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Kerkennah : l'Etat recule, le califat avance…
Publié dans Business News le 22 - 09 - 2016

La société pétrolière tuniso-britannique Petrofac s'apprête à quitter le pays, après une crise, l'empêchant de fonctionner normalement, qui dure depuis des années. L'Etat n'ayant pas réussi à lui assurer la sécurité requise et a peur d'utiliser la force pour asseoir son autorité. Au même moment, le parti islamiste Ettahrir avance ses pions pour instaurer le califat islamique sur l'île de Kerkennah, là où Petrofac opère.

C'est une nébuleuse islamiste mondiale, déclarée, ayant pignon sur rue et agissant en toute transparence et en toute impunité. Elle s'appelle le parti Ettahrir et se trouve un peu partout dans le monde. Son objectif est tout aussi transparent : instaurer le califat avec ses lois divines, partout dans le monde islamique et éjecter le « colon mécréant ». Son aversion pour la démocratie n'est pas un secret, tout comme son rejet des drapeaux nationaux, des frontières actuelles des pays, de leurs constitutions « humaines » et de leurs systèmes politiques. Son idéologie n'est, en rien, différente des autres mouvements islamistes radicaux. Mais contrairement à eux, Ettahrir dit rejeter la violence. L'avantage de cette tactique est d'avancer dans son projet (casser l'Etat et sa démocratie et instaurer le califat) en toute impunité, sans que les Etats ne puissent faire quelque chose. Mieux encore, le parti bénéficie de tout le soutien de ceux qui prétendent défendre la démocratie et les droits. A les entendre, oui en démocratie il y a une place pour les ennemis de la démocratie et des libertés !

Pour le projet d'instauration d'un califat tunisien, Ettahrir a sa stratégie. Comme la violence est proscrite, il agit comme un cancer avançant en silence. Son sous-marin a amarré sur l'île de Kerkennah. C'est de là que la tumeur va se répandre sur le reste de la « wilaya » tunisienne, c'est-à-dire tout le pays et, pourquoi pas, une partie de la Libye voire davantage.
Dans cette vidéo d'août 2014, on voit Ridha Belhadj un des leaders tunisienne de la nébuleuse mondiale, déclarer : « Kerkennah est notre secret stratégique ». Le pays était à l'époque occupé par les élections et par l'éjection du pouvoir d'un autre parti islamiste (Ennahdha) qui, lui aussi, ne cache pas son objectif d'instaurer un califat en Tunisie. Il y a juste la méthode qui diffère.
Exactement comme une tumeur, Ettahrir s'est greffé sur Petrofac. Agissant en silence, il ne montre aucun signe de violence et se fait accepter par la population de Kerkennah. Une idée récurrente est propagée sur terrain, à travers les réseaux sociaux et son journal hebdomadaire éponyme : « la Tunisie est colonisée par les mécréants qui lui volent ses richesses naturelles ». Régulièrement, et sans qu'il y ait de motif valable pour l'attaquer, le Royaume-Uni est cité comme étant l'ennemi numéro un à abattre. On pourrait ironiser que tout lien entre Petrofac et les attaques contre le Royaume-Uni serait fortuit.
Toujours est-il que l'île a été fréquemment le théâtre de scènes d'embrasement et de confrontations entre la population et les autorités. Souvent, on a mis les crises observées à Kerkennah sur le dos de la révolution et des mouvements sociaux incessants que l'on voit un peu partout en Tunisie. Sauf que ce qui se passe à Kerekennah n'a rien à voir avec ce qui se passe ailleurs. Le mouvement est plus vicieux et les services de renseignement le savent. Faut-il cependant en convaincre le reste de la population.

Samedi 16 avril 2016, l'ancien chef du gouvernement Habib Essid crache le morceau devant un parterre de directeurs de journaux au cours d'une rencontre informelle. « Des membres du parti Ettahrir et du Front populaire (extrême gauche) seraient derrière les événements de Kerkennah observés cette semaine-là ». Une semaine chaotique où l'on a carrément jeté à la mer un fourgon de police. Au FP, on a crié au scandale. Ettahrir a joué la défiance en demandant « au pouvoir despotique à la solde des mécréants » de répondre aux attentes de la population. Vingt jours plus tard, Habib Essid persiste et signe et parle, de nouveau, des deux partis et évoque des preuves irréfutables.
Au FP, les troupes sont invitées au calme et au respect de la loi. A Ettahrir, on continue à jeter de l'huile sur le feu en usant de la subtilité habituelle. La propagande médiatique et sur les réseaux sociaux se poursuit, le Royaume-Uni continue à être cité comme l'ennemi à abattre et le pouvoir en place continue à être considéré comme un traitre à la nation islamique, à la cause du peuple et à Dieu.

