambitions les ont dépassées…
Je ne peux pas leur reprocher cela, mais je ne l'accepte pas ! S'ils veulent des ambitions c'est légitime mais en dehors de la présidence.

Il y a une certaine course pour la succession à Carthage avec Ridha Belhaj, Mohsen Marzouk, Mustapha Kamel Nabli, Mehdi Jomâa, qui est le plus apte selon vous ?
Pour être honnête, aucun ! Il faut trouver quelqu'un d'autre à part ces quatre ! Je les connais tous, ils ont tous travaillé avec moi. N'est pas président qui veut ! Quand Mehdi Jomâa a été nommé, il m'a appelé et il est venu me voir le jour même, je lui ai dis : « moi je ne vous ai pas choisi, pour la bonne raison que je ne vous connais pas ! Je ne vais pas choisir quelqu'un que je ne connais pas ! » et je lui ai donné des conseils.

La politique vous transcende, mais on n'est pas à l'abri de la vacance du pouvoir. Où est le vice- président ?
Ça c'est une vérité, la vie est entre les mains de Dieu, mais la mort ne guette pas uniquement les gens qui ont plus de 80 ans. De quelle vacance du pouvoir parlez-vous ?
Vous parlez d'un vice-président ? Le chef de l'Etat travaille dans le cadre d'une constitution et il faudrait la changer pour créer ce poste. Et entre vous et moi, personnellement je ne suis pas contre

Plusieurs parmi vos électeurs vous disent que vous les avez trahis quand ils voient vos relations avec Rached Ghannouchi. Qu'est-ce que vous leur dites ?
Quand je me suis présenté et quand on m'a élu, on ne m'a pas dit qu'il fallait être contre Ennahdha et je me suis expliqué dernièrement à la télé nationale à ce sujet. On ne peut pas m'accuser d'être un nahdhaoui, quand même ! Les sympathisants d'Ennahdha ont d'ailleurs tous voté contre moi, à l'exception de Ghannouchi qui a dit qu'il a voté pour moi.
La politique, c'est une obligation de résultat, on ne gouverne pas avec des états d'âme. Au début, il y avait une loi d'excommunication contre moi personnellement et j'étais le seul à combattre cette loi. J'ai dit que jamais cette loi ne passera, parce qu'elle n'était pas dans l'intérêt de la Tunisie, et elle n'est pas passée. Il faut quand même dire que Ghannouchi a joué un rôle dans cette affaire.
Quand nous nous sommes rencontrés Ghannouchi et moi, il faut rappeler que nous étions comme chien et chat juste avant. Il faut rappeler aussi qu'Ennahdha était contre l'idée du dialogue national initié par l'UGTT puis des trois autres plus tard, et les islamistes ont fait échouer ce dialogue. Ça n'a repris qu'après notre rencontre à Paris. Seule la vérité est révolutionnaire et j'ai pris sur moi de toujours dire la vérité et si je ne peux pas la dire je me tais, je sais me taire.
Quand on s'est rencontré, on a parlé pendant trois heures et il n'a jamais voulu me concéder quoi que ce soit. A l'issue de ces trois heures il m'a demandé si on pouvait faire une déclaration pour demander aux gens de se calmer. Je lui ai dit non, je ne fais pas de choses artificielles, on fera cette déclaration lorsque nous serons prêts. Je lui ai dit : « Il faut d'abord rejoindre le dialogue national, parce que vous ne trouverez jamais un arrangement avec moi en dehors de ce dialogue. » Il n'était pas convaincu au début, mais je lui ai tendu la main et je l'ai exhorté à bouger. Il a accepté d'entrer dans le dialogue et il a accepté mon principe qu'il répète « la patrie, avant les partis ». Je vous rappelle aussi que le jour où il a rencontré Houcine Abassi, son parti s'était dressé contre lui en lui disant « tu ne représentes que ta personne !».

