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Abou Iyadh et Kamel Gadhgadhi, les martyrs oubliés
Publié dans Business News le 30 - 05 - 2016

Elle s'appelle Héla Omrane, elle est députée et elle a eu le malheur de s'indigner face à une photo de Mehrez Boudagga accrochée au congrès d'Ennahdha en sa qualité de « martyr du mouvement ». Officiellement, c'est-à-dire juridiquement parlant, Mehrez Boudagga est un terroriste et il a été jugé comme tel. Partant, Mme Omrane s'est indignée d'une révision éhontée (et si rapide) de l'Histoire. Mal lui en a pris, car elle a été immédiatement la cible de toutes les attaques des islamistes lui reprochant « de salir la mémoire d'un « martyr » condamné suite à une parodie de procès sur la base d'aveux extorqués par, disent-ils, la torture ».
A lire Assabah du 18 août 1987, il y a bel et bien eu des aveux. Ces aveux ont même été diffusés la veille à la Télévision nationale. Le « martyr » a déclaré avoir été chargé par le Mouvement islamique de fabriquer les quatre bombes qui ont explosé, cet été là, dans des hôtels à Sousse et Monastir. « Procès non équitable », « aveux extorqués », « médias non crédibles et à la solde du régime dictatorial », « Boudagga est un martyr », « tous ceux qui n'ont pas eu de procès équitable sont des présumés innocents », balaient d'un trait les islamistes. A les entendre, ils sont tous innocents, victimes de la torture et de la dictature. Abdellatif Mekki ose carrément dire que c'est le ministre de l'Intérieur de l'époque (Zine El Abidine Ben Ali) qui aurait perpétré ces attentats afin de déstabiliser l'ancien président et prendre ensuite sa place.

Des témoins de l'Histoire de cette époque sont pourtant encore vivants. On pourra citer entre autres Ahmed Manaï, Sahbi Amri voire même Slah Jourchi. Des mémoires de fin d'études ont été élaborés à propos de ces événements dont celui du rédacteur en chef de Hakaek, Mohamed Youssfi ainsi que des recherches approfondies dont celles du très sérieux Hédi Yahmed. Tous des menteurs ? Possible.
S'il n'en fallait qu'un, je prendrai alors le témoignage de Abdelkrim Harouni, nahdhaoui pur jus, ancien prisonnier, ancien ministre de la troïka et « blanchisseur » sur le tard des islamistes condamnés pour terrorisme. Ce témoignage se présente sous forme d'une vidéo réalisée en 2011 après la révolution et le départ de Ben Ali et j'invite tous les sceptiques à la visionner (cliquer ici). C'était avant que l'intéressé n'occupe son portefeuille ministériel et qu'Ennahdha n'établisse sa tactique de blanchiment des terroristes pour les transformer en martyrs.

Après avoir obtenu l'amnistie, après avoir été élus à la plus haute instance du pouvoir, après avoir été reconnus, les islamistes veulent maintenant réécrire l'Histoire à leur manière. Partant du principe que l'Histoire est écrite par les vainqueurs, se positionnant comme étant les vainqueurs du moment, ils sont en train de transformer des terroristes en martyrs.
Quand ils seront réellement des vainqueurs, tenant entre leurs mains toutes les arcanes du pouvoir, ils vont faire pareil et transformer en martyrs les terroristes d'aujourd'hui. Au XIème congrès d'Ennahdha, il ne serait pas étonnant de voir des photos géantes en hommage à Abou Iyadh et Kamel Gadhgadhi. Il ne serait pas exclu que Ali Laârayedh monte à la tribune pour dire « J'ai tout fait pour sauver Abou Iyadh des griffes des extrémistes laïcs, mais ils ont quand même réussi à l'abattre !». On rendra, dans la foulée, un hommage au père de Kamel Gadhgadhi qui a été condamné à un an de prison ferme pour le seul tort d'avoir inscrit le mot « martyr » sur la tombe de son fils.

Pour ne pas voir demain Abou Iyadh et Kamel Gadhgadhi habillés dans les costumes de victimes, il est impératif qu'il y ait un appareil judiciaire indépendant capable de traiter les dossiers en toute équité. Ce n'est pas encore acquis.
Pour savoir si Mehrez Boudagga était un martyr ou un terroriste, il est impératif qu'il y ait un appareil chargé de la Justice transitionnelle indépendant capable de traiter les dossiers en toute équité. Ce n'est pas du tout acquis et ça ne le sera pas tant que cet appareil (appelé Instance Vérité et Dignité) est présidé par Sihem Ben Sedrine dont le nombre de casseroles concurrence celui des dossiers à traiter.

Si Ennahdha a eu le culot de réviser l'Histoire et de transformer le terroriste Mehrez Boudagga en martyr, c'est parce qu'il lui a été permis de mettre en doute l'appareil judiciaire des années 80 et celui de Ben Ali. Sa version est assez crédible quand on sait que cet appareil judiciaire n'a pas été vraiment indépendant du pouvoir politique.
Il en sera de même demain avec ces mises en doute régulières de l'Instance Vérité et Dignité. Les médias ont beau dénoncer la supercherie, preuves à l'appui, les démissionnaires de cette instance ont beau crier au scandale et accuser directement sa présidente de corruption, Sihem Ben Sedrine continue à faire ce qu'elle veut de cette justice transitionnelle. Les organismes chargés de lutter contre la corruption ferment les yeux sur elle (à commencer par Chawki Tabib) tout comme les ONG et les partis qui appellent à la transparence, à l'équité et la justice. Un verbiage pompeux valable pour être servi médiatiquement aux naïfs, mais qui n'a aucune incidence sur la réalité du terrain.
Aujourd'hui, Ennahdha a transformé un terroriste en martyr. Demain, Sihem Ben Sedrine vous transformera des corrompus en victimes et écrira l'Histoire comme elle l'entendra.

Pour pouvoir avancer, pour pouvoir assurer cette justice transitionnelle et s'assurer que la Tunisie ait définitivement une véritable justice digne d'un pays démocratique et développé, il est impératif d'en finir dès maintenant avec les falsificateurs de l'Histoire.
Héla Omrane a fait son travail de député en criant au scandale, Zouheïr Makhlouf a fait son travail de témoin en dénonçant la corruption, les médias ont fait leur travail en relayant tout cela, qu'attendent les autres acteurs de la chaîne pour faire arrêter le manège de cette falsification éhontée ? Le plus grotesque serait que l'intimidation du pouvoir dictatorial laisse sa place à l'intimidation des puissances étrangères et/ou de l'argent qui ne veulent pas qu'on touche à tel parti ou telle personnalité.


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