Pour faire face à l'adversaire cynique, le pouvoir agit en deux temps. Il use de la carte judiciaire et fait comparaitre Ettahrir devant le tribunal militaire. En parallèle, il entame une procédure administrative pour le dissoudre. Dans la foulée, il perd du regard Kerkennah et ce qui se passe sur le terrain.
Le constat est là, c'est un triple échec. Sur la procédure administrative, il est tout de suite critiqué par une partie de l'opposition. A la tête des défenseurs du parti et de la nécessité de le laisser travailler tranquillement, l'ancien président Moncef Marzouki. Celui-là même qui, en février 2012, appelait à ce que l'administration accorde un visa au parti islamiste radical et anti-démocratique.
La procédure administrative de dissolution échoue. Celle judiciaire est en voie d'échouer également. Le représentant du parti devait comparaître mardi dernier devant la cour, mais il s'est absenté sciemment. Au lieu de quoi, ses partisans se sont rassemblés devant le Tribunal pour une manifestation durant laquelle ont été prononcés des slogans hostiles au gouvernement, au pouvoir et aux étrangers qui pillent les richesses de la Tunisie.
Le chef du parti Wafa, Abderraouf Ayadi, monte au créneau et prononce devant le tribunal une allocution pour dénoncer ce pouvoir « qui use de méthodes archaïques et dictatoriales pour mettre au pas Ettahrir».
Sur les réseaux sociaux, on lâche les propagandistes habituels pour diaboliser le pouvoir. Des proches de Marzouki et Ayadi s'exclament pour dire que le départ de Petrofac est une bonne chose puisque la Tunisie va profiter seule de ses richesses naturelles. La vidéo de 2012 d'Ettahrir circule de nouveau sur les réseaux sociaux où l'on entend dire que la population pourrait quadrupler ses revenus si les étrangers quittent le pays. La masse populaire adhère aux discours et boit les paroles des propagandistes sans s'interroger. Le pouvoir est présenté comme corrompu, on fait tout pour le décrédibiliser, ainsi que la presse qui est, soit aux ordres soit corrompue par Petrofac. Mieux encore, les dirigeants d'Ettahrir sont invités sur les plateaux de télévision et des radios à des heures de grande écoute…

Au sommet de l'Etat, on continue à chanceler, à trembler et à ne pas savoir que faire. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, préside mercredi 21 septembre une cellule de crise dédiée à Petrofac. Se doute-t-il que le mal est plus profond ? On parle de l'intervention de l'armée. Ici et là, on appelle à user de la force de l'Etat pour mettre hors d'état de nuire les meneurs. On a peur du sang et de la réaction de la population. Le pays pourrait carrément s'embraser.
En clair, l'Etat a peur d'user de la force des armes pour affronter les meneurs qui sèment le trouble sur l'île. Il n'a pas réussi à faire traduire les dirigeants devant les tribunaux et n'a même pas réussi à faire arrêter administrativement le parti, après deux-trois déclarations de dirigeants politiques en mal d'existence.
Quant à l'arme qui fait vraiment mal (l'argent), elle n'a jamais été utilisée. Le parti Ettahrir loue des locaux, édite des journaux avec de l'argent venu d'ailleurs sans que l'on ne fasse quoi que ce soit.
Résultat des courses, la stratégie secrète d'Ettahrir à Kerkennah fonctionne parfaitement et se déroule comme sur du velours. Son idée de califat islamique poursuit son chemin pendant que l'Etat ne cesse de perdre du terrain, sous l'œil désabusé d'une partie de la population et le regard complice et intéressé d'une partie de l'opposition qui compte déjà les dividendes à tirer d'une défaite du pouvoir en place. Or, dans cette affaire, ce n'est pas le pouvoir en place qui perd, c'est l'Etat ! Et l'Etat, c'est nous !


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