L'ONG multinationale, International Crisis Group, a rendu public un communiqué, aujourd'hui, mardi 3 mai 2016, concernant le processus de justice transitionnelle en Tunisie, notamment, de son application dans le domaine économique. International Crisis Group a considéré que les tensions politiques entre défenseurs et adversaires du processus de justice transitionnelle en Tunisie, en particulier de son application dans le domaine économique, retardent la mise en place de politiques publiques à même de dynamiser l'économie et de combattre la corruption. «Des concessions sont indispensables des deux côtés. D'une part, il est nécessaire de dissiper le malentendu qui assimile justice transitionnelle, et le rôle légitime qu'elle peut jouer en matière de justice et de réconciliation, aux mesures ad-hoc prises durant la période dite de « justice révolutionnaire », perçue par certains comme une « chasse aux sorcières » à l'encontre d'hommes d'affaires et de hauts fonctionnaires. D'autre part, au vu de la dégradation de la situation économique, le pays ne peut attendre que l'IVD formule ses recommandations finales en 2018-2019. Une loi générale régularisant sous certaines conditions la situation des Tunisiens auteurs de détournements de fonds et d'évasion fiscale devrait être promulguée rapidement. Au lieu de se soumettre à des mécanismes de conciliation ouvrant la voie au clientélisme et à l'extorsion de fonds, ceux-ci confieraient le recensement de leur patrimoine à des cabinets d'experts-comptables, responsables sur le plan pénal en cas de fausses déclarations», indique ledit rapport.
Selon International Crisis Group, le redémarrage de l'économie nécessite que les opérateurs économiques doivent pouvoir se libérer des mesures de « justice révolutionnaire » dont ils se disent victimes depuis plusieurs années, et les agents de l'Etat accusés de malversations sous l'ancien régime doivent pouvoir régulariser leur situation. En échange, la coalition gouvernementale et la présidence de la République doivent faciliter la collaboration des institutions publiques avec l'IVD et encourager la médiatisation de ses activités, notamment de ses auditions publiques. Parallèlement, des mesures de lutte contre le clientélisme, le népotisme et la corruption doivent être pensées et rapidement mises en œuvre. Le dialogue entre les régions, notamment entre les entrepreneurs des zones frontalières, du Sahel et de la capitale, doit être favorisé, et de nouveaux mécanismes de transparence élaborés sur les appels d'offres publics. « Il ne s'agit pas de modifier le mécanisme de justice transitionnelle ancré dans la Constitution de janvier 2014, mais plutôt de trouver une voie médiane permettant d'accroitre la confiance des élites politiques envers celui-ci afin que l'IVD puisse poursuivre ses activités dans un environnement plus favorable ».