La troïka a détruit les fondamentaux de la diplomatie tunisienne, Taïeb Baccouche n'a pas été à la hauteur, mais on remarque maintenant une amélioration de la situation avec les Emirats, des visites au Koweït, au Bahreïn, en Arabie Saoudite, des sorties … Vous voulez redorer la diplomatie tunisienne et redonner à la Tunisie un statut qu'elle a perdu…
C'est normal, redorer la diplomatie tunisienne est un souci majeur pour moi ! C'est la politique de Bourguiba, j ai été 6 ans ministre des Affaires étrangères de Bourguiba !

Quel homme politique pensez-vous capable d'entrer à Carthage ou la Kasbah ?
Si nous respectons la règle, il faut attendre 4 ans pour entrer à Carthage. D'ici là, bien d'eau coulera sous les ponts.
Pour la Kasbah, cela dépendra de l'Assemblée.

Et pour Nidaa Tounes, qui estimez-vous valable pour devenir candidat ?
Aucun !

Et dans l'ancien team ? Des gens comme Nouri Jouini, Afif Chelbi ou de cette trempe là?
Pourquoi pas ? J'ai beaucoup d'estime pour eux. Quand j'ai été Premier ministre, je leur ai proposé des postes de ministre. Ils ont refusé pour ne pas me gêner et que je sois accusé d'avoir fait appel aux anciens. Mais les deux ont accepté de travailler avec moi et ils l'ont fait pour moi. Ils ont quand même le droit d'exister et de faire une carrière ! Je pense que Nouri Jouini a quand même plus d'expérience que les autres.

Pourquoi vous n'avez pas nommé un militaire à la tête du ministère de la Défense ?
Ce n'est pas moi qui nomme les ministres, mais le président du conseil. Moi, j'approuve. Cela dit, pour sa décharge, il aurait accepté tout ce que je lui aurai suggéré.
Il avait deux propositions, l'actuel ministre et l'ancien ministre de la Justice que je connaissais bien, puisqu'il était avec moi dans la campagne. Quand on est membre du gouvernement, on peut avoir des idées, mais il faut les oublier surtout quand elles ne sont pas en phase avec la politique du gouvernement auquel on participe.

A l'échelle socio-économique, la Tunisie ressemble actuellement à la période de Ben Salah (fin des années 1970) avec un tissu économique et capital productif détruits. Il fallait que Hédi Nouira arrive avec un projet de société et une vision. N'a-t-on pas besoin aujourd'hui d'une économie politique, plus qu'autre chose ?
Une économie politique ne peut exister qu'avec un climat favorable des investissements. Nous avons trouvé une économie complètement obérée. Quand on m'a élu, ce n'est pas pour être avec ou contre Ennahdha, c'est pour sortir le pays de cette ornière. Personnellement, je vous dis que si je n'avais pas senti que c'est possible de s'en sortir, je ne me serai pas présenté. Je sais que c'est possible. Mais on doit calculer avec les gens à disposition. J'ai fait la proposition de la réconciliation nationale, parce que j'estime que c'est la seule façon de créer le climat favorable des investissements, qu'il soit tunisien ou étranger. Or l'investissement étranger ne peut pas venir, s'il n'y a déjà pas d'investissement tunisien. Les gens ont peur à tort ou à raison. L'administration ne fonctionne pas, parce qu'ils ont peur, les investisseurs ont peur parce que le climat n'est pas sain. Je le redis, il faut agir sur le climat ! Même les investisseurs étrangers me le disent ! Est-ce qu'on peut leur reprocher cela ? Comme a dit Hamadi Jebali, le capital est « jaben ». Le capital est poltron.
Pour conclure, c'est possible de sortir la Tunisie de cette ornière en créant ce climat là. Mais on ne peut pas avancer en criant tous les jours, en descendant dans les rues, en construisant des murs sur les chemins de fer… Ce n'est plus possible. Il faut un minimum de coercition de l'Etat, mais sans exagérer. Jusqu'à présent, il y a un déficit d'Etat…

A propos de déficit d'Etat, le silence de la Cour des comptes à propos du nom du candidat à la présidentielle qui s'est fait financer par deux Etats étrangers, ne donne-t-il pas une mauvaise image de la justice ?
Ce n'est pas la question la plus importante, c'est un incident de parcours. Nous avons de mauvaises images partout. Le problème est que si quelqu'un s'engage pour présenter un projet pour sauver la Tunisie, on le bloque ! Moi, je n'ai rien à gagner, tout ce que je propose, je le fais pour le pays.
Notre problème à nous est que l'on ne travaille pas assez ! Qu'est-ce qui crée la richesse à part de bonnes idées et le travail ? J'ai été très content de rencontrer ces jeunes Tunisiens qui étudient en Suisse. D'abord, ils sont calmes. Deux, ils ont dû militer et ne crient pas sur tous les toits : « nous sommes instruits et qualifiés ! ». Nous ne manquons pas de compétences, mais il faut aller les chercher ! Un homme peut paraitre terne, mais il faut savoir comment le transformer !

Comment voyez-vous l'avenir ?
Nous avons une expérience démocratique. Il faut y croire et certaines catégories n'y croient pas. Ils ont des références idéologiques et vous voyez bien à quoi je pense. Dans une démocratie, c'est la majorité qui gouverne. Cette majorité doit respecter la minorité et réciproquement. Or la minorité que nous avons ne respecte pas la majorité.

C'était aussi le cas sous la troïka…
La troïka c'est une autre question. Eux, ils ont entamé des expériences de salafisme, de la chariâa de l'islamisme politique, du califat, des problèmes de la femme… Ils n'ont pas réussi, ils ont vu les limites de leur politique et ont dû se rabattre sur une politique plus tunisienne. Ceci prouve qu'ils ne sont pas si bêtes que cela, qu'ils ont un parti structuré

Est-ce que l'islam politique a encore une chance ? Cette « tunisification » d'Ennahdha n'est-elle pas une simple tactique ?
Si nous faillons à notre devoir, ils ont toutes les chances. Exemple, Nidaa Tounes a réussi à faire d'Ennahdha le deuxième parti et non le premier.
C'était leur tactique de faire précéder les élections législatives, parce qu'ils étaient sûrs qu'ils allaient être premiers ! Si on avait fait précéder la présidentielle, ils avaient des chances de ne pas paraître. En définitive, ils n'ont pas réussi et c'est nous qui avions réussi, modérément, car nous aurions pu avoir la majorité absolue, mais le comportement de certains des nôtres a fait que l'on soit dans cette situation relative.
Mohsen Marzouk et autres ont cassé l'élan de Nidaa Tounes ! Peu importe qui dirige, c'est secondaire. En définitive, ce qu'ils ont fait, c'est d'avoir placé Ennahdha en premier à l'assemblée ! Il faut juger simplement ces choses là.

Est-ce que vous pensez à quelqu'un pour assurer le sauvetage à Nidaa Tounes ?
Il n'y a pas de situation désespérée. Tant qu'il y a des hommes, tout peut être sauvé.

Est-ce qu'on peut faire confiance à des gens compétents de Nidaa, tels Youssef Chahed ou Selim Azzabi ?
Vous me citez les deux meilleurs ! En vous assurant qu'aucun des deux ne m'est proche. Je suis le seul président à ne jamais avoir favorisé un membre de sa famille.
Ils sont venus d'Al Joumhouri et ils font du très bon travail, mais ils n'ont aucune fonction à Nidaa. J'interdis à celui qui est à la présidence de s'occuper de Nidaa et l'autre a été chargé d'une mission qu'il a très bien réussie, sauf qu'il vient de reprendre sa place au gouvernement. Ce qu'il a proposé était ce qu'il fallait faire.

N'y a-t-il pas de possibilité d'alliance entre Nidaa et El Horra ?
Il ne s'agit pas d'alliance, normalement c'est le même parti ! Ce qu'ils ont fait n'est pas très réfléchi, ils auraient pu rester à Nidaa et avoir un courant.

Qui est donc valable aujourd'hui à Nidaa ?
En tout cas, pas moi ! Nidaa, en dépit de tout, bénéficie de bons chiffres auprès de l'opinion publique et est premier dans un sondage réalisé récemment, donc sa situation est récupérable.


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